Réchauffement climatique : 3 Français sur 4 sont inquiets du futur

L’alerte a bien infusé. Les solutions proposées, elles, en revanche, peinent toujours à convaincre.

Axelle Ker
By Axelle Ker Published on 22 avril 2025 11h45
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Réchauffement climatique : 3 Français sur 4 sont inquiets du futur - © Economie Matin
58 % 58 % des Français estiment que les voitures électriques sont « aussi mauvaises pour la planète que les voitures thermiques », selon l’étude Ipsos–CESI.

Le 22 avril 2025, Ipsos et CESI école d’ingénieurs ont publié leur étude annuelle pour le Earth Day, intitulée « Global Advisor ». Réalisée dans 32 pays auprès de plus de 23 000 personnes, elle révèle une peur majoritaire des dérèglements climatiques – et une défiance tout aussi nette à l’égard des stratégies publiques pour y répondre. Trois Français sur quatre se disent inquiets pour l’avenir climatique.

Face au climat, les Français voient rouge

En France, le constat est sans appel. Selon l’étude Ipsos–CESI, plus de sept Français sur dix (75 %) se déclarent préoccupés par les effets déjà visibles des dérèglements climatiques, contre 74 % en moyenne mondiale. La crainte du réchauffement – que l'on désigne désormais davantage sous le terme de dérèglement  – climatique apparaît ainsi aussi profondément ancrée dans les esprits Français, que dans le reste du monde.

Mais cette inquiétude ne se limite plus à l’environnement : elle glisse désormais sur le terrain sanitaire. En effet, toujours d’après l’étude, pour plus d’un Français sur deux (55 %), le changement climatique représente « la plus grande menace sanitaire qui pèse sur l’humanité ». Un score nettement supérieur à la moyenne mondiale qui est de 39 %. Et cette perception n’est pas anecdotique : deux tiers des Français (67 %) considèrent qu’un réchauffement de 1,5 °C constituerait un seuil catastrophique.

Une transition énergétique qui n’inspire pas confiance

Paradoxalement, plus la conscience climatique s’aiguise, plus la transition énergétique suscite la méfiance. Et cette défiance s’affiche noir sur blanc. D’après le sondage Ipsos, 58 % des Français estiment que les voitures électriques sont « aussi mauvaises pour la planète que les voitures thermiques », le score le plus haut, au regard des 32 pays interrogés : Allemagne (52 %), Royaume-Uni (47 %), États-Unis (44 %), Japon (39 %), Brésil (36 %) ou encore Inde (34 %).

Les éoliennes offshore ? Même soupçon. 37 % des Français les jugent nuisibles pour les écosystèmes, un chiffre juste derrière celui de l’Inde (38 %). Quant aux bénéfices attendus de la transition énergétique, ils peinent à convaincre : seuls 36 % des Français estiment qu’elle aura un impact positif sur la santé publique, tandis que 31 % la perçoivent comme potentiellement néfaste dans ce domaine. L’idée qu’elle pourrait contribuer à réduire le risque de sanitaire - de pandémies séduit encore moins : seuls 18 % y croient.

Une absence de plan clair

Cette perte de confiance ne s’arrête pas aux technologies. Elle touche aussi les institutions. À peine 27 % des Français estiment que leur gouvernement dispose « d’un plan clair pour lutter contre le changement climatique », contre 32 % dans le reste du monde. De quoi faire écho au rejet des Français face aux ZFE (zones à faibles émissions), chères au gouvernement, ou encore à celui des sénateurs à l’égard de la loi de programmation pluriannuelle de l’énergie (PPE3) portée par le Premier ministre François Bayrou. Et cela, malgré un engagement institutionnel, à l’image de la Stratégie Nationale Bas-Carbone (SNBC) – qui fixe la trajectoire de la France pour réduire ses émissions de gaz à effet de serre (GES) de 75 % d’ici à 2050, par rapport aux niveaux de 1990 – désormais inaudible pour une majorité..

La sphère privée ne fait guère mieux. Seulement 15% des Français font confiance aux entreprises pour respecter leurs engagements environnementaux. À l’échelle mondiale, ils sont 22%. Ce scepticisme généralisé se traduit aussi dans le regard porté sur la France elle-même : seuls 29% de ses citoyens la considèrent comme « leader de la lutte climatique », alors que 37% réfutent cette image.

Un avenir redouté, des efforts jugés injustes

Alors que les conséquences du réchauffement se précisent, de nombreux Français jugent qu’on leur demande trop. Près de 4 sur 10 (38%) estiment que « la France fait trop de sacrifices dans la lutte contre le dérèglement climatique » indique l'étude Ipso-CESI. C’est plus qu’en 2023, où ils étaient 33%. Le discours sacrificiel et l’écologie perçue parfois comme trop alarmiste, et / ou punitive, semblent donc produire l’effet inverse : la lassitude, voire le rejet.

Quant aux effets sociaux de la transition énergétique, ils sont perçus comme ambivalents. Sur l’emploi, seuls 27% anticipent des effets positifs, contre 36% qui redoutent des pertes. Sur la sécurité alimentaire, même déséquilibre : 30% pensent que cette transition aura un impact négatif, contre 25% qui espèrent des retombées positives. Concernant la pauvreté mondiale, 38% des Français redoutent un effet aggravant.

En définitive, la France n’est pas climatosceptique, elle est « climato-lucide ». Elle voit le mur arriver, mais elle doute du volant.

Axelle Ker

Diplômée en sciences politiques et relations internationales, journaliste chez Économie Matin & Politique Matin.

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