L’idée d’une méga-fusion dans le pétrole a brièvement électrisé les marchés. Shell, malgré un démenti formel, n’a pas totalement effacé les doutes. Et si cette rumeur disait plus qu’elle n’en a l’air ?
Pétrole : Une fusion entre Shell et BP en vue ?

Le 26 juin 2025, le Wall Street Journal publie un article explosif : Shell aurait engagé des « discussions préliminaires » pour acquérir BP, l’une des cinq grandes compagnies pétrolières mondiales. Selon les journalistes, cette opération pourrait être l’un des plus importants rapprochements depuis la fusion Exxon-Mobil de 1999, avec une valorisation dépassant 80 milliards de dollars, soit près de 74 milliards d’euros. L’article mentionne que Shell envisagerait un scénario de fusion sans qu’aucune décision ne soit prise, les négociations étant décrites comme « très incertaines ».
Shell : entre rumeur de rachat et réaction officielle tranchée
La réponse de Shell a été immédiate. Dès le même jour, le groupe a publié une déclaration conforme à la règle 2.8 du Code britannique des fusions-acquisitions, affirmant : « Shell confirme qu’elle n’a pas engagé de discussions avec BP, n’a pas formulé d’approche, ni activement envisagé une offre », a relayé Reuters.
Malgré ce démenti catégorique, la rumeur n’a pas manqué de produire ses effets. Le titre BP a bondi en bourse à Londres, porté par l’espoir d’une prime liée à un rachat potentiel. Cette agitation a mis en lumière la fragilité stratégique de BP, confrontée à une baisse de rentabilité, une gouvernance critiquée et une pression grandissante d’investisseurs comme Elliott Management, qui détient 5 % du capital selon The Times.
De son côté, Shell poursuit une stratégie axée sur l’efficacité et la redistribution aux actionnaires, notamment via des rachats d’actions massifs. Le contraste entre les deux géants britanniques est frappant : l’un cherche à rassurer les marchés, l’autre semble devenir une cible vulnérable.
Shell – BP : Un scénario de fusion aux implications colossales
Une absorption de BP par Shell redéfinirait l’équilibre mondial du secteur de l’énergie. Elle créerait un super-major de plus de 235 milliards d’euros de valorisation cumulée, dominant le marché du gaz naturel liquéfié, du trading de brut et des projets en eaux profondes, notamment dans le Golfe du Mexique.
Mais les obstacles sont nombreux :
- Réglementaires : le Takeover Code britannique interdit désormais toute offre de Shell sur BP pendant six mois, sauf changement significatif.
- Opérationnels : chevauchements d’actifs, différences culturelles internes, risques sociaux.
- Stratégiques : la priorité actuelle de Shell reste la création de valeur à court terme, non les acquisitions à haut risque.
Comme le note The Guardian : « Ce serait l’opération la plus audacieuse dans l’industrie pétrolière depuis des décennies. Mais la route est semée d’embûches. »
En apparence, l’affaire est classée : Shell a démenti, les règles empêchent toute tentative de rachat avant six mois, les marchés ont réagi puis se sont calmés. Mais en profondeur, une faille s’est ouverte. Si BP devient une cible, qui osera franchir le pas ? Shell a fermé la porte. Pour l’instant.