Chute de débris, émissions toxiques, explosion à la frontière : la présidente mexicaine hausse le ton contre les conséquences environnementales des lancements de SpaceX. Un bras de fer juridique s’engage.
Pollution : SpaceX attaquée par le Mexique

Le 25 juin 2025, la présidente du Mexique, Claudia Sheinbaum, a menacé publiquement l’entreprise SpaceX de poursuites judiciaires. En cause : la « pollution provoquée par ses fusées », et la chute de débris spatiaux susceptibles d’avoir contaminé une partie du territoire mexicain frontalier des États-Unis. Cette attaque survient après l’explosion d’un lanceur Starship, développé par SpaceX, sur son pas de tir texan de Boca Chica, situé à moins de cinquante kilomètres de la côte mexicaine.
La pollution des fusées de Spacex inquiète le Mexique
« Il y a bien contamination », a affirmé Sheinbaum, climatologue de formation, avant d’ajouter que « le gouvernement évalue quelles lois internationales ont été enfreintes ». La Présidente du Mexique entend faire valoir la responsabilité environnementale de la société d’Elon Musk, dans un contexte de montée des tensions liées aux activités aérospatiales privées.
Ce que reproche précisément le Mexique à SpaceX ? Des « chutes de débris », mais aussi une pollution de l’air et des sols potentiellement provoquée par les rejets lors des phases de lancement et d’explosion. D’après Bloomberg, le ministère mexicain de l’Environnement enquête sur la dispersion de particules toxiques ainsi que sur l’impact acoustique des tirs de Starship dans la région de Tamaulipas. Des fragments métalliques auraient même été retrouvés sur le littoral, renforçant les soupçons mexicains.
Le lanceur Starship, un géant de 120 mètres de haut, a connu plusieurs explosions lors de tests, dont la dernière, le 24 juin 2025, aurait généré un panache de poussière visible depuis les côtes mexicaines. Une inspection environnementale a été lancée par les autorités locales. Selon Courthouse News, ces débris pourraient mettre en danger certaines espèces protégées dans la région côtière.
Sheinbaum évoque le droit international face à Spacex et Elon Musk
La présidente mexicaine n’envisage pas une simple protestation symbolique. Elle a annoncé publiquement son intention de déposer « les plaintes nécessaires » contre SpaceX, en s’appuyant sur les traités internationaux en matière de pollution et d’activités spatiales. Parmi les textes visés : le traité de l’ONU sur l’espace extra-atmosphérique de 1967 et la convention de responsabilité de 1972, qui encadrent les retombées des activités spatiales transfrontalières.
« Le gouvernement mexicain se réserve le droit d’agir juridiquement dans le respect du droit international », a souligné la présidence dans un communiqué cité par BFM TV. Les autorités mexicaines dénoncent aussi une « impunité technologique » de certaines entreprises privées dans l’espace, au détriment des équilibres écologiques et territoriaux des États voisins.
Cette initiative survient alors qu’en 2023, plusieurs ONG avaient déjà saisi la justice américaine pour contester l’autorisation de lancement accordée à SpaceX par la Federal Aviation Administration (FAA), estimant que les études d’impact environnemental étaient insuffisantes.
Pollution SpaceX : vers un précédent juridique ?
Pour SpaceX, cette plainte potentielle constitue un nouveau front à gérer. L’entreprise n’a pour l’instant publié aucune réponse officielle. Selon Bloomberg, ses représentants tentent d’entrer en contact avec les autorités mexicaines pour récupérer certains débris retrouvés, tout en cherchant à désamorcer une crise diplomatique naissante.
Au-delà de ce cas précis, c’est toute la question de la pollution spatiale qui est relancée. Le programme Starship vise à réduire drastiquement le coût des missions orbitales, mais son empreinte environnementale reste mal évaluée. Des études mentionnées par The Guardian estiment que les particules générées par une explosion peuvent se disperser sur des centaines de kilomètres, notamment lorsque les tests échouent partiellement ou complètement, comme c’est le cas depuis les débuts du programme.
La plainte mexicaine pourrait donc établir un précédent juridique. Si une juridiction internationale acceptait d’instruire un recours basé sur les conséquences transfrontalières d’un lancement spatial, les entreprises comme SpaceX pourraient devoir réviser leur stratégie d’implantation et de tests, voire indemniser des pays tiers affectés par leurs opérations.