Alors que les plages s’apprêtent à accueillir leurs premiers vacanciers, les marchés pétroliers ont dévissé. Israël a frappé les installations énergétiques iraniennes ; l’Iran a répliqué. Résultat ? Le prix du Brent s’est envolé, et les Français, eux, peuvent déjà s’attendre à ce que leur facture à la pompe fasse aussi un bond.
Guerre Israël‑Iran : des pleins d’essence plus chers cet été ?
Israël frappe, l'Iran réplique : quand le pétrole devient un théâtre de guerre
Depuis trois jours, la géopolitique s’est invitée dans les barils. Le 15 juin 2025, Israël a lancé des frappes aériennes contre plusieurs cibles énergétiques iraniennes, dont le dépôt de carburant de Shahran. Ce site stratégique distribuait 8 millions de litres par jour à la capitale iranienne - il a été ravagé par une série d’explosions. À cela s’est ajoutée l’attaque d’une raffinerie majeure à Shahr Rey. Mais l’escalade ne s’est pas arrêtée là. Téhéran a aussitôt visé le port pétrolier de Haïfa, en Israël. Tandis que l’État hébreu ciblait également le champ gazier géant de South Pars, dont la production a été temporairement suspendue. Cette installation est cruciale pour l’approvisionnement domestique iranien.
Ce double affrontement a suffi à faire frémir les marchés. Le Brent a bondi à 77,90 dollars le baril, tandis que le WTI américain progressait à 75,67 dollars. L’inquiétude porte notamment sur le détroit d’Ormuz, ce goulot d’étranglement par lequel transite 20% du pétrole mondial. Si sa fermeture effective semble peu probable — la cinquième flotte américaine y veille —, l’effet de panique est bien réel.
Prix à la pompe : une hausse qui pointera dès la fin juin 2025
Pas de miracle à attendre côté tricolore. La Banque de France est formelle : la répercussion des cours du brut sur les carburants en station-service s’opère en 11 à 20 jours ouvrés. Traduction ? Une flambée du pétrole le 15 juin se repercutera sur les prix à la pompe entre le 29 juin et le 12 juillet 2025. Soit pile pour les départs en vacances.
C’est là que le piège se referme. Car une fois que le prix hors taxe des carburants augmente — directement indexé sur les marchés de Rotterdam —, les taxes françaises (TICPE et TVA) amplifient mécaniquement la note. Impossible pour l’État d’agir sans toucher aux recettes. Et les marges de distribution ? Elles, elles bougent à peine. Ce sont bien les prix de gros et les taxes qui font grimper l’aiguille.
La France, otage de la géopolitique énergétique
Ce n’est pas la première fois que la géopolitique fait trembler les pompes. Mais l’intensité de cette crise, centrée sur les infrastructures énergétiques, est inédite depuis l’invasion de l’Ukraine en 2022. Et elle frappe un pays — l’Iran — déjà sous sanctions, qui ne peut pas amortir les chocs en diversifiant ses débouchés. Surtout, cette crise survient dans un contexte de demande en hausse, avec un été attendu chaud sur les routes. Les automobilistes, déjà confrontés à des hausses modérées depuis mai, pourraient voir leur plein grimper de 10 à 15 centimes d’ici la mi-juillet 2025.
Les prévisions ? Une montée en tandem avec le tourisme intérieur. Si les tensions se maintiennent ou s’aggravent, les 100 dollars le baril pourraient être atteints d’ici août 2025, d’après Goldman Sachs. Ce seuil symbolique amplifierait l’effet boule de neige.
L'été 2025 s'annonce cher et incertain
Pendant que les diplomates gesticulent à l’ONU et que les missiles volent en direction d'Iran, les Français font des comptes. Une hausse de 10% du Brent se traduit par une augmentation de 0,3 à 0,8% des prix à la pompe. Ce calcul peut paraître modeste, mais sur un litre à 1,90 euro, cela équivaut à plusieurs euros sur un plein — sans aucune garantie que cela s’arrête là.
Et que fait l’État ? Rien, pour l’instant. Aucune annonce d’amortisseur fiscal, aucune remise carburant prévue. Comme si la flambée attendue n’était qu’un épiphénomène. En pleine campagne estivale, le silence pourrait devenir politiquement inflammable.