Trois fournisseurs d’énergie – Wekiwi, Primagaz et JPME – se sont rendu coupables de manquements graves et répétés, pointe le Médiateur national de l’énergie, Olivier Challan Belval, dans son rapport annuel pour l’année 2024.
Énergie : trois fournisseurs dans le collimateur pour des pratiques scandaleuses
Wekiwi, un récidiviste notoire dans le viseur du Médiateur de l’énergie
Dans son dernier rapport annuel, le Médiateur national de l’énergie distribue une nouvelle salve de réprimandes à l'encontre des fournisseurs d'électricité. Wekiwi, filiale du groupe italien Tremagi, décroche un troisième carton rouge consécutif, un « exploit » qui témoigne de l’ampleur des dérives. Son taux de saisine a atteint un record : 25 fois plus élevé que le taux moyen de l’ensemble des fournisseurs. Le constat est sans appel : démarchage illégal, souscriptions imposées, contrats sans prix clairement indiqué, voire absence totale de réponse aux demandes des clients. À tel point que certains abonnés ignoraient jusqu’au coût réel de leur consommation.
La Direction générale de la concurrence, de la consommation et de la répression des fraudes (DGCCRF) a infligé à l’entreprise une amende de 130.000 euros en avril 2024 pour ces pratiques. Malgré les engagements pris, le Médiateur ne relâche pas sa vigilance : il « continuera à surveiller » le fournisseur, peut-on lire dans le rapport.
Primagaz : une transformation numérique qui vire au chaos pour les consommateurs
Dans un autre registre, Primagaz – fournisseur de gaz de pétrole liquéfié (GPL) – s’enlise dans une débâcle informatique aux lourdes conséquences. Depuis fin 2023, la société peine à stabiliser son nouveau système d’information. Résultat : retards de livraison en pleine saison hivernale, blocages de contrats, espace client inaccessible, facturation suspendue… et un service client tout bonnement injoignable.
Le nombre de plaintes explose : multiplié par cinq entre 2023 et 2024, il atteint 1.125 saisines. Plus préoccupant encore, 200 réclamations supplémentaires ont été enregistrées sur les seuls trois premiers mois de 2025. Dans ces conditions, changer de fournisseur devient une gageure coûteuse : frais de résiliation au-delà de 1.500 euros, opérations techniques lourdes... Une situation kafkaïenne qui méritait bien son carton rouge.
JPME : le fournisseur qui oublie de payer ses clients producteurs d’électricité
L’affaire JPME tient presque de l’absurde. Spécialisé dans le rachat de surplus de production photovoltaïque, ce fournisseur d’électricité a été épinglé pour un comportement ahurissant : il ne règle pas ses dettes envers les petits producteurs. En 2024, ce sont 188 saisines qui ont été enregistrées. Et ce n’est pas tout : « Son service client n’instruisait pas les réclamations qui lui étaient adressées, ni même ne répondait tout simplement au téléphone à ses clients ».
Pire encore, JPME a tenté de se dérober à la médiation officielle en renvoyant ses abonnés vers une association externe, le GPPEP. En novembre 2024, le Médiateur de l’énergie a saisi la Direction générale de l’énergie et du climat (DGEC) pour exiger le retrait de l’autorisation d’achat-revente d’électricité de JPME. Un acte grave, qui souligne l’incapacité du fournisseur à respecter ses engagements contractuels. Et la dégringolade se poursuit : 250 nouveaux dossiers de médiation ont déjà été ouverts au premier trimestre 2025.
La vigilance du Médiateur face à un marché toujours à risque
Ces trois cartons rouges confirment que, malgré une baisse globale des saisines en 2024 (11.678, soit –17%), certains acteurs continuent de tirer vers le bas la réputation du secteur. Le Médiateur appelle à renforcer les garde-fous législatifs, notamment via l’interdiction du démarchage téléphonique sans consentement actuellement en discussion au parlement.
Entre récidive manifeste, chaos logistique et mépris pur et simple des engagements contractuels, ces fournisseurs – tous épinglés pour des fautes précises et documentées – rappellent que la régulation du marché de l’énergie ne peut se contenter de promesses.