Budget 2026 : « année blanche », coupes sociales et contrat d’effort commun

Suppression de jours fériés, gel de salaires, refonte des aides… Le gouvernement engage une série de mesures inédites. Derrière ce cap budgétaire, une équation à résoudre : convaincre les Français que l’effort sera vraiment partagé.

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By Amandine Leclerc Published on 15 juillet 2025 18h19
Bayrou Budget 2026
Budget 2026 : « année blanche », coupes sociales et contrat d’effort commun - © Economie Matin

Le 15 juillet 2025, François Bayrou a présenté les grandes orientations du budget 2026, lors d’une intervention retransmise en direct depuis Matignon. Ce plan de redressement budgétaire, attendu de longue date, vise à freiner la dynamique de la dette publique en engageant un tournant rigoureux dans la gestion des dépenses de l’État. À travers cette démarche, le Haut-Commissaire au Plan souhaite construire un contrat social fondé sur la responsabilité collective, tout en s’inspirant, à certains égards, de l’exemple allemand.

« Budget 2026 » : Bayrou appelle à un effort national pour freiner la dette

« Aucun Français, aucune catégorie, aucune structure ne sera épargnée par cet effort. » Cette phrase, prononcée par François Bayrou donne le ton du budget 2026. Objectif annoncé : 40 milliards d’euros d’économies. Un chiffre vertigineux, que le gouvernement entend atteindre sans hausse généralisée des impôts, mais par une série de mesures correctrices.

Le mot-clé de l’intervention : effort partagé. Pour Bayrou, la dette publique est devenue « une malédiction silencieuse » qui « menace notre souveraineté et notre liberté politique ».

Moins de jours fériés, salaires gelés : un contrat social révisé

Parmi les annonces les plus spectaculaires : la suppression de deux jours fériés dès 2026. Ce choix vise à « augmenter le temps productif sans toucher au niveau de vie », selon les mots du Haut-Commissaire.

La fonction publique ne sera pas épargnée : une « année blanche » est instaurée, gelant embauches et revalorisations.

Les allocations sociales seront également concernées par un gel de leur indexation sur l’inflation, ce qui représenterait plus de 5 milliards d’euros d’économies.

Une fiscalité des plus aisés légèrement durcie

Interrogé lors de la conférence Le moment de vérité, François Bayrou a répondu à un journaliste du Point qu’une contribution supplémentaire sera demandée aux contribuables gagnant plus de 250 000 euros par an. « Il n’est pas question d’augmenter massivement l’impôt. Mais ceux qui gagnent plus de 250 000 euros par an devront contribuer un peu plus. »

Un geste symbolique destiné à légitimer l’équité de l’effort budgétaire.

AME, PME : recentrage des aides et filtrage budgétaire

Côté santé, l’Aide médicale d’État sera restreinte « aux soins d’urgence et pathologies graves ». Objectif : rationaliser les coûts sans compromettre l’humanité du dispositif.

Concernant les entreprises, le plan prévoit une distinction claire : les avantages fiscaux inefficaces seront supprimés, mais les PME, les start-up et les entreprises en croissance seront protégées. Bayrou l’a martelé dans : « Ce n’est pas le moment de brider les forces vives. […] Les dispositifs qui favorisent la montée en gamme, l’export, et l’innovation ne seront pas touchés. »

Une inspiration allemande… mais un mimétisme assumé ?

Bayrou assume son admiration pour le modèle de consensus budgétaire allemand, inspiré notamment par les réformes Schröder. Il appelle à « rompre avec l’illusion que l’on peut tout financer par la dette ».

Mais cette orientation soulève une question dérangeante : la France peut-elle se contenter de suivre Berlin comme un élève suit sa mère ? À force de se calquer sur l’Allemagne, le gouvernement ne risque-t-il pas de nier les spécificités françaises, notamment sociales et territoriales ? La référence constante à l’étranger, sans réflexion sur les leviers propres à la France, alimente le soupçon de dépendance stratégique.

Immigration, RSA : des angles morts budgétaires

En dépit de leur impact budgétaire reconnu, l’immigration et les abus liés au RSA sont les grands absents du discours. Pourtant, des élus de droite, comme François Sauvadet, ou encore Jean-Philippe Tanguy alertent sur les dérives constatées dans la gestion du RSA au niveau local et national.

Ils dénoncent notamment des versements sans contrepartie et l’absence de contrôle dans l’attribution des prestations. Rien n’a été proposé pour mieux cibler les bénéficiaires ou conditionner ces aides à l’activité.

Sobriété choisie ou rigueur évitée ?

Avec ce budget 2026, François Bayrou espère convaincre que l’heure est venue de trancher dans le vif. Moins de jours fériés, plus d’heures travaillées, moins d’aides généralisées : l’austérité ne dit pas son nom, mais elle s’installe. Si le plan se veut équilibré, il laisse toutefois des angles morts majeurs et des sujets tabous intacts. Reste à voir si ce projet obtiendra l’adhésion ou déclenchera, au contraire, une réaction de rejet.

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