Inégalités de richesse : 684.000 millionnaires de plus en 2024 dans le monde

Tandis que les grandes puissances surfent sur une mer d’abondance, l’Europe semble dériver au ralenti. Le dernier rapport d’UBS sur la richesse mondiale révèle une géographie en dents de scie, où la France cherche encore son cap.

Anton Kunin
By Anton Kunin Published on 19 juin 2025 8h00
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Inégalités de richesse : 684.000 millionnaires de plus en 2024 dans le monde - © Economie Matin
4,6%Le nombre de millionnaires dans le monde a augmenté de 4,6% en 2024, après +4,2% en 2023, a calculé UBS.

L’Amérique carbure, l’Europe patine : deux vitesses pour une richesse mondiale

Le 18 juin 2025, UBS publiait son Global Wealth Report 2025, livrant une radiographie mondiale du patrimoine individuel. Un chiffre phare ouvre le bal : +4,6% de croissance globale en 2024. Mais sous cette moyenne éclatante, les disparités régionales révèlent des fractures profondes. L’Europe, et particulièrement la France, affiche une santé patrimoniale timorée, bien loin de l’euphorie nord-américaine. Derrière les chiffres, une réalité économique contrastée.

Les États-Unis se taillent la part du lion dans l’augmentation globale : la zone Amériques enregistre une envolée de plus de 11%. En comparaison, l’Europe, le Moyen-Orient et l’Afrique (EMEA) ne dépassent pas 0,5%. « La stabilité du dollar américain et le dynamisme des marchés financiers ont été les principaux drivers de cette croissance », expliquent les économistes d'UBS. L’Amérique du Nord compte les adultes les plus riches, avec une moyenne de 593.347 dollars américains, soit plus du double de l’Europe de l’Ouest, à 287.688 dollars.

La France dans le peloton : riche, mais pas leader

Sans surprise, la France ne figure pas dans le top 5 des marchés les plus riches en richesse moyenne par adulte. Ce club très fermé est dominé par la Suisse, les États-Unis, Hong Kong et le Luxembourg.

Cependant, l’Hexagone se distingue dans un autre classement : celui du nombre de millionnaires. Elle rejoint les États-Unis et la Chine continentale dans le trio de tête. « Les États-Unis, la Chine continentale et la France comptent le plus grand nombre de millionnaires (en dollars) », peut-on lire dans le rapport. Mais ce rang flatteur dissimule une autre réalité : en 2024, la progression de la richesse moyenne par adulte en France reste modeste, à l’image du reste de l’Europe.

Quand la Suisse donne des leçons de prospérité

Avec une richesse moyenne de 687.000 dollars américains par adulte, la Suisse conserve sa couronne mondiale. Les économistes d'UBS précisent que cette performance repose sur la stabilité financière, des taux d’épargne élevés et des politiques fiscales incitatives. Pendant ce temps, la France, engluée dans un cadre fiscal dissuasif et une croissance molle des actifs financiers, peine à rivaliser. L’immobilier reste le pilier du patrimoine français, tandis que les États-Unis misent sur les actions.

Parmi les tendances révélées, une catégorie attire l’attention : les EMILLI, ou « millionnaires du quotidien », qui possèdent entre 1 et 5 millions de dollars d’actifs investis. Leur nombre a quadruplé depuis 2000 pour atteindre environ 52 millions de personnes. Ce groupe détient 107.000 milliards de dollars de patrimoine total, presque autant que les ultra-riches au-delà de 5 millions. Leur richesse s’est construite sur deux piliers : l’envolée de l’immobilier et les fluctuations monétaires. Or, la France coche ces deux cases. Voilà peut-être un levier que le pays pourrait mieux actionner.

Une redistribution générationnelle à anticiper

Le rapport anticipe un transfert colossal de patrimoine dans les 25 prochaines années : plus de 83.000 milliards de dollars vont changer de mains, dont 74.000 milliards entre générations. Les États-Unis domineront ce mouvement, mais la France n’est pas en reste. Le vieillissement démographique, combiné à l’augmentation de la richesse immobilière, laisse présager un vaste mouvement de transmission patrimoniale.

Tandis que la richesse mondiale trace sa trajectoire ascendante, les États-Unis sprintent, la Suisse médite sur son piédestal, et la France, elle, tergiverse. Si les chiffres ne mentent pas, ils posent aussi la question du volontarisme politique et stratégique. Faut-il réinventer la fiscalité ? Stimuler les investissements privés ? Favoriser les transmissions intergénérationnelles ? Ou simplement cesser de croire que l’immobilier peut à lui seul suffire ?

Anton Kunin

Après son Master de journalisme, Anton Kunin a rejoint l'équipe d'ÉconomieMatin, où il écrit sur des sujets liés à la consommation, la banque, l'immobilier, l'e-commerce et les transports.

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