Depuis le retour de Donald Trump à la Maison Blanche, la guerre commerciale fait rage. Face aux augmentations des droits de douane décidées par les Américains, la présidente de la Banque centrale européenne (BCE), Christine Lagarde, appelle les Européens à devenir de plus en plus indépendants.
Guerre commerciale : Christine Lagarde demande d’accélérer l’indépendance de l’Europe

Face à la guerre commerciale, Christine Lagarde riposte
Christine Lagarde n’a pas manié la langue de bois. Invitée de France Inter le lundi 31 mars 2025, la présidente de la Banque centrale européenne (BCE) dresse un constat sans détour : « C’est un moment où nous devons ensemble décider de mieux prendre notre destin en main, et je pense que c’est une marche vers l’indépendance. » Ce cri d’alarme intervient dans un contexte explosif : le président américain Donald Trump prévoit une nouvelle salve de droits de douane dès le 2 avril 2025, dans ce qu’il qualifie de « Liberation Day ».
La cheffe de la BCE insiste, estimant que le Vieux Continent est à un moment clé de son existence même. De plus, les 27 ne peuvent plus faire l’économie d’une réflexion profonde sur leur souveraineté. Défense, énergie, numérique, finance : Lagarde trace les contours d’une Europe moins dépendante, mieux armée pour résister à la tempête. En clair, il est temps d’agir, et vite.
Le coût réel d’une guerre commerciale : croissance amputée, épargne exilée
Les avertissements ne se limitent pas aux discours. Selon les prévisions de la BCE, les représailles tarifaires de Washington pourraient entraîner une baisse de 0,3 % du produit intérieur brut de la zone euro. Pire : si l’Europe riposte, le recul pourrait atteindre 0,5 % dès la première année.
Mais ce n’est pas tout. Christine Lagarde soulève un point stratégique souvent ignoré : l’orientation de l’épargne européenne. « Aujourd’hui, les Européens économisent considérablement plus que les Américains. Cette épargne va pour l’essentiel sur des comptes de dépôt, qui ne rapportent pas beaucoup, et cet argent est largement placé en bons du Trésor américain. » Résultat : l’économie européenne finance, de facto, celle des États-Unis.
Son plaidoyer pour une « marche vers l’indépendance » n’est pas qu’économique. Il est systémique. Elle évoque une triple souveraineté à conquérir : énergétique, militaire et financière. Le seul moyen, selon elle, de sortir par le haut de cette guerre commerciale. Par exemple, sur le plan de la défense, elle appelle à la création de produits d’épargne spécifiquement destinés à financer les dépenses militaires européennes.