Dissuasion nucléaire : l’entreprise Vencorex reprise… par un groupe chinois !

Usine indispensable à la dissuasion nucléaire française, Vencorex va passer sous pavillon chinois. En grande difficulté financière, le site vient d’être repris à la barre du tribunal de commerce. À la clé : une saignée dans les effectifs.

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By Cédric Bonnefoy Published on 10 avril 2025 16h30
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Dissuasion nucléaire : l’entreprise Vencorex reprise… par un groupe chinois ! - © Economie Matin
50 emploisL’entreprise Vencorex, nécessaire à la dissuasion nucléaire française, vient d’être rachetée à la barre du tribunal par un géant chinois qui va reprendre seulement 50 emplois.

La dissuasion nucléaire française handicapée par la perte de Vencorex

Le tribunal de commerce de Lyon vient de trancher. Ce dernier valide la reprise partielle de l’usine chimique Vencorex à Pont-de-Claix (Isère) par le géant chinois Wanhua, via sa filiale hongroise BorsodChem. Sur les 300 salariés encore en poste, seuls 50 auront encore un badge à l’entrée de l’usine. Une saignée sans précédent, surtout qu’ils étaient 450 en septembre 2024, au moment du redressement judiciaire.

La procédure s’est faite à marche forcée. En face, une société coopérative d’intérêt collectif (SCIC), imaginée par les salariés avec le soutien de collectivités locales, espérait racheter le site pour deux euros symboliques. Leur ambition : sauver 273 emplois et préserver un outil stratégique. Sauf qu’ils n’ont pas pu réunir à temps les financements nécessaires. Le tribunal estime donc que l’offre est irrecevable.

Un coup porté à l’indépendance du pays

Ce n’est pas une usine anodine que la France vient de céder. Vencorex est l’unique producteur français de sels chlorés, essentiels à la fabrication de missiles nucléaires et de fusées. Ces produits, d’une technicité rare, sont à la base de composants critiques pour la propulsion et l’armement de la force de dissuasion nucléaire française. Autrement dit, l’État vient de perdre un maillon clé de la chaîne nucléaire militaire au profit d’une entité étrangère. Et pas n’importe laquelle. Wanhua n’est pas un simple industriel : c’est l’un des bras chimiques du gouvernement chinois, connu pour son agressivité commerciale et sa mainmise sur les marchés sensibles.

À ce jour, aucune déclaration officielle n’a été faite par le ministère des Armées ou celui de l’Industrie. Silence radio sur une décision qui pourrait pourtant affaiblir un pan entier de l’autonomie stratégique française. La fin d’une longue attente et de beaucoup d’espoirs pour les salariés. Depuis plusieurs mois, ils s’étaient largement mobilisés pour sauver le site isérois.

Cedric.bonnefoy

Cédric Bonnefoy est journaliste en local à la radio. À côté, il collabore depuis 2022 avec Économie Matin.

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