Grève SNCF : faut-il vraiment craindre le chaos le 5 juin 2025 ?

Mobilisation, divergences syndicales, promesses non tenues : les prochaines journées s’annoncent agitées sur les rails. Et si les trains circulaient… malgré la grève ?

Paolo Garoscio
By Paolo Garoscio Published on 3 juin 2025 6h00
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43,4 MILLIARDS €Le chiffre d'affaires de la SNCF a atteint 43,4 milliards d'euros en 2024.

Ce jeudi 5 juin 2025, une nouvelle mobilisation est annoncée à la SNCF. À l’appel de la CGT-Cheminots, des milliers d’agents sont invités à cesser le travail et à faire grève. Malgré les discussions entamées avec la direction, la tension ne baisse pas. Entre revendications salariales et désaccords profonds sur les conditions de travail, le bras de fer se poursuit. Alors que certains syndicats tempèrent, d’autres veulent frapper fort.

Une grève SNCF sous haute tension : alerte sur le 5 juin 2025

La CGT-Cheminots, première organisation syndicale au sein de la SNCF, maintient son appel à la grève pour le 5 juin 2025, avec une mobilisation également prévue le 11 juin 2025. En toile de fond : refonte des primes de travail, conditions de commande du personnel, agenda social au point mort. La CGT dénonce des négociations creuses. « On a choisi cette date notamment parce que la SNCF refuse de s’engager au préalable de ces réunions sur les éléments sur lesquels elle est prête à avancer. Pour l’instant, elle va discuter un peu dans le vide », affirme Axel Persson, secrétaire général CGT Cheminots de Trappes et Rambouillet interrogé par BFMTV.

Le syndicat estime que depuis 2021, les discussions autour de la prime traction sont constamment repoussées. Ce n’est qu’à l’approche des grèves que la direction accepterait de rouvrir le dialogue. La stratégie de la CGT est donc claire : maintenir la pression.

SNCF et divisions internes : un front syndical qui se fissure

Mais tous les syndicats ne marchent pas au même rythme. La CFDT reste prudente, pendant que Sud Rail et le collectif national ASCT prennent une autre voie : celle de la discrétion tactique. Ces derniers refusent de s’inscrire dans la mobilisation du 5 juin et privilégient des actions plus « imprévisibles ». Selon un tract du collectif, « les revendications sont toujours là » et « d’autres appels à la grève auront lieu prochainement »

Ce refus de suivre la CGT dans une mobilisation prévisible provoque des frictions entre syndicats historiques et collectifs émergents. Pour Sud Rail, la grève du pont du 8 mai — menée avec la CGT — s’est soldée par un échec relatif, la direction ayant mobilisé massivement des cadres volontaires (VAO) pour maintenir le trafic.

Ce constat provoque une colère froide chez les plus militants, qui y voient une trahison managériale et une stratégie anti-grève assumée. L’ambiance est donc tendue, non seulement entre cheminots et direction, mais également au sein même des collectifs syndicaux.

Le trafic SNCF du 5 juin : une grève... sans arrêt total ?

Ironie de la situation : la SNCF prévoit un trafic « quasi normal » pour les TGV et les Intercités les 4 et 5 juin. « Il n’y aura pas de suppression massive de trains à grande vitesse », indique la direction selon France Bleu. Une affirmation qui tranche avec l’ambiance d’urgence sociale affichée par les syndicats.

Le contraste est saisissant. D’un côté, un appel massif à la grève. De l’autre, une entreprise qui organise sa résilience logistique à coups de formations de cadres de bord et de réserves stratégiques. Seules certaines lignes régionales et de banlieue, comme le RER B, annoncent déjà des perturbations importantes. « Le trafic sera perturbé sur l’ensemble de la ligne mercredi et jeudi », annonce la RATP.

La carte interactive de la CGT consultable en ligne révèle une mobilisation nationale étendue : Paris, Lyon, Marseille, Bordeaux, Nantes... chaque grande agglomération prévoit des actions localisées, souvent accompagnées de manifestations interprofessionnelles. Paris, sans surprise, mais aussi Lyon, Nice ou encore Strasbourg devraient être le théâtres de manifestations dans la rue, et la liste n’est pas exhaustive. Mais si des manifestations sont prévues dans toute la France, force est de constater que le trafic ferroviaire ne devrait pas être trop catastrophique.

Une grève stratégique avant les négociations salariales de l’été ?

La lassitude s’installe. Les revendications sont connues : revalorisation des salaires, conditions de travail, pouvoir d’achat en berne, dialogue social inefficace. En parallèle, la CGT souligne que certaines concessions arrachées dans le passé ne sont jamais entrées en application.

En ligne de mire : les négociations annuelles obligatoires (NAO) prévues pour l’été 2025. La CGT veut peser dès maintenant dans la balance. La direction a promis des groupes de travail, mais n’a pris aucun engagement chiffré. Résultat : les syndicats dénoncent une stratégie dilatoire. Et l’on comprend la fébrilité : après un printemps marqué par plusieurs grèves sans grands effets visibles, les syndicats ne peuvent se permettre un nouveau mouvement sans écho.

Une grève loin du record de mobilisation… mais attention tout de même si vous prenez le train

Jeudi 5 juin 2025, il faudra ouvrir l’œil et scruter les affichages. Grève annoncée, perturbations incertaines, unité brisée. Loin d’un arrêt total, la mobilisation SNCF de juin pourrait bien ressembler à une guerre d’usure. À chaque camp de savoir manier son levier : pour les uns, celui du service garanti ; pour les autres, celui de la grogne sociale.

Paolo Garoscio

Rédacteur en chef adjoint. Après son Master de Philosophie, il s'est tourné vers la communication et le journalisme. Il rejoint l'équipe d'EconomieMatin en 2013.   Suivez-le sur Twitter : @PaoloGaroscio

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