Le 1er janvier 2024 a marqué une petite révolution dans les règles du permis de conduire en France abaissant l’âge légal pour conduire à 17 ans. Mais une autre question, plus silencieuse mais non moins brûlante, hante les couloirs des préfectures, des cabinets médicaux et des foyers : y a-t-il un âge où il faudrait s’arrêter définitivement de conduire ?
Peut-on conduire sans limite d’âge ?

Conduire quand on est âgé, y a-t-il un risque ?
En France, aucune loi n'impose une limite d'âge pour conduire. Tant que le précieux sésame, le permis de conduire, est valide, l'automobiliste peut, théoriquement, rouler jusqu'à son dernier souffle. Une situation qui étonne quand on sait que les plus de 75 ans représentent environ 15 % des décès sur la route.
Pour autant, passé 65 ans, une visite médicale est fortement conseillée, bien que non obligatoire. Une précaution que beaucoup ignorent ou esquivent. Et les risques ? « La première cause de mortalité sur la route est la vitesse, la deuxième, c’est l’alcool et la troisième, ce sont les stupéfiants. L’âge n'est pas un facteur qui va déterminer de façon catégorique la conduite », rappelle le Dr Michel Avisse, médecin généraliste agréé, cité dans AlloDocteurs. On ne saurait mieux dire, le problème n'est pas l'âge, c'est l'aptitude.
Personne âgée au volant : précaution ou obstination ?
Vieillir, c'est perdre en vivacité, mais aussi accumuler une expérience inestimable. Pourtant, dans les faits, certains réflexes s'émoussent. La vue baisse, les gestes ralentissent, la capacité à anticiper se dilue. Alors, conduire devient un défi quotidien. Les seniors ne sont pas dupes : beaucoup participent volontairement à des stages de remise à niveau. À l'instar de Michel, 77 ans, rencontré par AlloDocteurs, qui avoue lors d'une session organisée par une célèbre assurance : « J’ai mon permis depuis 1965, et je roule depuis ce temps-là. Il y a des panneaux dont je ne me souviens plus, que je n’ai jamais appris ».
Une confession aussi honnête qu'inquiétante. Pendant ces stages, les personnes âgées revoient le code de la route, corrigent leurs erreurs et, parfois, affrontent une dure réalité : les ronds-points deviennent souvent leur cauchemar. Les formatrices d’auto-école, comme Nathalie Benzaqui, le constatent chaque jour : « Ils ont beaucoup de questions sur la probabilité de ne plus pouvoir conduire un jour », explique-t-elle.
Arrêter de conduire : que disent les statistiques ?
Le couperet ne tombe pas toujours par obligation. Dans 85 % des cas, l'arrêt de la conduite est spontané, révèle la Société Française de Gériatrie et Gérontologie (SFGG) dans son communiqué du 9 janvier 2023. Majoritairement chez les femmes, souvent précocement, à la suite d'événements personnels comme un veuvage, une hospitalisation ou un déménagement. Statistiquement, les femmes cessent de conduire en moyenne à 79 ans, les hommes à 82 ans.
Un constat implacable, mais qui ne dit rien de l'âpreté des décisions. Abandonner son volant, c'est souvent abandonner une partie de sa liberté. Isolement, dépendance, dépression... Les conséquences psychologiques sont lourdes. L'arrêt n'est jamais pris à la légère. Il nécessite parfois l'intervention d'une équipe pluridisciplinaire, des tests de conduite, et un accompagnement pour trouver des solutions alternatives : transports en commun, véhicules adaptés, déménagements stratégiques... Parce que conduire n'est pas seulement un droit, c'est un symbole d'indépendance.