Le 4 juin 2025, l’Observatoire des inégalités publiait son dernier rapport annuel, brossant un portrait implacable de la distribution des revenus dans l’Hexagone. Derrière les moyennes rassurantes se cache une réalité brutale : la France reste profondément inégalitaire.
Êtes-vous riche ? Voici salaire qu’il faut gagner pour l’être

Alors que certains cumulent des patrimoines colossaux, d’autres survivent à peine avec un revenu équivalent au tiers du seuil de richesse. L’heure est venue de détailler ce que signifie vraiment être riche en France aujourd’hui… et surtout de savoir si oui ou non, vous faites partie des riches.
Pour être riche en France il faut gagner un salaire minimum de...
Pour l’Observatoire des inégalités, le seuil de richesse n’est pas une vue de l’esprit. Il est précisément défini. En 2023, pour une personne seule, ce seuil était fixé à 4 056 euros par mois, soit le double du niveau de vie médian. Ce dernier atteignait 2 183 euros mensuels, tandis que le seuil de pauvreté était établi à 1 014 euros. Autrement dit, une personne considérée comme « riche » dispose chaque mois de quatre fois plus qu’une autre vivant sous le seuil de pauvreté.
Mais la mécanique devient encore plus criante lorsqu’on introduit la composition du foyer. Le système de calcul fonctionne en « parts » : une personne adulte compte pour une part, un deuxième adulte pour une demi-part, un enfant mineur pour 0,3 part, et un adolescent pour 0,5 part. Ainsi, un couple sans enfant est considéré comme riche à partir de 6 083 euros par mois. S’ils ont deux adolescents, le seuil grimpe à 7 352 euros. Et en dessous de 2 534 euros, ils sont officiellement pauvres.
France : les inégalités de fortune explosent
Les seuils sont des balises, mais ils ne disent pas tout. Car entre les extrêmes se creuse une fracture sociale béante. En 2025, les 10 % les plus riches disposent d’un revenu d’au moins 3,4 fois supérieur à celui des 10 % les plus pauvres, selon l’Observatoire. Et, malheureusement, cette tendance ne ralentit pas, elle s’accélère.
La concentration des richesses atteint des sommets vertigineux : les 10 % les mieux dotés possèdent un patrimoine moyen de 716 000 euros, contre 4 400 euros pour les 10 % les moins fortunés. Quant au millième le plus riche, il perçoit environ 20 000 euros par mois.
À cela s’ajoute un facteur aussi ancien qu’incontournable : l’origine sociale. « À critères égaux, une personne née dans une famille aisée gagne aujourd’hui en moyenne 1 000 euros de plus qu’une personne ayant grandi dans un milieu défavorisé », précise l’article de 20 Minutes. En clair, le mérite s’efface derrière la lignée.
Les riches : une société d’héritiers plutôt que de citoyens
Comme le soulignait Le Monde dans son édition du 6 mai 2025, la France est « redevenue une société d’héritiers ». La Fondation Jean-Jaurès y estime que 9 000 milliards d’euros seront transmis d’ici 2040, soit 677 milliards par an. Cette manne, concentrée dans une minorité de familles, renforce un système où l’accumulation de la fortune est déconnectée de toute activité productive.
« Cette mécanique de l’hérédité façonne un ordre social dans lequel les plus grandes fortunes sont réservées aux individus issus de familles riches », analyse le quotidien. Et c’est cette même logique que le rapport de la Direction générale des finances publiques dénonce : en vingt ans, les 40 700 ménages les plus riches ont vu leur revenu annuel doubler, beaucoup plus vite que le reste de la population. Et la fiscalité ? « Elle n’arrive pas à corriger cette dérive », résument les auteurs du rapport Bercy. Pire encore, les niches fiscales, les exonérations et l’optimisation creusent davantage le fossé.
La classe moyenne existe-t-elle encore en France ?
Où se situe alors la fameuse classe moyenne ? Selon l’Observatoire, elle est définie par une fourchette de revenus justement entre les riches et les pauvres. Pour une personne seule : entre 1 500 et 2 800 euros mensuels. Pour un couple avec deux enfants : entre 4 021 et 7 352 euros. Ce sont ces millions de Français qui portent le poids de la fiscalité sans bénéficier ni de protections spécifiques ni d’aides substantielles. Trop riches pour être aidés, trop pauvres pour être tranquilles.
Et pourtant, cette classe reste le pilier du système social. Sans elle, ni consommation de masse, ni stabilité économique. Mais aujourd’hui, elle s’effrite, prise en étau entre les très riches, qui échappent au système, et les très pauvres, qui subissent sans marge de manœuvre.
L’observatoire des inégalités dessine une société française où la richesse est un pouvoir hérité, consolidé, protégé. Et où la pauvreté est souvent le résultat d’un déterminisme social implacable. Le débat ne porte plus sur l’existence des inégalités, mais sur le degré de tolérance que la société est prête à maintenir face à leur explosion.