Climat et fin du monde : l’Accord de Paris est déjà un échec total, bientôt mort et enterré ?

Les scientifiques ont cessé d’alerter. Ils constatent, froidement. L’Accord de Paris ? Enterré. Le budget carbone ? Évaporé. Le climat ? Hors de contrôle. La planète ? Encore sous respiration artificielle.

Paolo Garoscio
By Paolo Garoscio Published on 19 juin 2025 5h28
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Climat et fin du monde : l’Accord de Paris est déjà un échec total, bientôt mort et enterré ? - © Economie Matin
5%Il faudrait réduire les émissions de CO2 de 5% par an pour atteindre les objectifs climatiques en France.

Fin juin 2025, les derniers rapports scientifiques disponibles convergent vers un constat brutal : le réchauffement climatique, censé être limité à +1,5 °C selon les engagements de l’Accord de Paris, atteindra ce seuil d’ici trois ans. Aucun gouvernement n’est prêt. Aucune mesure ne suffira. Et surtout, personne ne semble vouloir comprendre l’ampleur du désastre en cours.

Climat : vers une catastrophe inévitable, chiffres à l’appui

Le réchauffement de la planète n’est plus un danger futur, c’est une réalité quantifiée. En 2024, la température moyenne mondiale atteignait +1,52 °C par rapport à l’ère préindustrielle. Dans leur rapport publié le 19 juin 2025 dans Earth System Science Data, le groupe Indicators of Global Climate Change indique que +1,36 °C sont directement dus à l’activité humaine.

Le rythme d’augmentation est aujourd’hui de 0,27 °C par décennie, selon Le Figaro, contre 0,18 °C entre 2000 et 2020. Une accélération nette, vertigineuse. Cela signifie qu’en maintenant la trajectoire actuelle, le seuil de +1,5 °C sera dépassé dès 2028.

Le professeur Piers Forster (Université de Leeds) le résume ainsi dans Phys.org : « Le niveau de réchauffement et sa vitesse sont sans précédent. Nous entrons dans une zone inconnue. » Traduction : on avance à l’aveugle dans une fournaise. Et non, ce n’est pas un scénario pessimiste ou volontairement alarmiste. C’est une simple projection linéaire.

Carbone : un budget mondial déjà consommé par l’irresponsabilité humaine

Pour espérer maintenir le réchauffement sous +1,5 °C, le budget carbone mondial restant est estimé entre 130 et 143 gigatonnes de CO₂, selon le même rapport. Or, l’humanité émet aujourd’hui 46 gigatonnes de CO₂ par an, rappelle EverythingGP. Faites le calcul : moins de trois ans. C’est le délai qu’il nous reste. Et encore, si aucune nouvelle centrale à charbon ne sort de terre d’ici là ou que certains politiques ne mettent pas les roues dans la transition énergtique, notamment dans les transports.

« Les choses ne font pas qu’empirer. Elles empirent plus vite », affirme Zeke Hausfather, cité dans AP. Et il ne s’agit pas d’un effet de style, mais d’un constat basé sur les données satellitaires : le déséquilibre énergétique de la Terre a bondi de 25 % en dix ans. En d’autres termes, la planète emmagasine de la chaleur qu’elle ne peut plus dissiper.

Et les responsables ? Tout le monde et personne à la fois. Tout le monde regarde ailleurs, pendant que les dernières tonnes de CO₂ acceptables sont injectées dans l’atmosphère comme un dernier shoot avant le blackout.

Accord de Paris : chronique d’un effondrement annoncé

Quand l’Accord de Paris a été signé en 2015, il promettait de « limiter la hausse de la température à bien moins de 2 °C, et si possible à 1,5 °C ». Dix ans plus tard, les chercheurs eux-mêmes avouent que l’objectif est mort. Pierre Friedlingstein (Université d’Exeter), relayé par Le Figaro : « Il est désormais inéluctable que le seuil de 1,5 °C soit franchi au cours de la décennie. » Aucune ambiguïté. Aucune échappatoire.

Joeri Rogelj (Imperial College London) le résume dans une phrase brutale : « Le 1,5 est une limite claire, une limite politique au-delà de laquelle l’impact du changement climatique serait inacceptable pour nos sociétés. » Et cette limite, nous allons la franchir en souriant sur les plateaux télé et en défendant les moteurs diesel, les paquebots de tourisme ou encore les voyages en avion à l’autre bout du monde.

Pendant ce temps, la mer grimpe : +26 millimètres en cinq ans, le double de la moyenne du XXe siècle. Depuis 1900, 228 millimètres de montée. Les océans, eux, absorbent 91 % de la chaleur excédentaire. Mais ils ont leurs limites. Et nous sommes en train de les pulvériser. La communauté scientifique tranche froidement : « Rester sous le seuil de 1,5 °C est impossible. » Aucun conditionnel. Aucun "si". Juste un verdict.

Le réchauffement climatique n’est plus un combat. C’est une reddition. Les chiffres sont sans appel, les projections formelles, les délais inexistants. Le seuil de +1,5 °C, longtemps brandi comme ultime barrière avant le chaos, sera dépassé dès 2028.

Paolo Garoscio

Rédacteur en chef adjoint. Après son Master de Philosophie, il s'est tourné vers la communication et le journalisme. Il rejoint l'équipe d'EconomieMatin en 2013.   Suivez-le sur Twitter : @PaoloGaroscio

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