Une déclaration choc, un calendrier politique stratégique, une bataille sino-américaine relancée… À l’approche de la date butoir qui pourrait signer sa disparition du territoire américain, Donald Trump rebat les cartes dans le dossier explosif du réseau social TikTok.
Le rachat de TikTok aux États-Unis réalisé par des gens « très riches » assure Donald Trump

Le 29 juin 2025, Donald Trump a affirmé publiquement qu’un groupe « très riche » était prêt à racheter TikTok aux États-Unis. Potentiellement de quoi mettre un terme à des années d’incertitude pour l’entreprise, menacée d’interdiction aux Etats-Unis, et surtout pour ses utilisateurs.
TikTok dans le viseur des autorités américaines depuis 2020
L’histoire commence il y a plus de cinq ans. Dès 2020, l’administration américaine avait engagé un bras de fer avec ByteDance, maison mère chinoise de TikTok, au nom de la sécurité nationale. L’application est accusée par Washington de pouvoir transmettre des données sensibles au gouvernement chinois — accusation que l’entreprise a toujours catégoriquement démentie.
Cette méfiance a conduit au vote, en avril 2024, par le Congrès américain de la loi PAFACA (Protecting Americans from Foreign Adversary Controlled Applications Act). Ce texte impose à ByteDance de vendre TikTok à un acteur non chinois ou, à défaut, de se voir interdire sur le sol américain.
Trump temporise… puis relance le suspense à deux mois de l’échéance
Alors qu’il avait pourtant soutenu l'action ciblant Bytedance et Tiktok en 2024, Trump a depuis changé de ton. En tant que président réélu, il a accordé trois reports successifs à ByteDance pour s’exécuter. Le dernier fixe la date limite au 17 septembre 2025.
Invité de l’émission Sunday Morning Futures sur Fox News, il a déclaré le 29 juin 2025 : « Nous avons un acheteur, un groupe de personnes très riches ». Le président a ajouté que l’accord dépendrait néanmoins de l’aval de Pékin, tout en esquivant toute précision sur l'identité du groupe concerné.
Rachat de Tiktok : à qui profite cette stratégie ?
Ce revirement soulève une question centrale : pourquoi Donald Trump, fer de lance de la méfiance envers TikTok, soutient-il désormais une vente différée ? Selon l’analyse du Financial Times, sa posture actuelle viserait à ne pas aliéner l’électorat jeune, très actif sur la plateforme, dans un contexte pré-électoral tendu.
En parallèle, les tensions sino-américaines continuent de parasiter toute tentative d’accord. Un projet précédent de rachat par une société américaine aurait échoué en avril, sans annonce publique du nom du candidat. La Chine impose en effet des restrictions à l’exportation d’algorithmes sensibles, comme celui qui pilote TikTok, rendant tout transfert de propriété particulièrement complexe.
Tiktok échoue à faire tomber la loi qui le cible
Face à cette pression politique, TikTok a porté la loi PAFACA devant la Cour suprême des États-Unis. Le 24 juin 2025, cette dernière a confirmé la validité de la loi, obligeant ainsi ByteDance à trouver un acheteur dans les temps sous peine d’interdiction. L’entreprise a affirmé qu’une telle vente, même forcée, « n’assurerait pas la sécurité des données mieux que les protocoles déjà mis en place », selon Le Figaro, dénonçant une opération aux motivations politiques.
Une promesse présidentielle encore sans preuves concrètes
Ni le Département du commerce, ni le Trésor américain, ni TikTok n’ont confirmé l’existence d’un accord imminent. Le président Trump a lui-même reconnu sur Fox News : « je vous en dirai plus dans deux semaines. » Ce délai interroge. Faut-il y voir une tentative de gagner du temps ? Ou une manœuvre pour retarder l’échéance en attendant une issue diplomatique ?
Le sort de TikTok aux États-Unis dépasse largement le cadre d’un simple rachat. Il illustre une guerre d’influence technologique entre Washington et Pékin. Les prochains jours seront décisifs. Si aucune transaction concrète n’est annoncée avant le 17 septembre 2025, ByteDance pourrait être contraint de retirer TikTok des boutiques d’applications américaines, un séisme pour ses plus de 150 millions d’utilisateurs aux États-Unis.