En vigueur depuis le 1er mars 2025, la « taxe soda » a été largement répercutée sur les prix par les industriels (+10% en moyenne.) Bonne nouvelle cependant : elle provoqué une baisse de la consommation de boissons sucrées de 3,3 % sur un an et jusqu’à 11,8 % sur certaines semaines.
Taxe soda : les prix des boissons sucrées bondissent de 10% sur un an

Quand la taxe soda rebat les cartes du marché des boissons
Depuis le 1er mars 2025, la France applique une nouvelle version de la « taxe soda ». Cette évolution réglementaire s’inscrit dans le cadre du projet de loi de financement de la Sécurité sociale 2025. Elle a immédiatement provoqué une onde de choc dans le monde des boissons sucrées. Résultat ? Une envolée tarifaire documentée par plusieurs instituts. Selon l’étude Nielsen publiée le 13 mai 2025, le prix des sodas a grimpé de 10% en un an.
Cette réforme ne se contente pas d’ajuster quelques chiffres. Elle atomise l'ancien système à quinze niveaux au profit de trois tranches simples mais redoutables. Le principe est limpide : plus la boisson est sucrée, plus elle est taxée.
- Moins de 5 kg de sucre ajouté par hectolitre ? 4 euros.
- Entre 5 et 8 kg ? 21 euros.
- Au-delà de 8 kg ? 35 euros.
Ces nouveaux seuils – entrés en vigueur le 1er mars – remplacent des tarifs plus cléments : 3,79 euros, 7,30 euros et 17,70 euros respectivement. Le changement est brutal.
Une bouteille de Coca-Cola de 1,75 litre, contenant près de 100 grammes de sucre, illustre ce basculement : son prix est passé de 2 euros à 2,30 euros, selon l’analyse de Nielsen.
Les consommateurs trinquent : une hausse du prix des boissons, une chute des ventes
Le marché a rapidement réagi. Les grands groupes agroalimentaires ont choisi de répercuter cette hausse fiscale sur les consommateurs. Aucune restructuration des recettes, aucun compromis sur la teneur en sucre : le surcoût est directement passé à la caisse.
Résultat ? Une inflation spectaculaire de 10% sur l’ensemble du segment sucré entre avril 2024 et avril 2025. Et les clients ne se sont pas laissés faire. Toujours selon les données de Nielsen, les ventes de sodas « réguliers » se sont contractées de 4,2% au cours des deux derniers mois. Plus frappant encore : une chute de 11,8% enregistrée durant la semaine du 21 au 27 avril par rapport à la même période en 2023.
En parallèle, les versions « light » et « zéro », moins sucrées donc moins taxées, affichent une croissance ralentie : +0,9% sur deux mois contre +2,4 % sur l’année écoulée. Comme une ironie sucrée : le consommateur se tourne vers l’illusion de la légèreté faute de pouvoir se permettre le péché de sucre.
Un objectif sanitaire ou une opération comptable ? Les dessous d’une taxe aux promesses floues
La réforme se pare de bonnes intentions. Elle entend lutter contre l’obésité, inciter à la modération, valoriser les produits plus sains. En théorie. Mais les premiers effets observés sur le terrain laissent perplexe. Les industriels, au lieu de modifier leurs formulations, préfèrent maintenir les niveaux de sucre et compenser fiscalement. Et si le chiffre d’affaires global augmente de 4,6%, selon Nielsen c’est moins grâce à une stratégie de santé publique que par la mécanique implacable d’une hausse des prix.
Autre élément d’analyse : la taxe devrait rapporter près de 800 millions d’euros à l’État en 2025, contre 443 millions l’année précédente. Une performance budgétaire qui pose une question épineuse : est-ce la santé des Français qu’on finance, ou les trous de la Sécurité sociale ?