Un rapport parlementaire étrille les entreprises qui licencient malgré les aides de l’Etat

Des licenciements massifs dans de grandes entreprises malgré des aides publiques massives : un rapport parlementaire mis en lumière en juillet 2025 fait un constat accablant. ArcelorMittal, Auchan, Michelin… les grandes entreprises sont accusées de ne pas respecter leurs engagements sociaux, tandis que l’État semble défaillant dans son rôle de régulateur.

Ade Costume Droit
By Adélaïde Motte Published on 17 juillet 2025 12h20
Un Rapport Parlementaire Etrille Les Entreprises Qui Licencient Malgre Les Aides De L Etat
Un rapport parlementaire étrille les entreprises qui licencient malgré les aides de l’Etat - © Economie Matin

Le 16 juillet 2025, une commission d'enquête de l'Assemblée nationale a dévoilé un rapport accablant sur les licenciements économiques opérés par des entreprises françaises majeures, dont ArcelorMittal, Auchan et Michelin. Ce rapport met en exergue la défaillance de l'État, malgré ses aides financières destinées à soutenir l'emploi.

Un rapport parlementaire accablant pour l'État

Le rapport parlementaire qui fait suite aux récentes vagues de licenciements dans des groupes comme Auchan et Michelin est sans appel : l'État, malgré son rôle d'allié économique par le biais des aides publiques, n'exerce pas suffisamment de contrôle sur les décisions des entreprises. La commission d'enquête, copilotée par Benjamin Lucas (écologiste) et Denis Masséglias (Ensemble), a rendu ses conclusions après quatre mois de travail. En tout, 52 recommandations ont été formulées pour corriger ce qui est perçu comme un manque de régulation de l'État face à la hausse des Plans de Sauvegarde de l'Emploi (PSE).

L’un des points forts de ce rapport : une critique acerbe de l’incohérence entre les aides publiques octroyées et les décisions de licenciement prises par les entreprises. La commission souligne un « recul progressif » de l'État dans son rôle de régulateur, alors même que des centaines de millions d'euros d’aides sont versés aux entreprises. Selon les députés, « l’inaction, le silence ou les réponses diluées de l’État » ont créé un sentiment d’abandon dans les régions affectées par les suppressions massives d'emplois.

Les entreprises dans la tourmente : entre nécessité économique et responsabilité sociale

Malgré l’ampleur des aides accordées par l'État, des géants comme ArcelorMittal, Auchan et Michelin continuent de procéder à des licenciements, en invoquant des réorganisations nécessaires. Le rapport fait état d’une « hausse inquiétante » des PSE, touchant plusieurs secteurs, dont l’industrie, la grande distribution, et même la banque.

Les entreprises justifient leurs choix par la nécessité de s’adapter à un environnement économique difficile : la fiscalité élevée, la concurrence mondiale et des coûts de production trop importants. Toutefois, certains politiques pointent l'argent que les entreprises versent aux actionnaires. Michelin, par exemple, a versé 900 millions d'euros de dividendes tout en procédant à des suppressions d'emplois. Cet argent doit permettre d'attirer des investisseurs, donc des capitaux, alors que les entreprises étrangères ne cessent de se renforcer et que la concurrence se fait chaque jour plus rude. Ce paradoxe aggrave la fracture entre les aides publiques et la réalité des restructurations économiques.

Cependant, les attentes gouvernementales vis-à-vis de ces entreprises peuvent sembler déconnectées de la réalité économique. L’État, en attribuant des fonds publics, conditionne ces aides à la préservation de l’emploi ou à d'autres chantiers plus politiques, mais ces exigences sont souvent perçues comme rigides et mal adaptées aux besoins concrets des entreprises. Ainsi, même avec le soutien de l’État, les entreprises se trouvent dans l’obligation de licencier.

La critique d'un système d'aides publiques mal calibré

Le rapport parlementaire met en lumière une autre faiblesse : le manque de suivi et de contrôle des PSE. En effet, bien que la loi impose un bilan des PSE, seulement 44 % de ces plans ont été suivis entre 2018 et 2021. Cette carence empêche de vérifier l’efficacité des mesures d’accompagnement des licenciés, notamment la reconversion professionnelle et le maintien de l’emploi.

Par ailleurs, la commission d’enquête appelle à une refonte du système d’aides publiques. Elle préconise la création d’une haute autorité indépendante, chargée de contrôler l’utilisation des fonds publics accordés aux entreprises. Cette autorité devrait avoir le pouvoir d’enquêter et d’imposer des sanctions en cas de non-respect des engagements de maintien de l’emploi.

L'État doit-il se désengager pour sauver les entreprises ?

Si l’État doit être responsable de la régulation des licenciements économiques, il semble également qu’une réflexion plus profonde soit nécessaire quant à son rôle dans l’aide aux entreprises. En France, les entreprises sont parmi les plus taxées au monde, ce qui les place dans une position difficile sur le marché mondial. Dès lors, les aides de l’État ne sont plus des largesses, mais de faibles contributions qui ne suffisent pas à compenser le fardeau fiscal et les charges sociales trop élevées.

Face à cette situation, le plus simple reste le désengagement de l'État. En abandonnant son rôle de soutien direct aux entreprises, l’État pourrait permettre à celles-ci de gérer leurs propres défis économiques sans recourir aux licenciements. Ce désengagement devrait s’accompagner d’une réduction massive des charges fiscales et sociales qui pèsent sur les entreprises françaises, leur permettant ainsi de rester compétitives tout en conservant leurs emplois.

Ade Costume Droit

Diplômée en géopolitique, Adélaïde a travaillé comme chargée d'études dans un think-tank avant de rejoindre Economie Matin en 2023.

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