Trains de nuit : la fréquentation est là, pas les investissements, selon une ONG

L’ONG Réseau Action Climat vient de dresser le bilan des trains de nuit. Promis à une disparition certaine, ils sont relancés depuis quelques années et rencontrent du succès. Problème : l’investissement dans les lignes n’est pas suffisant.

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By Cédric Bonnefoy Published on 27 mai 2025 15h30
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Trains de nuit : la fréquentation est là, pas les investissements, selon une ONG - © Economie Matin
1 million de voyageursD’après le Réseau Action Climat, plus d’un million de passagers a voyagé en trains de nuit en 2024, un record.

Les trains de nuit séduisent les voyageurs, selon Réseau Action Climat

Le Réseau Action Climat (RAC) publie un rapport dressant un constat sans équivoque : les trains de nuit suscitent un regain d’intérêt spectaculaire en France. Pourtant, derrière cette dynamique se profile une réalité plus complexe. Entre engouement des usagers, saturation des lignes et insuffisance des moyens, l’avenir du train de nuit dépendra de la volonté politique autant que de l’attrait écologique.

Qui aurait parié, en 2020, sur la survie d’un mode de transport jugé obsolète ? Pourtant, en 2024, plus d’un million de passagers ont choisi de voyager de nuit en France. Un chiffre modeste en comparaison des 130 millions de passagers TGV la même année, mais un record dans l’histoire récente de ce segment ferroviaire. Le rapport du RAC souligne que la fréquentation a retrouvé le niveau des années 2014-2015, période durant laquelle l’offre était pourtant trois fois plus étendue.

Ce retour en grâce se traduit spécifiquement sur certains trajets. Par exemple, la ligne Paris-Toulouse affiche un taux d’occupation de 86 %, tandis que la moyenne nationale atteint 76 %. Ces chiffres traduisent non seulement un remplissage optimal des voitures existantes, mais aussi une pression croissante sur une flotte restreinte.

Trains de nuit : un avenir conditionné à des décisions politiques fortes

Ce succès ne doit pas masquer une réalité implacable : l’offre actuelle est structurellement sous-dimensionnée. Le réseau repose sur seulement 129 voitures couchettes, un chiffre ridiculement bas qui oblige souvent les voyageurs à renoncer ou à se rabattre sur des modes de transport plus polluants.

Le rapport du RAC évalue les besoins à 340 voitures pour 2035 dans le scénario minimal. Ce palier permettrait de rouvrir des liaisons comme Paris-Barcelone ou Nice-Strasbourg. Le scénario médian, à 600 voitures, pourrait porter le trafic à 5,8 millions de voyageurs et éviter l’émission de 800 000 tonnes équivalent CO₂. Quant au scénario maximal, de 1 200 voitures envisagé à l’horizon 2040, il permettrait enfin une couverture européenne digne de ce nom, avec des lignes comme Lyon-Rome ou Nantes-Barcelone.

L’appel d’offres lancé par l’État en début d’année 2025, qui prévoit la commande de 180 voitures, est bien en deçà des besoins. Comme le rappelle le document du RAC, cette tranche dite « ferme » permet tout juste de renforcer les lignes existantes, sans en rouvrir de nouvelles. « La volonté politique a été au rendez-vous lorsqu’il s’est agi d’inverser la tendance en 2020 [...] Elle est nécessaire à nouveau aujourd’hui pour changer d’échelle », alerte l’ONG dans son communiqué.

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Cédric Bonnefoy est journaliste en local à la radio. À côté, il collabore depuis 2022 avec Économie Matin.

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