La fraude au virement s’enracine dans les pratiques criminelles et cible les entreprises avec une précision toujours plus redoutable.
Fraude au virement : l’alerte rouge des entreprises françaises
En matière de fraude, les entreprises françaises font face à une menace aux contours multiples et aux impacts sévères. C’est ce que révèle une enquête menée par Memo Bank et la DFCG, rendue publique ce mercredi 18 juin 2025. En 2024, plus d’une direction financière sur deux a été visée par une tentative de virement frauduleux, une statistique qui n’a cessé d’augmenter depuis 2020.
Fraude aux virements : les directions financières sous pression croissante
La dynamique est sans appel : 52 % des entreprises interrogées ont déclaré avoir été confrontées à au moins une tentative de fraude en 2024, contre 41 % en 2020. Dans le détail, près de la moitié des sociétés ciblées ont subi un préjudice direct : 46 % ont connu une perte financière, 30 % ont souffert d’une désorganisation interne, et 27 % ont vu leur image ternie.
La menace ne se cantonne pas aux grandes entreprises. L’étude souligne que les PME et ETI sont tout aussi concernées, avec plus d’un répondant sur deux affirmant que leur entreprise a déjà été ciblée.
Les mécanismes d’attaque les plus répandus
Les escroqueries se déclinent selon des modalités bien identifiées. En tête, le phishing, mentionné par 64 % des sondés. Viennent ensuite la fraude au faux fournisseur (44 %) et la célèbre fraude au président (40 %). Ces techniques d’ingénierie sociale, souvent banalisées, se montrent d’une efficacité redoutable dès lors qu’elles exploitent les maillons humains des organisations.
Les fuites de données, bien que moins fréquemment citées (22 %), représentent également un levier important pour les fraudeurs, tout comme la fraude au faux client (19 %). Fait notable, 22 % des répondants affirment avoir été confrontés à au moins trois types d’attaque différents, et 9 % à quatre ou plus.
Contre-mesures internes : entre renforcement et limites
Face à cette montée en puissance, les directions financières ne sont pas restées passives. 79 % ont mis en place une double validation des virements, 75 % ont intensifié la formation des équipes, et 54 % recourent désormais à des systèmes de filtrage des coordonnées bancaires.
Cependant, malgré ces efforts, les réponses ne suffisent pas toujours. L’enquête révèle que la prévention humaine reste essentielle mais que l’automatisation et la technologie bancaire peinent à suivre le rythme des attaques. Les services comptables, souvent sursollicités, deviennent alors les premiers remparts d’un système vulnérable.
Les attentes fortes vis-à-vis des établissements bancaires
Les directions financières expriment une exigence claire à l’égard des banques. Elles attendent prioritairement :
- Une alerte automatique en cas de modification des coordonnées bancaires d’un fournisseur.
- Une vérification systématique de la concordance entre le nom du bénéficiaire et l’IBAN.
Aujourd’hui, la majorité des répondants (89 %) estiment que les banques pourraient aller plus loin, tant sur la détection en amont que sur l’information proactive auprès de leurs clients professionnels. Ce manque d’outils bancaires adaptés, ajouté à une hétérogénéité des pratiques entre établissements, place les entreprises face à une responsabilité disproportionnée.
Les failles persistantes et les enjeux de vérification IBAN
L’étude insiste sur le principal point faible du système : l’absence de contrôle automatisé du bénéficiaire du virement. Autrement dit, rien ne garantit qu’un virement exécuté vers un IBAN donné corresponde bien à l'entité prévue. Cette lacune structurelle est considérée par une majorité de directions financières comme le facteur aggravant central dans les fraudes récentes.
Ce défaut technique, combiné à la pression temporelle sur les services comptables et à la sophistication croissante des fraudes, crée un terrain propice à la répétition des incidents. Pour les auteurs du rapport, c’est ici que se joue une part décisive de la lutte contre la fraude.
Les entreprises, PME en tête, sont désormais en première ligne face à une criminalité numérique agile, ciblée, persistante. Si les mesures internes progressent, elles ne peuvent suffire sans un engagement plus fort des banques, notamment sur la traçabilité des coordonnées bancaires et la vérification des bénéficiaires. La sécurisation des paiements professionnels est à ce prix.