Bordeaux installe la plus grande toiture solaire de France sur un site historique

La ville de Bordeaux a franchi une étape symbolique dans son ambition écologique. Le maire Pierre Hurmic a procédé à la pose inaugurale d’un panneau solaire sur le toit de la base sous-marine, amorçant ainsi la transformation énergétique d’un monument historique. Ce projet promet d’alimenter les commerces environnants dès mars 2026, marquant un tournant dans la stratégie de production locale d’énergie.

Stephanie Haerts
By Stéphanie Haerts Published on 2 juillet 2025 12h00
Bordeaux installe la plus grande toiture solaire de France sur un site historique
Bordeaux installe la plus grande toiture solaire de France sur un site historique - © Economie Matin

Une centrale solaire au sommet de la base sous-marine

Transformer un ancien abri nazi en vitrine énergétique, voilà une manœuvre aussi stratégique que politique. Avec ses 43 000 mètres carrés de béton armé, la base sous-marine construite en 1943 par l’occupant allemand devient le théâtre d’une reconversion énergétique spectaculaire. « Le bâtiment historique avec la plus grande toiture solarisée de France », s’est réjoui, dans Le Figaro, Pierre Hurmic, qui rêve d’autonomie énergétique pour Bordeaux à hauteur de 41 % d’ici 2026.

Le projet, porté par la société BoucL Énergie, prévoit l’installation de 6 600 panneaux solaires couvrant 13 000 mètres carrés, auxquels s’ajoutent 9 000 mètres carrés d’espace dédié à l’entretien. Pourquoi pas plus ? Une partie du toit, nous explique BoucL, est jugée trop fragile ou non conforme aux contraintes de visibilité imposées par les règles patrimoniales. Pas question de perturber la silhouette historique de l’édifice visible depuis le sol.

Centrale solaire à Bordeaux : 3,4 et 3,6 gigawattheures par an

Cette centrale solaire doit produire entre 3,4 et 3,6 gigawattheures par an, soit l’équivalent de la consommation de plus de 700 foyers. L’électricité sera fournie à des entreprises situées dans un rayon d’un kilomètre, qui choisiront d’y souscrire. La Banque alimentaire figure déjà parmi les bénéficiaires, tablant sur une réduction de 60 % de sa facture énergétique pour ses chambres froides et entrepôts.

L’électricité sera vendue à un prix fixe de 120 euros par mégawattheure, garanti pendant 15 ans. Une aubaine dans un contexte de fluctuation permanente des tarifs de l’énergie ? Jérôme Owczarczak, directeur général de BoucL Énergie, y voit une piste d’avenir, dans des propos rapportés par le quotidien : « On rêverait de voir toutes les grandes villes de France installer des panneaux photovoltaïques sur des bâtiments déjà existants, sans concurrence avec le nucléaire, car la France a besoin de ce mix énergétique. »

La base sous-marine : centrale solaire ou centrale polémique ?

Évidemment, ce tableau ne fait pas l’unanimité. Fabien Robert, conseiller municipal Modem, fulmine : « Un projet étriqué, sans ambition, tout sauf visionnaire. » Il déplore que seul un tiers de la surface disponible soit utilisée pour les panneaux, arguant que l’échéance électorale a précipité les décisions : « Des choix médiocres pour aller vite avant la fin du mandat. »

De son côté, le maire assume une vision plus symbolique que technicienne, dans des propos rapportés par Le Figaro : « Je tiens beaucoup à cette expérimentation pour montrer qu’il faut tordre le cou aux doutes et aux vents contraires sur le sujet des énergies renouvelables. » Il affirme aussi : « Ce site garde la mémoire des travailleurs forcés qui l’ont construit. Mais de son passé sombre jaillit désormais la lumière d’une centrale solaire. »

Le paradoxe ? Ces panneaux solaires « made in China » installés sur un projet français à vocation écologique et patriotique. Pierre Hurmic ne s’en cache pas, mais espère que ce projet marquera un premier pas vers la relance d’une filière nationale de fabrication. Un vœu pieux ? Peut-être. Mais en attendant, les panneaux recyclables à 95 % seront traités localement à Saint-Loubès, en Gironde.

Stephanie Haerts

Rédactrice dans la finance et l'économie depuis 2010. Après un Master en Journalisme, Stéphanie a travaillé pour un courtier en ligne à Londres où elle présentait un point bourse journalier sur LCI. Elle rejoint l'équipe d'Économie Matin en 2019, où elle écrit sur des sujets liés à l'économie, la finance, les technologies, l'environnement, l'énergie et l'éducation.

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