L’Union européenne envisage de contraindre les sociétés de location de véhicules et les grandes entreprises à n’acquérir que des véhicules électriques (VE) à partir de 2030, selon un projet révélé par Bild et confirmé par Bloomberg le 20 juillet 2025.
L’UE veut 100% de véhicules électriques dans les flottes d’entreprise d’ici 2030
Cette nouvelle réglementation, encore en cours de rédaction, s’inscrit dans une stratégie plus large visant à accélérer la transition énergétique du secteur des transports en forçant la main des entreprises très peu enclines à verdir leurs flottes. Mais elle suscite déjà une levée de boucliers politique et industrielle, notamment en Allemagne.
Véhicules électriques : les flottes d’entreprise, moteur de la transition
Ce projet législatif entend interdire l’achat de véhicules thermiques neufs par les sociétés de location et les grandes entreprises à compter du 1er janvier 2030. En ligne de mire : les flottes professionnelles, qui représentent environ 60 % des immatriculations de voitures neuves dans l’Union européenne, selon l’ONG Transport & Environment (« Corporate fleets and the EU Automotive Industrial Plan », mars 2024).
À travers cette mesure, la Commission européenne vise un double effet levier : décarboner rapidement une part substantielle du parc automobile tout en créant un second marché de véhicules électriques d’occasion plus accessible pour les ménages européens. « La meilleure manière d’accélérer la transition est d’agir sur les flottes, qui renouvellent leurs véhicules tous les trois à cinq ans », analysait Julia Poliscanova, directrice véhicules et e-mobilité chez Transport & Environment.
Flottes 100 % électriques : un calendrier progressif et des quotas intermédiaires
Selon les informations publiées par electrive.com le 21 juillet 2025, la Commission européenne envisagerait un quota progressif :
- 75 % de VE obligatoires en 2027
- 100 % dès 2030
Le texte législatif complet devrait être présenté à la fin de l’été 2025, avant d’être soumis au Parlement européen et au Conseil de l’UE. S’il est adopté, il viendrait compléter le calendrier européen qui prévoit déjà l’interdiction de vente des voitures thermiques neuves à partir de 2035.
L’Allemagne fait de la résistance contre les voitures électriques
La proposition a suscité une réaction immédiate du chancelier allemand Friedrich Merz, qui a qualifié le projet de la Commission d’« irréfléchi » et d’« inacceptable ». Dans une déclaration relayée par Reuters le 21 juillet 2025, il a affirmé : « L’Europe doit rester technologiquement ouverte, rapide et dynamique. Je ne peux pas soutenir cette approche rigide qui menace notre industrie automobile. » L’Allemagne, où les grands constructeurs comme BMW, Mercedes-Benz et Volkswagen misent encore sur l’hybridation et les motorisations alternatives, redoute que l’UE n’impose une transition précipitée, sans garanties sur les conséquences industrielles et sociales.
Les grands acteurs du secteur — tels que Leaseurope, Sixt ou encore Arval — partagent ces inquiétudes. Plusieurs études signalent que la valeur résiduelle des VE chute plus rapidement que celle des véhicules thermiques, ce qui compromet la rentabilité du modèle de leasing.
Une enquête de Reuters d’août 2024 rappelait que la dépréciation moyenne d’un VE est de ‑24 % en Allemagne et jusqu’à ‑30 % au Royaume-Uni, contre 16 à 18 % pour une voiture essence ou diesel sur une même période. « Les loueurs vont devoir compenser ce manque à gagner, ce qui entraînera probablement une hausse des mensualités pour les clients professionnels », expliquait alors Bernd Koller, analyste du secteur automobile cité par Reuters.
Le goulet d’étranglement de l’infrastructure
Autre frein majeur à une bascule rapide : le manque de stations de recharge publiques adaptées aux usages professionnels. En juillet 2025, la Commission européenne comptabilisait environ 630 000 points de recharge dans l’UE, alors que les besoins projetés pour 2030 dépassent 3 millions, selon l’Association européenne des constructeurs automobiles (ACEA).