Alors que les tensions s’accumulent autour de la réforme des retraites, la gauche a tenté un baroud d’honneur pour faire chuter le gouvernement. Un geste fort en apparence, mais dont la portée politique réelle s’est effondrée au pied de l’hémicycle. Retour sur une tentative de renversement à l’Assemblée.
Retraites : François Bayrou reste en place après l’échec de la motion de censure socialiste

Le 1er juillet 2025, la gauche tente un coup de force… sans surprise
Il y avait de l’électricité dans l’air ce mardi 1er juillet. Dans l’hémicycle clairsemé de l’Assemblée nationale, les députés socialistes ont présenté une motion de censure à l’issue d’un conclave sur les retraites qu’ils jugent « vidé de sa substance ». L’objectif ? Renverser François Bayrou, Premier ministre désigné comme responsable de ce fiasco. La gauche, socialistes, communistes, écologistes et Insoumis, a voté d’un bloc, mais n’a pu rassembler que 189 voix, loin des 289 requises.
L’absence de soutien du Rassemblement national (RN) et de l’Union des droites pour la République (UDR) a scellé l’échec annoncé. « La montagne a accouché d’une souris », résumait Le Figaro. La droite souverainiste, bien qu’opposée à la réforme de 2023, a refusé de se compromettre dans ce théâtre parlementaire. Marine Le Pen, fidèle à sa stratégie de dédoublement tactique, a lancé : « La gauche fait croire que si on vote la motion on retournera à l’ancien âge légal de départ à la retraite. C’est un mensonge. On ne ment pas aux Français : cette censure n’apporte rien ».
Retraites : la fracture Bayrou-Mercier s’affiche au grand jour
Les retraites, véritable nœud gordien du quinquennat, ont une nouvelle fois servi de catalyseur politique. Depuis la réforme adoptée dans la douleur en 2023, et l’installation du conclave sur les retraites, la promesse d’un nouveau texte semblait être un maigre baume pour apaiser les tensions sociales. Or, l’engagement n’a pas été tenu, selon l’opposition. Dans une déclaration virulente, la députée PS Estelle Mercier a accusé François Bayrou de "se déshonorer", dénonçant une trahison de la parole donnée. « Vous n’avez eu de cesse de saboter toutes les initiatives de compromis (…) Vous avez fragilisé durablement la démocratie sociale », a-t-elle lancé, devant une trentaine de députés seulement.
"Vous avez méthodiquement vidé de son sens le conclave sur les #retraites", poursuit @EstelleMercier2. "Vous n'avez eu de cesse de saboter toutes les initiatives de compromis (...) et vous avez fragilisé durablement la démocratie sociale". #DirectAN #Censure pic.twitter.com/aRRrHxlerG
— LCP (@LCP) July 1, 2025
L’auditoire clairsemé dans son propre camp en disait long sur la confiance dans l’issue du vote. Le député écologiste Benjamin Lucas-Lundy a embrayé avec emphase : « Si nous sommes ici, c’est parce que nous avons fait le serment solennel d’abroger la réforme des retraites à 64 ans », exprimant une « irrépressible envie de faire tomber ce gouvernement pour l’ensemble de son œuvre », peut-on lire dans Le Figaro.
Motion de censure : un échec annoncé dans une Assemblée clairsemée
Face à cette offensive, le Premier ministre a préféré l’ironie à l’indignation. François Bayrou, a remis aux socialistes un "certificat d’opposition, de révolte, de sanction, de mise en cause et de dénonciation perpétuelle et continue". Avant d’ironiser sur leur solitude : « Vous vous retrouvez le bec dans l’eau, ce qui, par les temps de canicule que nous vivons, peut avoir des aspects rafraîchissants ».
Le ton illustrait la confiance tranquille du chef du gouvernement, sûr de sa majorité de circonstance. Le RN, par stratégie ou opportunisme, lui a laissé le champ libre. L’absence remarquée de Gabriel Attal, patron du groupe présidentiel, et les regards croisés de Marine Le Pen et Laurent Wauquiez, ont renforcé le parfum de malaise ambiant. Un élu de Renaissance, en coulisses, lâchait même cette pique dans le quotidien : « Quand on voit le manque de soutien envers Bayrou dans son propre camp, on se dit qu’on n’a pas besoin d’avoir d’ennemis ».