Marine Le Pen s’attaque vigoureusement au budget 2026 de François Bayrou, qu’elle juge « indigne » et « inefficace ». En menaçant de censurer le gouvernement, elle met en avant une stratégie à la fois politique et juridique, incluant une possible candidature aux législatives, malgré son inéligibilité actuelle. Alors que la France traverse une crise financière, l’opposition s’intensifie autour des mesures budgétaires, et Marine Le Pen entend bien se positionner en force sur la scène politique.
Marine Le Pen juge « impossible de ne pas censurer le gouvernement » s’il ne revoie pas sa copie

Le 15 juillet 2025, François Bayrou, Premier ministre, a présenté son plan budgétaire pour 2026, une annonce qui a immédiatement suscité des réactions virulentes, notamment de Marine Le Pen. La présidente du Rassemblement national (RN) a menacé de déposer une motion de censure et a réitéré son intention de se présenter aux législatives, malgré sa condamnation en première instance pour l’affaire des assistants parlementaires. Alors que la France s’enfonce dans une dette abyssale, Marine Le Pen dévoile une posture stratégique qu’elle entend mettre en œuvre en cas de dissolution de l’Assemblée nationale.
Un budget « indigne » et une menace de censure
La présentation du budget 2026 par François Bayrou a provoqué une réaction immédiate de Marine Le Pen. Dans un entretien au Parisien, elle explique que les mesures proposées par le gouvernement ne font qu’alourdir les sacrifices des Français, et notamment des classes moyennes et des retraités. Le plan d’économies de Bayrou prévoit la suppression de deux jours fériés (Lundi de Pâques et 8 mai), ainsi que des réductions d’avantages fiscaux pour les retraités. Marine Le Pen a qualifié ces propositions de « leurre », soulignant que priver les Français de jours fériés ne constituerait pas une véritable économie pour l’État, mais plutôt un coût supplémentaire pour ceux qui travaillent.
Les mesures d’austérité du gouvernement, concentrées sur les catégories populaires, n’ont pas trouvé grâce aux yeux de la leader du RN. Elle dénonce un budget « déséquilibré » et « inefficace ». Selon Marine Le Pen, l’effort fiscal se concentre principalement sur 20 milliards d’euros de réductions d’avantages, sans que l’État ne fasse des économies substantielles sur des postes pourtant essentiels, comme l’immigration ou les dépenses de santé.
Elle estime que ces choix sont « indignes » et n’apporteront aucune solution structurelle à la crise des finances publiques. Face à ce plan, elle annonce sans ambiguïté que le RN n'hésitera pas à user de la censure parlementaire. « En l’état, il est impossible pour le RN de ne pas censurer ce gouvernement », a-t-elle martelé. Le Rassemblement national envisage donc de déposer une motion de censure si le gouvernement ne modifie pas sa copie.
Une inéligibilité contestée : Marine Le Pen prête à se présenter malgré tout
Marine Le Pen ne se contente pas de critiquer le budget ; elle évoque également son avenir politique, notamment en cas de dissolution de l’Assemblée nationale. Condamnée en première instance à une peine de cinq ans d’inéligibilité dans l’affaire des assistants parlementaires, l’ex-candidate à la présidentielle n’entend pas se laisser dissuader. Malgré la décision de justice, elle a affirmé qu’elle se présenterait aux législatives si une dissolution était décidée par Emmanuel Macron. « Je me présenterai et j'irai défendre ma candidature auprès des instances chargées de la valider », a déclaré Marine Le Pen, précisant qu’elle déposerait une question prioritaire de constitutionnalité (QPC) afin de contester l'exécution immédiate de sa peine.
Selon elle, le Conseil constitutionnel pourrait ainsi examiner la validité de cette exécution provisoire de l’inéligibilité. « J’avais dit que j’utiliserai tous les recours possibles, je le ferai », a-t-elle ajouté, réaffirmant son intention de tout mettre en œuvre pour renverser cette décision.
Cette démarche de Marine Le Pen s’inscrit dans une stratégie judiciaire qu’elle compte mener de front avec son combat politique. Elle défie ainsi la décision de justice, prévoyant d’utiliser tous les leviers disponibles pour se maintenir dans le jeu politique.
Dissolution de l'Assemblée : une perspective pour Marine Le Pen
La dissolution de l’Assemblée nationale, qui permettrait de déclencher de nouvelles élections législatives, est une option que Marine Le Pen semble envisager avec pragmatisme. Elle se dit prête à saisir cette occasion pour se présenter à nouveau devant les électeurs. La leader du RN a bien conscience de la situation juridique qui est la sienne, mais elle mise sur la contestation des conditions d’application de son inéligibilité. Si une dissolution avait lieu, elle se présenterait, arguant que son inéligibilité n'est pas valide sur le plan constitutionnel.
La possibilité d’une dissolution de l’Assemblée par Emmanuel Macron reste, certes, incertaine, mais Marine Le Pen semble parée à toute éventualité. Sa candidature serait donc une manière de prendre les devants, en défiant non seulement le gouvernement de François Bayrou, mais aussi la justice, qu’elle juge trop clivante pour ses ambitions politiques.