Guérir le sida : une étude trouve un élément qui pourrait tout changer

Une technologie biomédicale en apparence anodine, un laboratoire australien discret, et une réaction de sidération scientifique. Une porte s’entrouvre peut-être sur un monde où le VIH (sida) ne serait plus qu’un acronyme d’archives.

Jade Blachier
By Jade Blachier Published on 6 juin 2025 11h37
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guerir-le-sida-une-etude-trouve-un-element-qui-pourrait-tout-changer - © Economie Matin
39 millionsEn 2023, selon les chiffres d’ONUSIDA, 39 millions de personnes vivaient avec le VIH dans le monde.

Le 5 juin 2025, une annonce tombée dans un relatif silence médiatique pourrait pourtant bien marquer un tournant dans la lutte contre le sida. Des chercheurs australiens ont dévoilé une étude qui laisse entrevoir, pour la première fois, la possibilité d’éliminer le virus à la racine.

Sida : rendre visible un virus jusque-là invisible

Le VIH infecte des globules blancs, se tapit dans l’ombre du système immunitaire et y attend patiemment que la vigilance baisse. Jusqu’ici, les traitements antirétroviraux ne faisaient que le contenir. Jamais ils ne l’éliminaient. La faille de cette forteresse, c’est une bulle lipidique, aussi modeste soit-elle, appelée LNP X, capable de transporter de l’ARN messager. Une innovation issue de la pandémie de Covid-19, recyclée ici dans un cadre radicalement différent. Les chercheurs de l’Institut Peter Doherty à Melbourne l'ont injectée dans des cellules immunitaires infectées. Le virus, jusqu’alors indétectable, devient alors visible, et donc potentiellement ciblable.

Une technologie ARN messager à la recherche du virus

La technique repose sur un mécanisme d’exposition contrôlée. Les nanoparticules ciblent les cellules contaminées, y pénètrent, et forcent celles-ci à exprimer des marqueurs viraux. En clair, elles contraignent le virus à se manifester. Le système immunitaire, jusque-là aveugle, est ainsi réveillé. Le docteur Paula Cevaal, co-autrice de l’étude, rapporte dans CNEWS : « Lorsqu’un collègue a présenté les retours des tests lors de la réunion hebdomadaire du laboratoire, ils semblaient trop beaux pour être vrais. Nous l’avons renvoyée au laboratoire pour répéter l’expérience, et elle est revenue la semaine suivante avec des résultats tout aussi bons. [...] Avant, ça ne marchait pas, et puis, tout d’un coup, ça marchait. Et nous étions tous assis, bouche bée, en train de nous dire “waouh” ». La chercheuse complète : « Nous espérons que cette nouvelle conception de nanoparticules pourra ouvrir la voie à un traitement curatif du VIH ».

Entre prudence méthodologique et efficacité inattendue

Rien n’est encore validé à l’échelle clinique. L’étude reste préliminaire. Des essais sur animaux doivent être menés, suivis d’essais sur l’homme. Ce qui distingue cette démarche d’autres tentatives, c’est son efficacité démontrée en laboratoire. Paula Cevaal affirme : « Nous n’avons jamais rien observé d’aussi performant que ce que nous observons actuellement, en termes de capacité à identifier ce virus ». Les scientifiques à l’origine de la recherche qualifient cette avancée de « jour et nuit ». Car jusqu’à présent, aucun protocole n’avait permis d’atteindre les réservoirs viraux du VIH, ces poches silencieuses inaccessibles aux traitements.

Sida : un virus encore responsable de centaines de milliers de morts

En 2023, selon les chiffres d’ONUSIDA, 39 millions de personnes vivaient avec le VIH dans le monde. Cette même année, 630 000 d’entre elles sont décédées des suites de la maladie. La mortalité a certes diminué de 56 % chez les femmes et de 47 % chez les hommes depuis 2010, mais ces progrès restent insuffisants face à une maladie encore incurable.

Une stratégie pour en finir avec les traitements à vie ?

Si elle est confirmée, cette méthode pourrait faire disparaître l’idée même de traitement à vie. L’objectif ne serait plus de maintenir une charge virale indétectable, mais d’éliminer le virus lui-même. Reste à déterminer si cette révélation du virus par l’ARNm suffit à déclencher son élimination par l’organisme ou si elle devra être combinée à d’autres thérapies. L’enjeu est immense, les incertitudes nombreuses, mais la perspective désormais tangible.

Cette nouvelle approche ne permet pas encore de parler de guérison, mais elle modifie la carte du possible. Les prochaines années diront si cette stratégie peut quitter le laboratoire pour entrer dans les protocoles thérapeutiques. Pour la première fois, la biotechnologie offre une arme capable d’aller chercher le VIH là où il se cache.

Jade Blachier

Diplômée en Information Communication, journaliste alternante chez Economie Matin.

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