Mark Zuckerberg et Priscilla Chan ont confirmé, le 29 avril, la fermeture programmée de leurs deux écoles gratuites destinées aux enfants issus de milieux défavorisés. Situées à East Palo Alto et San Leandro, en Californie, ces structures cesseront toute activité à l’été 2026. Derrière l’annonce officielle, les familles dénoncent une trahison déguisée en « repositionnement stratégique », et voient s’effondrer le rêve d’une éducation gratuite, égalitaire et intégrée.
Mark Zuckerberg ferme son école gratuite, laissant des familles désemparées

Une école gratuite née d’un idéal philanthropique
Quand ils ont fondé The Primary School en 2016, Mark Zuckerberg et son épouse ne manquaient ni d’ambition, ni de moyens. Pensée comme un « nouveau type d’école » intégrant services sociaux et soins de santé, la structure se voulait une réponse directe aux inégalités systémiques qui affectent les enfants issus de milieux précaires. Près de 550 élèves y étaient accueillis, la majorité appartenant à des familles à faibles revenus.
Le projet, financé par la Chan Zuckerberg Initiative (CZI), incarnait une rupture avec le modèle éducatif classique. L’objectif affiché : créer un continuum d’accompagnement dès la naissance et jusqu’à l’adolescence, pour offrir à chaque enfant une chance réelle de réaliser son potentiel. Sur le papier, un modèle idéal. Dans les faits, un rêve suspendu à la volonté, et au portefeuille, de ses fondateurs.
« Le monsieur qui donnait de l’argent » ne veut plus le faire
C’est lors d’un petit-déjeuner organisé dans les murs de l’école que les parents ont été informés de la fermeture à venir. Aucun communiqué officiel distribué, aucune explication solide. Rien, si ce n’est une phrase rapportée par Emeline Vainikolo, mère d’un élève a indiqué au New York Times : « On nous a dit que “le monsieur qui donnait de l’argent” ne voulait plus le faire. »
En l’absence de partenaires publics solides, l’équilibre était fragile. Jean-Claude Brizard, président du conseil d’administration de l’école, a justifié la décision ainsi dans des propos partagés par 20 Minutes : « Une structure qui dépend à 100 % de la philanthropie n’est pas viable à long terme. » Mais est-ce là toute l’histoire ? Les familles en doutent. Beaucoup pointent un virage politique plus large au sein de la CZI, qui, depuis plusieurs mois, réduit ses engagements en matière de diversité, d’équité et d’inclusion, les fameux programmes DEI. Hasard du calendrier ou alignement stratégique ? L’annonce de la fermeture intervient peu après la suppression des financements DEI dans les structures liées à Meta et le rapprochement public de Mark Zuckerberg avec Donald Trump.
Une communauté sacrifiée selon les familles
Le mot choisi par la CZI pour justifier la fermeture : « repositionnement ». Un terme qui sonne comme un écran de fumée pour Veronica Van Leeuwaarde, mère de deux anciens élèves : « Ils sacrifient toute une communauté. Cette école a transformé nos vies », peut-on lire sur 20 Minutes. La promesse d’un engagement de 50 millions de dollars pour soutenir les familles via des comptes d’épargne éducationnels et un accompagnement personnalisé ne suffit pas à calmer la colère.
Pour beaucoup, cette somme, pourtant conséquente, ressemble à un lot de consolation, un pansement de luxe sur une plaie béante. Surtout quand on sait que le couple Zuckerberg est à la tête d’une fortune évaluée à plus de 200 milliards de dollars. Dans les couloirs des campus bientôt déserts, la déception est palpable. Estrella Perez, mère de deux enfants scolarisés à The Primary School, ne cache pas son amertume, dans des propos rapportés par San Francisco Chronicle : « Nous avions tout ici, et maintenant nous devons trouver une autre école où ils n'auront pas les mêmes ressources. ».