Renvoyé de Columbia, adulé sur YouTube, financé à coups de millions… Chungin Lee n’a pas seulement inventé une IA. Il a inventé une nouvelle manière de réussir : en trichant mieux que les autres !
Une IA pour tricher à tout ? L’invention folle de cet étudiant

Peut-on monnayer la malhonnêteté comme une compétence ? Et si la frontière entre innovation et manipulation devenait floue, jusqu’à séduire les investisseurs les plus sérieux ? Une invention atypique bouscule aujourd’hui les repères moraux… et le marché.
Une IA qui vous souffle les bonnes réponses… à tout moment
Chungin Lee, 21 printemps, ne voulait pas seulement briller dans les polycopiés ou les simulations d’entretien. Il voulait hacker la convention. Son invention, "Interview Coder", est une application fondée sur l’intelligence artificielle (IA), capable d’assister en temps réel un candidat lors d’un entretien d’embauche. L’outil peut même répondre à la place de l’utilisateur grâce à une fenêtre cachée, totalement invisible pour les examinateurs. Amazon, Meta et TikTok ont été bluffés lors d'entretiens pour le poste d'ingénieur. Jusqu’à ce qu’ils découvrent la supercherie et Amazon a avertit son établissement. Résultat : renvoi immédiat de l’université de Columbia.
Mais loin de s’écrouler, l’entrepreneur en a profité. Car sur YouTube, sa démonstration cartonne : plus de trois millions de visionnages, une vidéo explicative où Lee raconte comment il a dupé les plus grandes entreprises de la tech. Et en prime ? Une levée de fonds éclair de 5,3 millions de dollars (soit environ 4,9 millions d’euros), menée par Abstract Ventures et Susa Ventures.
Avec sa start-up baptisée Cluely, l’ex-étudiant assume son concept jusqu’au bout : tricher devient un service payant. Après une formule gratuite d’essai, les utilisateurs peuvent s’offrir un abonnement « pro » à 20 euros mensuels. Objectif affiché : accompagner l’utilisateur dans toutes les situations sociales où l’on peut "échouer".
Car oui, la triche ne s’arrête pas aux recrutements. Cluely s’applique aussi aux examens, aux présentations professionnelles, voire… aux rendez-vous amoureux. Dans l’un des clips promotionnels, on voit un homme utiliser l’IA pour improviser une passion pour l’art contemporain. Le site assume cette ligne provocante : « Le monde appellera cela de la triche. Mais la calculatrice aussi. Le correcteur orthographique aussi. Et Google aussi. »
Tricher, ou ne plus jamais réfléchir seul ?
Ce qui choque autant qu’il fascine, c’est le double discours. D’un côté, une technologie bluffante. De l’autre, une éthique volontairement floutée. Chungin Lee ne se cache pas. Sur le site de Cluely, il affiche : « Commencez à tricher. Parce que quand tout le monde le fait, ce n’est plus vraiment de la triche. »
Mais certains observateurs alertent : selon Alexandre Orhan, ingénieur chez SIA IA, interviewé par TF1, « ce sont des technologies qui ne sont pas encore arrivées à maturité. On n’en est pas encore à la situation décrite dans le clip ». L’illusion d’omnipotence, servie par un algorithme, peut vite se fracasser sur la réalité de l’interaction humaine.
En réalité, Cluely vend plus qu’un simple outil de triche. Il propose un concept : ne plus jamais réfléchir seul. À la fois assistant personnel et génie de poche, l’IA répond à tout, tout de suite. Le site l’affirme : « Pendant que les autres cherchent, vous avez déjà raison. »