SNCF vs Trenitalia : quelle est la meilleure offre TGV pour un Paris-Marseille ?

Des trains rouges débarquent sur les rails tricolores, et pas pour faire de la figuration. Une bataille à grande vitesse s’ouvre entre l’opérateur historique français et un rival transalpin bien décidé à tirer les prix vers le bas. L’ère du monopole est bel et bien révolue, et le voyageur pourrait y trouver son compte.

Paolo Garoscio
By Paolo Garoscio Published on 11 juin 2025 8h30
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SNCF vs Trenitalia : quelle est la meilleure offre TGV pour un Paris-Marseille ? - © Economie Matin
22%Les billets Trenitalia sont 22% moins chers que ceux de la SNCF

À partir du 15 juin 2025, une nouvelle donne secouera la ligne TGV entre Paris et Marseille. Pour la première fois, la Société nationale des chemins de fer français (SNCF) n'est plus seule à opérer sur ce tracé stratégique. Trenitalia, la compagnie ferroviaire publique italienne, a officiellement lancé son service TGV sur cette liaison, avec un premier voyage prévu pour le 15 juin. L’heure est donc à l’analyse : que vaut vraiment cette alternative italienne ? L’UFC-Que Choisir donne son verdict.

Fracture tarifaire sur le TGV : une offre Trenitalia taillée pour séduire

Le duel est lancé. D’un côté, la SNCF, forte de son réseau dense et de ses rames Inoui et Ouigo qui assurent plus de vingt allers-retours quotidiens entre la capitale et la cité phocéenne. De l’autre, Trenitalia, nouveau venu sur la ligne Paris-Marseille avec quatre rotations par jour seulement.

Mais la faiblesse de la fréquence est compensée par un argument implacable : le prix. À prestation comparable, un aller-retour Trenitalia coûte en moyenne 120 euros, là où la SNCF demande 154 euros et ce, hors cartes de réduction. L’organisation de défense des consommateurs UFC-Que Choisir a été catégorique : « sur ce point, Trenitalia frappe fort », souligne l’article de l’UFC-Que Choisir. Une réduction tarifaire de près de 22 %, difficile à ignorer en période de tensions budgétaires.

Toutefois, à ce tarif plus doux correspond un temps de trajet légèrement supérieur : entre 3 h 20 et 4 h 06 pour les trains italiens contre 3 h 05 à 3 h 23 pour ceux de la SNCF. Le gain financier se paye donc en minutes.

Confort contre cadence : les limites de l’alternative italienne sur le TGV

Choisir Trenitalia, c’est aussi faire le pari du confort… et de la patience. Si l’intérieur des Frecciarossa (littéralement “flèche rouge”) séduit par son standing – silence, services embarqués, design –, la faiblesse de l’offre en nombre de trains par jour contraint la flexibilité. En revanche, la SNCF peut encore compter sur sa force de frappe logistique : avec plus de 20 départs quotidiens, l’usager dispose d’un éventail horaire large, apte à satisfaire les professionnels comme les familles.

Mais au-delà du confort ou de la fréquence, c’est le service après-vente qui creuse une nouvelle fois l’écart. L'UFC note que Trenitalia applique le minimum européen légal en matière d’indemnisation : remboursement de 25 % à partir d’une heure de retard. En comparaison, la SNCF propose un remboursement dès 30 minutes et peut aller jusqu’à 75 % pour un retard supérieur à 3 heures, via son programme G30. « Sur ce plan, l'opérateur français demeure plus protecteur envers ses voyageurs », tranche l’association.

Concurrence sur les rails : quelles conséquences pour l’usager du TGV ?

L’entrée de Trenitalia sur l’axe Paris-Marseille ne relève pas d’un simple coup d’essai. Le Frecciarossa roule déjà entre Paris et Lyon depuis 2020. La stratégie d’implantation est claire : s’emparer des lignes à forte rentabilité. Et selon Le Monde, la SNCF estime que 70 rames concurrentes circuleront sur ses lignes d’ici 2030.

L’enjeu dépasse largement le confort du consommateur : la rentabilité du réseau de TGV français est en jeu. Jean-Pierre Farandou, PDG de la SNCF, le martèle : la grande vitesse « n’est pas un service public » et ne bénéficie d’aucune subvention. Si la rentabilité des lignes majeures chute, c’est l’entretien de l’infrastructure nationale – aujourd’hui assumé en partie grâce à ces profits – qui pourrait vaciller.

Verdict : quel choix pour quel usager ?

L’analyse de l’UFC-Que Choisir est sans ambiguïté : le choix Trenitalia s’impose pour le budget, à condition d’accepter une fréquence restreinte et une souplesse moindre en cas de perturbations. Pour les voyageurs ponctuels, loisirs ou petit budget, la compagnie italienne est une option séduisante.

En revanche, pour les habitués du rail, les professionnels, ou les voyageurs en quête de garanties robustes et d’amplitudes horaires étendues, la SNCF conserve l’avantage.

Paolo Garoscio

Rédacteur en chef adjoint. Après son Master de Philosophie, il s'est tourné vers la communication et le journalisme. Il rejoint l'équipe d'EconomieMatin en 2013.   Suivez-le sur Twitter : @PaoloGaroscio

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