L’ONG Global Witness a publié, le 16 juillet, les résultats d’un sondage international. Facebook est classée comme la plateforme la plus toxique pour les activistes. Conduite entre novembre 2024 et mars 2025 auprès de plus de 200 défenseurs de l’environnement issus de 63 pays, l’étude révèle que 62 % d’entre eux ont été harcelés sur la plateforme. Plus largement, 92 % déclarent avoir subi une forme d’abus en ligne liée à leur engagement.
Facebook pointée comme la plateforme la plus hostile aux activistes

Facebook : un espace numérique qui vire au terrain de chasse
Parmi toutes les applications analysées, WhatsApp, Instagram, X (ex-Twitter), c’est Facebook qui concentre le plus d’agressions numériques. Harcèlement ciblé, campagnes de diffamation, doxxing, red-tagging (pratique dangereuse d’associer arbitrairement une personne à une idéologie subversive), rien n’épargne les militants.
Derrière cette mécanique brutale se cachent des algorithmes qui amplifient les contenus polarisants. Ava Lee, responsable de la stratégie numérique chez Global Witness, alerte dans The Guardian : « Ces algorithmes sont conçus pour garder les gens connectés… les plateformes pourraient investir davantage dans une modération de contenu réellement efficace et dans des équipes dédiées à la confiance et à la sécurité. »
Quand le numérique déborde sur le réel
L’un des constats les plus marquants de l’enquête concerne l’effet miroir entre les agressions en ligne et les menaces physiques. 73 % des sondés affirment que les violences virtuelles qu’ils subissent nourrissent des dangers dans leur vie quotidienne. Campagnes de dénigrement, intimidations, voire incitations au meurtre s’invitent dans les espaces publics, les domiciles, les tribunaux.
Fatrisia Ain, activiste indonésienne, en a fait les frais : fausses accusations d’adultère, rumeurs de collusion avec le communisme, et rejet de ses signalements par Facebook, au motif que les publications ne violaient pas les standards de la communauté. Elle déclare dans des propos rapportés par The Guardian : « C’est dangereux. J’espère que Meta comprendra qu’en Indonésie, c’est dangereux. »
Violence genrée, racisme, et effet de silenciation
Les chiffres révèlent une réalité encore plus inquiétante pour certaines communautés : une femme sur quatre a subi des agressions à caractère sexiste, et près d’un militant sur cinq a été ciblé en raison de son genre ou de son origine ethnique. Ces violences numériques conduisent à un repli, une autocensure, voire à un abandon de l’activisme chez les plus exposés.
Pour les femmes activistes, le climat de terreur numérique devient un double fardeau, celui de l’engagement et celui du genre. Global Witness alerte sur ce phénomène d’« extinction numérique » de la voix des femmes dans l’espace public.
Meta, accusée d’inaction structurelle
Malgré l’ampleur des signalements, seulement 12 % des victimes se disent satisfaites de la réponse des plateformes. Meta, maison mère de Facebook, est accusée d’avoir désengagé ses ressources humaines sur la modération en faveur d’une approche automatisée jugée inefficace. La suppression de la vérification des faits par des tiers, décidée début 2025, n’a fait qu’aggraver la situation.
Les défenseurs des droits réclament des changements systémiques : transparence algorithmique, renforcement de la modération humaine, consultation des communautés vulnérables. Selon le rapport, 91 % des répondants appellent les plateformes à mieux protéger leurs utilisateurs.