Canicule record, moustique tigre prolifique… et un virus tropical qui débarque à Strasbourg. La combinaison du réchauffement et de la chaleur extrême ouvre la voie à une menace inédite.
Canicule et virus tropical : le Bas-Rhin piqué au vif

Le 27 juin 2025, un cas de chikungunya est confirmé à Lipsheim, à deux pas de Strasbourg. Le lien avec la canicule est évident : des températures élevées multiplient les moustiques tigres et accélèrent la transmission du virus.
Canicule et moustique tigre : le duo infernal
Les pics de chaleur favorisent la reproduction du moustique tigre. Ces insectes, originaires des zones tropicales, se développent plus vite, piquent davantage et vivent plus longtemps. Un constat confirmé par les autorités sanitaires : une contamination locale dans le Bas‑Rhin qui survient en pleine vague de chaleur signale un signal d’alerte majeu : le climat adapte le virus à notre territoire.
Transmission accélérée, symptômes aggravés
Le chikungunya provoque fièvre, douleurs articulaires et fatigue. Le virus circule plus rapidement sous la chaleur et la phase d’incubation se raccourcit, augmentant le risque de transmission. L’Institut Pasteur note que « la maladie n’est pas contagieuse de personne à personne », mais que le moustique agit comme un vrai relais amplificateur en période de chaleur.
Strasbourg-alerte : la température comme catalyseur
Strasbourg et ses environs viennent de subir plusieurs jours consécutifs à plus de 35 °C. Ces conditions modifient le paysage entomologique : accélération du cycle de reproduction, émergence de nouveau gîtes larvaires, stagnation d’eau stagnante. L’Agence régionale de santé (ARS Grand Est) a immédiatement lancé une campagne d’étude entomologique pour localiser précisément les nids de moustiques tigres autour de Lipsheim et Fegersheim.
Démoustication renforcée : réponse de terrain
La riposte est immédiate : deux opérations successives de démoustication sont programmées, la première dans la nuit du 1er au 2 juillet et la suivante sept jours plus tard. L’objectif : casser la chaîne de transmission dans un périmètre réduit, tandis que la chaleur persiste. Les agents utilisent des épandages ciblés selon un rayon de 150 m autour des gîtes repérés, en coordination avec les collectifs locaux.
Prévention citoyenne : la bonne réponse au climat
Les experts de Santé publique France appellent à l’élimination des eaux stagnantes : seaux, gouttières, arrosoirs doivent être vidés. Les habitants sont invités à se protéger : vêtements couvrants, moustiquaires, répulsifs pendant les heures de grande chaleur.
Strasbourg face au défi climatique et sanitaire
La vague de canicule devient un catalyseur d’épidémie. À Lipsheim, un simple cas autochtone transforme la métropole alsacienne en laboratoire climatique, où la maladie virale tropicale se teste en conditions réelles. Le climat joue ici un rôle actif : il fournit l’environnement idéal à Aedes albopictus et accélère la transmission.
Une alerte à l’échelle européenne
Ce cas d’un virus tropical survenu à la frontière nord du tropique européen interpelle toute l’Europe : changement climatique, canicules plus fréquentes, adaptation locale des vecteurs. Strasbourg, microcosme révélateur, prouve que la santé publique doit désormais intégrer les données climatiques jour après jour, comme le soulignent l’Institut Pasteur et l’ARS Grand Est dans leurs bilans.
Le chikungunya n’est plus réservé aux îles tropicales : la canicule en a fait un invité imprévu à Strasbourg. Ce cas à Lipsheim révèle l’urgence d’une approche assortie : surveillance rapprochée, actions ciblées, participation citoyenne. Car si la température change, l’épidémie aussi.