Les télescopes du programme ATLAS (Asteroid Terrestrial-impact Last Alert System), implantés au Chili, ont détecté, le 1er juillet, un corps céleste dont la vitesse fulgurante, proche de 60 kilomètres par seconde, a immédiatement interpellé les astronomes. Identifié comme A11pl3Z, aujourd’hui renommé 3I/ATLAS, cet objet interstellaire traverse le système solaire à plus de 200.000 km/heure, une course effrénée qui confirme sa provenance extérieure à l’héliosphère. Pour les chercheurs, il s’agirait du troisième visiteur interstellaire connu, après Oumuamua en 2017 et 2I/Borisov en 2019.
Un objet interstellaire traverse le système solaire à plus de 200.000 km/h

Un objet interstellaire qui pulvérise les vitesses dans le système solaire
Qui est donc ce fugitif cosmique, surgissant sans prévenir des confins stellaires ? L’objet 3I/ATLAS se distingue non seulement par sa vitesse ahurissante, plus de 200.000 km/h, mais aussi par sa trajectoire, indéniablement hyperbolique. En clair, il ne tourne autour d’aucune étoile. Il passe, et il repart. Le responsable de la défense planétaire de l’Agence spatiale européenne (ESA), Richard Moissl, précise, dans des propos rapportés par Le Figaro : « Il va voler profondément dans le système solaire, en passant juste dans l'orbite de Mars ».
Cette trajectoire ne laisse planer aucun doute, A11pl3Z n’appartient pas au cortège d’astéroïdes ou de comètes du système solaire. Son mouvement le mènera à une distance minimale d’environ 1,35 unité astronomique du Soleil le 29 octobre 2025, soit près de 200 millions de kilomètres. Ce survol solaire intensifiera sa luminosité, et il pourrait demeurer visible jusqu’en 2026. Sa vitesse atteindra alors près de 68 km/s au périhélie, pulvérisant les références des objets naturels connus dans notre environnement céleste.
Il a été baptisé "A11pl3Z" : un possible objet interstellaire traverse notre système solaire
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A11pl3Z : aucune menace pour la Terre, mais une révélation pour les astronomes
Malgré sa puissance cinétique, l’objet 3I/ATLAS ne constitue aucun danger pour la planète. Richard Moissl l’affirme avec aplomb, cité par Le Figaro : « Il ne présente pas de risque de collision avec la Terre ». Son passage à proximité de l’orbite martienne ne compromettra aucune trajectoire terrestre. Mais au-delà de cette absence de menace, A11pl3Z représente surtout un précieux laboratoire naturel. Il s’agit d’un fragment d’un autre système stellaire, arraché à sa gravité d’origine il y a potentiellement des millions, voire des milliards d’années.
Le Centre des planètes mineures de l’Union astronomique internationale a déjà recueilli plus de cent observations de cet objet. Mark Norris, astronome à l’Université de Central Lancashire, souligne : « A11pl3Z paraît se déplacer beaucoup plus rapidement que les deux premiers objets extra-solaires qui avaient été découverts ». Il évoque des modélisations indiquant qu’en permanence, 10.000 objets interstellaires pourraient traverser notre système solaire, invisibles faute de moyens d’observation plus étendus.
Une signature encore incertaine : astéroïde ou comète ?
La nature exacte de ce bolide reste à préciser. Les premiers clichés, captés notamment par l’observatoire ATLAS, révèlent une structure compacte, sans évidence de coma ou de queue cométaire. Pourtant, certains instruments ont relevé des indices potentiels d’activité, laissant ouverte l’hypothèse d’un noyau cométaire inactif ou très peu actif. Une analyse spectroscopique approfondie est en cours pour trancher cette question. Selon les premières estimations, la taille de l’objet serait comprise entre 10 et 20 kilomètres de diamètre, voire légèrement plus selon des données complémentaires publiées par EarthSky. Autrement dit, il est plus massif qu’Oumuamua (estimé à 400 mètres) et plus dense que Borisov (diamètre estimé à ~1 km).
Ce type d’observation est rare. Très rare. Et chaque détection d’un objet interstellaire relance un flot de questions scientifiques : d’où vient-il ? Quelles forces gravitationnelles l’ont propulsé hors de son étoile d’origine ? Que nous apprend-il sur la formation d’autres systèmes planétaires ? À ce jour, aucune réponse ne satisfait pleinement la communauté scientifique. En attendant, l’objet 3I/ATLAS poursuit sa route. Il n’a pas ralenti. Il ne s’attarde pas. Il frôle le Soleil, ignore les planètes, et s’enfuit. Il reviendra, peut-être, dans un autre millénaire, mais probablement jamais.