En pleine torpeur politique, un vote trouble la surface du marais parlementaire. À première vue, l’Assemblée nationale semble avoir basculé. Les députés ont adopté, ce 5 juin 2025, un texte demandant l’abrogation de la réforme des retraites. Un coup de théâtre ? Pas si vite. Derrière les dorures du Palais Bourbon, les apparences sont toujours trompeuses.
Réforme des retraites : un vote pour l’abrogation, sans abroger quoi que ce soit

Réforme des retraites : une résolution sans dents, mais avec du venin
Ils étaient 198 à voter « pour ». 35 seulement à dire non. Le texte, déposé par les députés communistes, a été adopté haut la main. Mais attention : il s’agit d’une résolution, non d’un projet ou d’une proposition de loi. En d’autres termes, ce vote ne modifie rien à la législation en vigueur. La réforme imposée en mars 2023, qui a relevé l’âge légal de départ à 64 ans, reste intacte.
Le texte adopté n’est qu’un acte symbolique, un vœu pieux dépourvu de tout effet contraignant. Il repose sur l’article 34-1 de la Constitution, un article qui permet aux parlementaires de faire entendre leur opinion sans obliger l’exécutif à y répondre. Autrement dit : de la politique, sans les conséquences.
La majorité présidentielle n’a d’ailleurs pas tremblé. Astrid Panosyan-Bouvet, députée Renaissance, a tranché net sur BFMTV : « Cette résolution n’a aucun effet juridique ».
La retraite continue de déchirer l’Assemblée nationale
Ce texte ressuscite un traumatisme encore vif : celui du 49.3 utilisé par Élisabeth Borne en mars 2023. À l’époque, l’exécutif avait imposé la réforme sans vote, déclenchant une crise institutionnelle majeure et une vague de colère populaire.
Deux ans plus tard, le feu couve toujours. Le groupe communiste a réuni autour de lui une alliance improbable : La France insoumise, les écologistes… et le Rassemblement national. Oui, ces formations que tout oppose politiquement se sont retrouvées sur une ligne commune : exiger le retrait de la réforme.
Un vote qui ne trompe personne : la réforme des retraites reste en place pour l’instant
Il faut bien l’admettre : ce vote n’aura aucune conséquence législative directe. Il ne supprime rien, n’abroge rien, ne suspend rien. Mais il agit comme un révélateur. Un signal envoyé à l’Élysée, à Matignon, et à toutes les futures urnes électorales.
Car ce 5 juin 2025 ne tombe pas par hasard. Le gouvernement s’apprête à clôturer son « conclave social », une séquence de concertations autour du travail et des retraites lancée à la mi-mai. Et les oppositions veulent rappeler, à haute voix, que le combat politique sur la retraite n’est pas terminé.
Les syndicats, eux, n’ont pas déserté le terrain. La CGT a mobilisé des milliers de manifestants partout en France. « Plus de 150 000 personnes », selon les chiffres avancés par les organisations citées par Le Monde. Une mobilisation qui, sans atteindre les sommets de 2023, montre que la fracture sociale reste ouverte.