Il avait cru investir dans une valeur refuge. En quelques mois, il a perdu toutes ses économies. L’histoire de Jean-François illustre la mécanique sophistiquée des arnaques à l’or qui se multiplient sur Internet.
Arnaque à l’or : un retraité perd 173 000 euros dans un faux site d’investissement
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Last modified on 23 juin 2025 15h03
94,83Le prix "spot" du gramme d'or est de 94,83 € .
Or : 173 000 euros partis en fumée
Le 14 juin 2025, Jean-François, retraité de l’armée française vivant dans le sud-ouest, a témoigné à visage découvert dans une enquête diffusée sur TF1. Il y raconte comment l’investissement dans l’or qu’il croyait sûr s’est transformé en un cauchemar financier. À la clé : cent soixante-treize mille euros envolés et une famille plongée dans la détresse.
Investi dans l’or… ou plutôt dans une illusion numérique
À soixante-deux ans, Jean-François cherchait un moyen de rentabiliser ses économies, accumulées au fil de sa carrière militaire. Comme beaucoup, il voyait dans l’or un placement solide. « On m’a toujours dit que l’or était un placement refuge », déclare-t-il à TF1, le 14 juin 2025.
Séduit par un site au design professionnel vanté par de supposés articles de Forbes, affichant dix années d’expérience et plus de 4 500 clients satisfaits, il décide d’investir. Un conseiller le guide. Tout semble carré : contrats, certificats de stockage en Suisse, promesses de rentabilité.
Dans un premier temps, l’affaire paraît florissante. Avec un premier versement de 40 000 euros, Jean-François perçoit une rente mensuelle de 266 euros. En confiance, il multiplie les investissements. En quatre mois, il atteint le plafond de ses ressources : 173 000 euros, contre la promesse d’une rente de 783 euros. Il pense avoir sécurisé l’avenir de sa femme et de leur fils de quatorze ans.
Une escroquerie au mécanisme bien huilé
Tout bascule au bout de huit mois. Les versements cessent brusquement. Impossible de joindre qui que ce soit sur la plateforme. Jean-François comprend qu’il a été dupé. Il n’y a jamais eu d’or, ni en Suisse, ni ailleurs. « Je suis tombé de haut », confie-t-il sur TF1. « J’ai honte. On se sent vraiment trahi. »
L’expertise de Marc Bouzy, enquêteur spécialisé, révèle une machination redoutablement sophistiquée. Les faux contrats imitent parfaitement les modèles légaux. « À première vue, on est sur quelque chose d'extrêmement sophistiqué […] qui reprend totalement les codes des vrais investissements dans de l’or avec du vrai stockage sécurisé dans des banques », explique-t-il dans le même reportage.
La fraude repose sur l’usurpation d’identité d’une entreprise réelle, dont le nom et les visuels ont été copiés. Tous les documents de Jean-François — certificats, factures, justificatifs — sont des faux. En réalité, les instigateurs de l’arnaque sont basés en Belgique, avec des antennes identifiées en France et en Espagne.
Quand la justice tarde, les victimes désespèrent
La plainte déposée en France est classée sans suite. L’affaire rebondit en Belgique, où un procureur ouvre une enquête pénale. L’équipe juridique conseille à Jean-François de se constituer partie civile pour espérer un jour un dédommagement, même partiel. Mais le chemin est long. « Si ça aboutit à un remboursement, ne serait-ce que partiel, ce sera déjà une bonne chose », déclare-t-il toujours à TF1.
La valeur de l’or attise la convoitise. Mais les plateformes frauduleuses prolifèrent. L’AMF (Autorité des marchés financiers) rappelle que toute offre d’investissement non référencée sur ses listes blanches doit être considérée comme suspecte. En 2024, elle signalait une explosion des escroqueries à l’investissement, dont une part importante concernait l’or physique.