Mauvaise surprise pour certains voyageurs d’Orly, à leur retour, leur véhicule affichait des centaines de kilomètres supplémentaires et un état déplorable. Que se passe-t-il réellement dans ces parkings privés à bas coût qui fleurissent autour des aéroports ?
Des parkings privés utilisent les voitures de leurs clients près d’Orly

Le 1er mars 2025, plusieurs voyageurs de l’aéroport d’Orly ont découvert que leur voiture, confiée à un parking privé censé être sécurisé, avait été utilisée en leur absence. Certains ont retrouvé leur véhicule sale, dégradé, ou encore avec plusieurs centaines de kilomètres en plus au compteur.
Des parkings privés à bas prix, mais à quel prix pour les clients ?
Laisser son véhicule dans un parking privé à proximité d’un aéroport est une alternative séduisante face aux tarifs souvent exorbitants des parkings officiels. En moyenne, le stationnement dans un parking officiel d’aéroport coûte entre vingt et cinquante euros par jour, tandis qu’un parking privé propose des tarifs bien plus compétitifs, entre cinq et dix euros.
Cette économie réalisée masque parfois des pratiques douteuses. Contrairement aux parkings officiels, qui garantissent une sécurité optimale grâce à la vidéosurveillance et aux patrouilles régulières, les parkings privés à bas coût offrent rarement des garanties en matière de surveillance et d’entretien des véhicules. Si certains établissements agréés par les aéroports assurent un certain niveau de fiabilité, d’autres, non homologués, fonctionnent en toute opacité, sans réel contrôle des autorités.
Des voitures utilisées illégalement
Les témoignages des victimes de ces pratiques sont nombreux et édifiants. Une cliente a retrouvé sa voiture avec sept cent cinquante kilomètres de plus au compteur et une autonomie réduite à seulement dix kilomètres. L’intérieur du véhicule était en piteux état, avec des cendres et des déchets éparpillés un peu partout. Un autre voyageur, ayant équipé son véhicule d’un traceur GPS, a découvert que sa voiture avait parcouru près de quatre cents kilomètres sans son autorisation.
Ces cas ne sont pas isolés. À leur retour de voyage, plusieurs automobilistes ont constaté que leurs véhicules avaient non seulement roulé en leur absence, mais qu’ils présentaient aussi des rayures, des étiquettes de mise en fourrière collées sur les vitres et, dans certains cas, des niveaux de carburant drastiquement réduits.
Les raisons derrière ces détournements restent floues. Certains soupçonnent que ces véhicules sont utilisés pour du transport de marchandises clandestin, tandis que d’autres estiment qu’ils servent de navettes pour les employés de ces parkings frauduleux. Ce qui est certain, c’est que ces sociétés ont mis en place un système bien rodé pour éviter les sanctions. Lorsqu’un scandale éclate, elles ferment leur structure et rouvrent sous un autre nom, échappant ainsi aux poursuites judiciaires.
Les plateformes de réservation en ligne, comme Parkos et Allopark, se dédouanent de toute responsabilité, affirmant qu’elles ne sont que des intermédiaires et n’interviennent pas dans la gestion quotidienne de ces parkings. Face à cette impunité, plusieurs enquêtes judiciaires ont été ouvertes sous l’autorité du procureur de la République de Créteil.
Comment éviter ces mésaventures ?
Pour éviter d’être victime de ce type d’abus, quelques précautions s’imposent. Avant de confier son véhicule à un parking privé, il est essentiel de vérifier les avis clients en ligne et de privilégier les établissements bénéficiant de plusieurs centaines d’évaluations positives et récentes. Prendre des photos détaillées de son véhicule, notamment du compteur kilométrique, permet également d’avoir une preuve tangible en cas de litige. L’installation d’un traceur GPS est une autre solution efficace pour surveiller d’éventuels déplacements frauduleux.
Il est aussi recommandé de privilégier les parkings officiels ou ceux agréés par les aéroports, qui garantissent un minimum de contrôle et de sécurité. Leurs tarifs sont cependant bien plus élevés. Enfin, une règle de bon sens consiste à ne jamais confier ses clés lorsque ce n’est pas strictement nécessaire.
Que risquent ces parkings hors-la-loi ?
D’un point de vue juridique, ces pratiques sont passibles de lourdes sanctions. L’utilisation d’un véhicule sans l’autorisation du propriétaire est strictement interdite par la loi française et peut être assimilée à un abus de confiance, voire à un vol. Les responsables de ces parkings frauduleux risquent jusqu’à cinq ans de prison et soixante-quinze mille euros d’amende pour usage illégal d’un véhicule, tandis que l’escroquerie peut être punie de sept ans d’emprisonnement et de sept cent cinquante mille euros d’amende. Dans les cas les plus graves, où l’utilisation des véhicules met en danger la vie des clients, des peines pouvant aller jusqu’à dix ans de réclusion peuvent être prononcées.
Malgré ces sanctions théoriques, la réalité est tout autre. Ces sociétés échappent souvent aux poursuites en changeant régulièrement de nom, rendant difficile l’identification des véritables responsables. Seule une réglementation plus stricte et une surveillance accrue des autorités permettraient de mettre un terme à ces abus.