Plus de 140 vitrines prêtes à baisser le rideau. Près de 700 emplois menacés. Casa France se dirige droit vers le mur. Mais comment une telle chute a-t-elle pu se produire ?
Casa France bientôt liquidée : 700 emplois en danger

Un frisson a traversé les allées des 143 succursales françaises de Casa. L’annonce est tombée, brutale. Le réseau Casa France, spécialisé dans l’ameublement, risque fort de ne pas survivre à cet été. Le 27 juin 2025, le tribunal de commerce de Bobigny pourrait acter une liquidation judiciaire définitive. Et les offres de reprise, pourtant attendues comme une bouée de sauvetage, pourraient bien être jugées "irrecevables". C’est Casa France elle-même qui le reconnaît : "Au regard des critères exigés par la loi, les offres pourraient être jugées irrecevables".
Casa France : une chaîne française piégée par sa maison-mère belge
Tout s’est accéléré à l’automne 2024. En coulisses, la structure logistique de Casa, installée en Belgique, se fissure. Casa International, pilier de l’organisation européenne, est placée en liquidation en mars 2025. Sans elle, plus rien ne tourne : informatique, réseau de transport, gestion financière. Tout s'effondre. Et Casa France encaisse le choc. "La liquidation de Casa International en Belgique [...] a entraîné l’arrêt brutal de l’organisation opérationnelle des filiales en Europe", détaille la marque dans son communiqué.
Casa France parle d’un "choc exogène", subi et "indépendant de sa gestion". Difficile de contester. L’entreprise n’a pas piloté cette faillite, mais en paie désormais le prix fort.
Ajoutez à cela un environnement économique peu propice. Le marché de l’ameublement souffre, pris en étau entre la conjoncture immobilière déprimée et la percée des plateformes en ligne. En 2024, les ventes de meubles ont chuté de 5,1 % en France, après déjà un recul de 2,5 % en 2023 (Ipea). Casa France n’a pas été épargnée. Face à des gros concurrents comme Ikea ou Action, la chaîne a progressivement perdu du terrain. Même les enseignes traditionnelles comme Habitat ont fini par basculer, liquidée en décembre 2023 avant d’être reprise par un site d’e-commerce.
Une trésorerie positive, mais insuffisante
Ceux qui espéraient un miracle s’accrochent à un chiffre : durant la période d’observation, Casa France est parvenue à générer 15 millions d’euros de trésorerie, contre 3 au départ. De quoi payer une partie des dettes. Pas plus. Cela ne suffira pas à sauver 577 salariés en CDI et près de 100 en CDD. Ni à maintenir les 143 points de vente. Car malgré "neuf offres de reprise", aucune ne remplit les conditions exigées par la loi, selon les administrateurs. Le jugement du tribunal s’annonce malheureusement sans surprise.
Depuis plusieurs semaines, les magasins bradent leurs stocks. Les rayons se vident. Les clients s’inquiètent. Et ce n’est qu’un début.
Pour Casa France, le compte à rebours est enclenché. Sauf retournement de situation, hautement improbable, le couperet tombera le 27 juin.