Depuis janvier 2025, une contribution sur les emballages utilisés par les boulangers refait surface, provoquant une vague d’indignation. Considérée par certains comme une « nouvelle taxe », elle n’en est pourtant pas une. Le gouvernement insiste : cette contribution existe depuis 1993, elle a simplement été simplifiée. Mais alors, pourquoi cette levée de boucliers ?
Taxe sur les emballages : pourquoi le prix de votre baguette va augmenter ?

Taxe déguisée sur les emballages : un coût supplémentaire répercuté sur les clients ?
Les boulangers doivent désormais s'acquitter d’une somme de 0,0079 euro par passage en caisse pour couvrir la gestion des emballages. Cela inclut les sacs à baguette, les boîtes à gâteaux et autres contenants destinés aux clients.
Si cette obligation existe depuis plus de 30 ans (1993), elle reposait auparavant sur un calcul plus complexe, nécessitant de déclarer le poids et le type précis de chaque emballage. La réforme vise à simplifier le processus administratif en instaurant une contribution forfaitaire.
Les fromagers-crémiers sont à 0,0216 euro et les bouchers ou autres métiers de bouche à 0,0223 euro, selon le site d’Adelphe.
Mais pour les artisans, cette simplification se traduit surtout par une charge financière immédiate et visible. Une boulangerie recevant 2 000 clients par jour devra ainsi payer environ 6 000 euros par an (15,80 euros par jour). Un coût qui s’ajoute aux nombreuses hausses déjà subies (énergie ou matières premières).
Face à cette contribution, certains boulangers envisagent d’augmenter légèrement leurs prix. Dominique Anract, président de la Confédération nationale des boulangers, suggère par exemple d’ajouter 5 à 10 centimes sur une quiche ou un flan pour absorber la hausse. D’autres professionnels préfèrent inciter les clients à ramener leurs propres sacs à pain.
Cependant, contrairement aux boulangeries, d’autres secteurs concernés, comme les fromagers-crémiers, acceptent cette mesure avec plus de résignation. « Pour la profession des fromagers-crémiers, on sait que les choix d’emballages sont de plus en plus importants pour nous et pour les consommateurs, c’est un cercle vertueux », souligne Leslie Martin, directrice qualité et formation de la Fédération des fromagers de France.
Une évolution inévitable pour l’environnement ?
Cette mesure s’inscrit dans le cadre de la loi AGEC (anti-gaspillage pour une économie circulaire), qui renforce le principe du pollueur-payeur. Depuis 2020, la responsabilité élargie des producteurs (REP) oblige les professionnels à financer la fin de vie de leurs emballages.
"Ça me fait 1 205 euros de taxe supplémentaire", déplore à Franceinfo Frédéric Gauthier, gérant de boulangerie. "C'est un cumul de charges. On a aussi les matières premières qui ont beaucoup augmenté"
Pour certains observateurs, cette réforme est une étape logique vers une réduction progressive des déchets. D’ailleurs, les clients semblent prêts à s’adapter : plusieurs témoignages montrent qu’ils sont favorables à une diminution des emballages inutiles : "S'il faut retirer le papier du pain, moi ça ne me gêne pas outre mesure", affirme l’un d’entre eux à Franceinfo.
Si le gouvernement se défend d’avoir instauré une nouvelle taxe, le sentiment d’injustice persiste chez de nombreux artisans. Pour eux, cette contribution aurait dû être prise en charge par les fournisseurs plutôt que par les commerçants de proximité. La profession demande donc une réévaluation du dispositif.