Une annonce attendue, une norme commune… et une réalité moins simple. Ce qui devait clarifier les règles du bagage cabine soulève déjà une série de paradoxes et de frustrations.
Voyage : pourquoi votre valise sera certainement refusée en cabine ?
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Published on 8 juillet 2025 8h20
45%45% des passagers des avions en France sont des jeunes de moins de 35 ans.
Le 7 juillet 2025, l’association Airlines for Europe (A4E), qui réunit la majorité des compagnies aériennes européennes, a officiellement entériné un standard commun pour le bagage cabine gratuit. Cet accord, présenté comme une réponse concrète à des années de critiques sur l’opacité tarifaire, promet une simplification pour les voyageurs. Mais en fait elle promet surtout le chaos, et une dépense supplémentaire : celle de racheter une valise. Explications
Voyage en avion : un standard européen pour les bagages en cabine… enfin ?
C’est une première. Sous l’impulsion de l’association Airlines for Europe (A4E), les grands noms du transport aérien sur le continent — Air France-KLM, Ryanair, Lufthansa, easyJet et d'autres — ont convenu d’appliquer des dimensions uniques pour le bagage cabine gratuit. Objectif : instaurer une règle visible, stable et partagée sur l’ensemble du réseau européen.
Le format retenu est précis : 40 centimètres de longueur, 30 centimètres de hauteur, et 15 centimètres de profondeur. Ce bagage doit impérativement se glisser sous le siège passager. « Tout le monde bénéficiera de la même règle claire sur l’ensemble des réseaux de nos membres » a déclaré Ourania Georgoutsakou, directrice générale de l’A4E, citée par le HuffPost. La mise en œuvre est prévue d’ici la fin de l’été 2025, ce qui laisse peu de temps aux voyageurs et à l’industrie pour s’adapter.
Vous ne possédez pas de bagage compatible avec ce format !
Ce nouveau standard, censé apporter lisibilité et équité, est immédiatement rattrapé par une réalité logistique plus délicate. Trouver un bagage correspondant à ces mensurations relève aujourd’hui du casse-tête. « Il est quasiment impossible de trouver des petites valises cabine de 15 centimètres de large, les plus petites faisant au minimum 18 centimètres », écrit BFMTV.
Le format établi exclut en pratique la majorité des valises traditionnelles. Seuls certains sacs à dos compacts ou sacs souples de type sport ou vanity case parviennent à s’en approcher. Un reportage de TF1 Info, diffusé le 8 juillet 2025, illustre concrètement la difficulté : dans les rayons, aucune valise cabine rigide ne respecte cette norme, et les vendeurs eux-mêmes peinent à en proposer.
Le choix d’une dimension aussi contraignante est donc un paradoxe : alors que les compagnies aériennes veulent standardiser pour simplifier, leur standard n’existe pas. Résultat : les voyageurs ne disposent pas d’un bagage compatible… et l’industrie du bagae va devoir créer de nouveaux modèles.
Compagnies aériennes : harmonisation ou stratégie commerciale déguisée ?
Cet encadrement du bagage cabine pourrait répondre à une autre logique : celle de la rentabilité. En imposant un format très restreint, les compagnies aériennes conservent la possibilité de facturer tout bagage légèrement plus volumineux comme un supplément. « Les transporteurs continueront d’autoriser les articles personnels plus grands à leur discrétion », explique le Communiqué officiel d’A4E.
Autrement dit, le standard devient le minimum, et le reste reste payant. Ce flou permet aux compagnies de maintenir des revenus accessoires tout en affichant une façade réglementée.
Voyage et transport : un cadre encore insuffisant pour les passagers
Le Parlement européen, de son côté, milite depuis 2014 pour une règle plus ambitieuse : l’obligation pour toutes les compagnies d’autoriser gratuitement deux bagages à bord, l’un sous le siège, l’autre en soute ou en cabine. Or l’accord annoncé par A4E n’a pas de valeur juridique contraignante et ne résulte pas d’une législation européenne. Il s’agit d’une initiative sectorielle volontaire, ce qui n'engage pas les transporteurs non-membres, ni ne garantit la pérennité du modèle.
L’harmonisation des dimensions du bagage cabine est une avancée symbolique, mais elle ne règle ni les inégalités tarifaires ni les zones grises commerciales. Elle consacre un format si restreint qu’il ressemble plus à une stratégie de limitation qu’à un progrès pour les passagers. En attendant une vraie directive européenne, les voyageurs devront s’adapter… ou payer.