Jeudi 17 juillet 2025, dans un entretien accordé à LCI, Sophie Primas, porte-parole du gouvernement, a affirmé « à titre personnel et comme membre de LR, oui, clairement, je partage son point de vue », en référence à la suppression des 35 heures. Une position qui relance une controverse politique et économique majeure, alors que le gouvernement s’efforce de redresser les comptes publics.
Sophie Primas veut (aussi) supprimer les 35 heures

L’austérité par le Budget et bientôt la fin des 35 heures en France ?
La prise de position de Sophie Primas, porte-parole du gouvernement totalement opposée à la taxe Zucman sur les hyper-riches, intervient au moment où l’exécutif prépare un budget 2026 ambitieux, marqué par 43,8 milliards d’euros d’économies à réaliser. Dans ce cadre, plusieurs leviers sont envisagés : suppression de jours fériés, réduction des RTT, et désormais, possible remise en cause de la durée légale du travail.
L’élue répondait sur LCI notamment aux propos du député Renaissance Mathieu Lefèvre, qui avait déclaré le matin même sur TF1 : « Il faudra mettre fin aux 35 heures dans ce pays et laisser la liberté aux entreprises de s'organiser, en lien évidemment avec leurs salariés. »
Les 35 heures par semaine : une réforme historiquement contestée
La loi instaurant les 35 heures, portée par Martine Aubry et votée en 1998 sous le gouvernement de Lionel Jospin, visait à réduire le chômage par la répartition du travail. Elle fixait à 35 heures par semaine la durée légale du travail, sans pour autant interdire les heures supplémentaires.
Or, pour Sophie Primas, cette réforme est devenue un poids : « C'est parti sur un dogme qu'en travaillant moins, on allait créer plus d'emplois. Ça a fait exactement le contraire », a-t-elle estimé. Elle qualifie même la mesure de « boulet ».
Malgré son adhésion de principe, la ministre reste lucide sur les obstacles politiques actuels. Elle reconnaît que « nous avons cette Assemblée [nationale] dans laquelle il n'y a pas de majorité », rendant difficile l’adoption d’une réforme de cette ampleur.
Une mesure de droite qui fait plaisir au Medef
Depuis leur instauration, les 35 heures suscitent une polarisation constante dans le débat public. Le Medef y voit un frein à la compétitivité et un facteur d’alourdissement du coût du travail. À l’inverse, les syndicats (notamment CGT, FO et Solidaires) les défendent comme un acquis social majeur, garant d’un meilleur équilibre entre vie professionnelle et personnelle.
Les études économiques restent partagées. Certaines publications, comme celles de l’OCDE ou de l’INSEE au début des années 2000, notent des effets positifs à court terme sur l’emploi, mais un impact limité à long terme. D’autres, plus critiques, relèvent un coût élevé pour les finances publiques et des gains de productivité inégaux selon les secteurs.
La déclaration de Sophie Primas marque une rupture avec le silence relatif de l’exécutif sur ce sujet. En exprimant sa position de manière aussi explicite, la porte-parole expose une ligne politique libérale assumée. Reste à savoir si cette prise de parole isolée préfigure une offensive politique coordonnée de la part du gouvernement et de la droite.