Le 1er juillet 2025 marquera un nouveau tournant pour le marché du gaz en France, avec une évolution tarifaire doublement orchestrée : d’un côté, une baisse du prix du kilowattheure, et de l’autre, une hausse de l’abonnement. Finalement, les consommateurs découvrent une arithmétique bien moins avantageuse qu’il n’y paraît. Ajoutez à cela un changement fiscal prévu dès août 2025, et l’effet d’aubaine s’évapore presque entièrement.
Énergie : Prix du gaz en baisse en juillet 2025 ? Pas pour votre facture

Au premier regard, l’annonce semble réjouissante. Selon les données exclusives publiées par Selectra, le prix repère du gaz établi par la Commission de régulation de l’énergie (CRE) passera de 0,11 euro/kWh à 0,1072 euro/kWh au 1er juillet 2025, soit une baisse de 2,5 %. Voilà de quoi séduire les foyers chauffés au gaz... en théorie.
Gaz : une baisse de façade en juillet 2025 ?
Mais dans le même souffle, l’abonnement annuel explose : +3,89 %, pour atteindre 288,20 euros par an. Et encore, il ne s’agit que du tarif HT. En net, la réduction sur la facture moyenne annuelle (pour un foyer consommant 11.200 kWh/an) s’élèvera à 21 euros. Une économie tout juste symbolique pour une énergie en constante recomposition.
Selectra avertit : « La baisse du prix du kilowattheure est compensée, voire dépassée, par la hausse de l’abonnement. Il s'agit d'une mauvaise surprise pour beaucoup de consommateurs qui espéraient une réduction significative de leur facture. »
Une hausse de l’abonnement qui fait flamber la facture de gaz des ménages
Pourquoi cette augmentation de l’abonnement ? La réponse se trouve dans les arcanes techniques de la CRE. Dans un communiqué daté du 23 mai 2025, l'autorité explique que cette revalorisation découle du nouveau tarif ATRD7, qui encadre l’acheminement du gaz naturel par GRDF. En clair, il s’agit de la rémunération des infrastructures de transport et distribution.
La grille tarifaire de GRDF évolue donc avec une hausse moyenne de 6,1 % HT. Mais ce chiffre masque une répartition plus complexe :
- +1,15 % dus à l'inflation,
- +3 % au titre du CRCP (compte de régularisation des charges et produits), pour combler un déficit de 210,9 millions d’euros lié à une sous-estimation antérieure,
- Le reste pour couvrir les investissements dans le biométhane et la sécurisation des réseaux.
La CRE justifie cette réévaluation comme un mal nécessaire : « Ces ajustements sont destinés à maintenir la qualité du service tout en intégrant les nouveaux enjeux énergétiques de décarbonation. »
L’État va faire flamber la TVA des abonnements du gaz pour gagner un peu plus d’argent
La goutte de gaz qui fait déborder la cuve ? La loi de finances 2025, promulguée le 17 février 2025, qui prévoit une remise à niveau de la TVA. Fini le taux réduit temporaire : à partir d’août 2025, l’abonnement de gaz repassera à 20 % de TVA. Et pour cause : il s’agit, selon Bercy, d’une mesure de « mise en conformité avec le droit européen ». En somme, l’État récupère d’une main ce qu’il n’a pas réellement donné de l’autre.
Conséquence : l’abonnement, déjà revalorisé par la CRE, sera encore plus lourd sur la facture TTC, réduisant d’autant plus les effets positifs de la baisse du prix du kWh. Le ministère de l’Économie précise : « La hausse de la TVA s’appliquera automatiquement sur les contrats en cours, sans qu’aucune démarche ne soit nécessaire. »
Le marché libre : bonne nouvelle ou pas ?
Et le consommateur dans tout cela ? Pris au piège d’un marché en trompe-l’œil. Depuis la suppression des tarifs réglementés de vente du gaz en juillet 2023, les particuliers se retrouvent face à un marché dit “libre”, en réalité balisé par des grilles de référence dictées chaque mois par la CRE.
Les fournisseurs multiplient les offres à prix fixes ou indexés, mais dans les faits, la plupart s’alignent sur le prix repère établi par l’autorité de régulation. Résultat : peu d’écarts substantiels, si ce n’est sur les frais annexes.
La vigilance est donc de mise. Comme le rappelle Selectra : « Ceux qui ont souscrit un contrat à prix fixe fin 2023 risquent de payer aujourd’hui plus cher que ceux ayant opté pour une offre indexée. » Encore faut-il comprendre les subtilités tarifaires disséminées dans des CGV souvent indigestes.
Une facture au contenu de plus en plus opaque
À ces jeux d’équilibre se rajoute la complexité de lecture des factures. L’abonnement, les taxes (CTA, TICGN, TVA), l’acheminement, la fourniture, les index mensuels... Il faut presque un master en économie de l’énergie pour décrypter une facture de gaz en 2025.
Et pourtant, tout cela impacte directement le portefeuille des ménages, en particulier les plus modestes ou les locataires chauffés collectivement. La CRE a beau publier ses tarifs en toute transparence, leur lisibilité reste un chantier à part entière.