Sous la tension montante entre trois puissances militaires, les marchés de l’énergie s’emballent. Jusqu’où peut aller l’instabilité du pétrole sans allumer une crise plus vaste ?
Pétrole : l’escalade au Moyen-Orient fait craindre le pire. Vers un baril à plus de 100 dollars ?

Le 21 juin 2025, les États-Unis annoncent leur entrée dans le conflit entre Israël et l’Iran. Ils ont décidé, malgré aucune attaque de la part de l’Iran, de bombarder les sites nucléaires du pays. Ce qui a aussi ravivé les pires craintes sur l’évolution du pétrole. Au cœur de ce nouvel épisode, un détroit, des menaces, et un marché toujours plus sensible.
Frappes, représailles et réaction des marchés : la guerre ravive la crainte sur le pétrole
Tout commence avec un enchaînement d’actions militaires. Le 13 juin 2025, Israël frappe directement des infrastructures militaires iraniennes, à la suite d'une attaque de drone revendiquée par Téhéran. Washington, initialement silencieux, confirme le 21 juin une participation militaire active, selon CNBC : « Les États-Unis ont annoncé leur entrée dans le conflit entre l’Iran et Israël, ravivant les craintes d’une flambée des prix du pétrole » Les Etats-Unis ont tout simplement bombardé le pays, ciblant les installations nucléaires de Téhéran. Ce qui a conduit l’Iran à répondre encore une fois en bombardant Israël.
En réponse, plusieurs figures politiques iraniennes menacent de bloquer le détroit d’Hormuz, un passage maritime par lequel transitent près de 20 % du pétrole brut mondial. Le marché, toujours sensible à la géopolitique, a immédiatement réagi. Le Figaro rapporte que « les cours du pétrole bondissent en Asie après les frappes américaines en Iran ». Si aucune fermeture effective du détroit n’a eu lieu, la seule menace suffit à nourrir les spéculations. Les acteurs boursiers ajustent en permanence leurs anticipations. Chaque discours ou déploiement militaire peut faire osciller les projections, poussant les entreprises de courtage à revoir leurs couvertures de risque.
Pourquoi les prix du pétrole réagissent-ils aussi brutalement ?
La montée des prix du pétrole résulte d’un mécanisme bien ancré, reposant sur trois variables structurelles : la capacité d’exportation iranienne, le rôle du détroit d’Hormuz, et la mémoire des crises passées.
L’Iran continue, malgré les sanctions, d’exporter environ 1,1 million de barils par jour, notamment vers la Chine. Une perturbation de ces volumes suffirait à déséquilibrer les anticipations. Par ailleurs, le détroit d’Hormuz représente un point névralgique. Une fermeture – même partielle – aurait un effet domino immédiat sur les flux mondiaux, les contrats d’assurance maritime et le prix des cargaisons. Le New York Times souligne que « les marchés pétroliers sont de plus en plus sensibles aux signaux géopolitiques, particulièrement au Moyen-Orient ». La volatilité s’explique donc autant par les mouvements militaires que par la mémoire collective des traders.
Historiquement, chaque perturbation dans le Golfe a entraîné une hausse temporaire des cours, suivie d’une stabilisation progressive si l’offre mondiale peut être redirigée. Mais aujourd’hui, l’ampleur de la crise rend toute modélisation précaire.
Quel prix du pétrole pour l’été 2025 ?
L’escalade au Moyen-Orient risque de durer avec un conflit qui pourrait s’enliser. Et c’est le problème : personne n’a de visibilité sur l’évolution possible de cette guerre : va-t-elle se répandre à toute la région ? sommes-nous à l’orée d’une nouvelle guerre mondiale (qui serait nucléaire) ? Ou est-ce que les tensions réussiront à chuter ?
La Bourse, elle, ne semble pas y croire. Le prix du baril de pétrole Brent, qui avait quasiment chuté sous la barre des 60 dollars en mai 2025, a bondi depuis. 78,25 dollars le baril le 23 juin 2025, soit près de 30 dollars de plus. Soit le même niveau que janvier 2025… lorsque le carburant en France affichait plus de 1,80 euros le litre pour l’essence, et encore parfois 2 euros selon les stations.
Scénarios de crise : que disent les analystes sur la tendance des prix du pétrole ?
L’ensemble des institutions financières s’accorde sur un point : la situation actuelle n’a pas d’équivalent récent. Contrairement aux tensions localisées de 2019 ou à la guerre en Ukraine, le conflit Iran-Israël, élargi à la participation américaine, touche directement le point de passage le plus stratégique du pétrole mondial.
Plusieurs analystes interrogés par CNBC évoquent des scénarios à plusieurs niveaux. Un expert anonyme chez RBC Capital Markets estime que « toute perturbation réelle du trafic dans le détroit pourrait entraîner une hausse brutale des prix à court terme ». Toutefois, l’Agence internationale de l’énergie rappelle que les capacités de stockage mondiales et les niveaux de production actuels pourraient tempérer une flambée durable.
Le New York Times insiste sur la nature inédite du conflit : « Les menaces iraniennes visent autant les exportations que la perception de stabilité régionale ». C’est cette perception, plus que les volumes réels interrompus, qui façonne la dynamique haussière.