La retraite par capitalisation, c’est pour bientôt ?

Un candidat à l’Élysée propose de revoir notre modèle de retraite. Le ministre de l’Économie Éric Lombard met son veto.

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By Grégoire Hernandez Published on 9 juin 2025 10h30
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La retraite par capitalisation, c’est pour bientôt ? - © Economie Matin
4,3 %Le rendement moyen de l'épargne retraite entre 2012 et 2021 s'est élevé à 4,3% par an.

Édouard Philippe relance le débat sur la retraite par capitalisation. Éric Lombard dit non. Mais derrière ce désaccord, ce sont nos futures pensions qui sont en jeu. Et peut-être bien plus.

C’est quoi, la retraite par capitalisation obligatoire ?

Ce n’est pas le bon moment. C’est, en substance, ce qu’a répondu Éric Lombard à Édouard Philippe. « En faire un élément obligatoire, je ne suis pas sûr que ce soit le bon moment. On a des priorités plus brûlantes sur la question des retraites ». Le ministre a été clair lors de son entretien à France Inter/France Info/Le Monde, le 8 juin 2025.
Première objection : l’inégalité. Dans le système actuel, seuls ceux qui peuvent mettre de côté, donc les plus aisés, peuvent profiter d’une retraite par capitalisation. « Ce sont ceux qui ont de l’argent […] qui peuvent le placer », a rappelé Lombard. Deuxième souci : qui paie ? L’État ? Les entreprises ? « Les marges sont serrées, il n’y a pas de quoi prélever. »

Dans notre système actuel, les actifs financent directement les pensions des retraités : c’est la répartition. La capitalisation, c’est autre chose. Chaque personne épargne pour elle-même, sur un compte individuel, via des placements. Le montant de sa pension dépend donc de ce qu’elle aura mis de côté au fil de sa carrière.
La version « obligatoire » que propose Édouard Philippe, c’est d’imposer à chacun de placer une partie de ses revenus dans un dispositif spécifique (par exemple, 15 % du salaire), en plus du régime actuel. L’idée ? Anticiper la baisse du ratio actifs/retraités dans les années à venir. 

Budget 2026 : pas d’austérité, mais pas de chèque en blanc non plus

La proposition d’Édouard Philippe, annoncée le mercredi 5 juin, part d’un constat simple : notre société vieillit, les naissances chutent, il faut changer le modèle. Il propose donc une dose de capitalisation, à hauteur de 15 %, pour compléter le système actuel.
Mais dans un contexte de pouvoir d’achat sous pression, est-ce vraiment réaliste ? Imposer aux salariés, tous revenus confondus, de mettre 15 % de côté, ce n’est pas neutre. Surtout quand les prix restent élevés et que les marges des entreprises sont, elles aussi, à la peine.

Lombard, lui, pense à court terme. Et il a un autre sujet en tête : le budget 2026. Objectif affiché : 40 milliards d’euros d’économies, sans hausse d’impôts. « Nous n’augmenterons pas les impôts dans leur ensemble », a-t-il affirmé. Ce sera donc serré, mais sans cure d’austérité. En tout cas, officiellement.
Une hypothèse d’« année blanche » circule : un gel des budgets, secteur par secteur. Tout le monde devra faire sa part. Y compris les ministères, y compris les fonctionnaires. Le ministre l’a dit : « Il faut qu’on engage la baisse du nombre de fonctionnaires ». Une tendance que la ministre des Comptes publics Amélie de Montchalin veut, elle aussi, inverser : « revoir cette tendance » à la hausse des effectifs, expliquait-elle au Journal du dimanche le 7 juin 2025.

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Étudiant en école de journalisme. Journaliste chez Économie Matin depuis septembre 2023.

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