Automobile : les objectifs de réduction de CO2 sacrifiés à cause des taxes de Trump ?

Le 7 avril 2025, en pleine escalade commerciale provoquée par de nouvelles taxes douanières américaines, le gouvernement britannique a annoncé une révision de ses normes CO2 dans le secteur automobile. Objectif affiché : amortir le choc pour les exportateurs nationaux. Une manœuvre à la fois tactique et révélatrice des tensions entre écologie et realpolitik.

Axelle Ker
By Axelle Ker Published on 8 avril 2025 9h14
industrie, automobile, normes, CO2, Royaume-Uni, taxe, douane, Trump
Automobile : les objectifs de réduction de CO2 sacrifiés à cause des taxes de Trump ? - © Economie Matin
10 %Les États-Unis ont relevé à 10 % les droits de douane sur les véhicules importés depuis le Royaume-Uni, contre 25 % pour ceux en provenance de l’Union européenne.

Comme le rapporte The Telegraph, notre voisin d’outre-Manche espère que cet assouplissement lui permettra de préserver la compétitivité de son industrie automobile, en perte de vitesse, et de faciliter la conclusion d’un accord commercial avec Washington.

Le Royaume-Uni freine sur les normes CO2 face aux douanes américaines

Face aux droits de douane de +25 % imposés par l’administration Trump sur les véhicules importés — et à un taux plancher de 10 % spécifiquement appliqué au Royaume-Uni — notre voisin d’outre-Manche a réagi avec une stratégie à double volet : diplomatique et réglementaire. Keir Starmer, Premier ministre britannique, a reconnu publiquement que « le monde a fondamentalement changé », en précisant que la conclusion d’un accord commercial avec Washington devait devenir une priorité absolue (ESG News). Le gouvernement britannique évite de mettre tous ses œufs dans le même panier et celui-ci n'hésitera pas à prendre la tangente si les relations commerciales entre l’Europe et l’Oncle Sam venaient à se détériorer davantage. Logique. La priorité — en plus de celle qui est de conclure un accord avec la Maison-Blanche — est donc clairement accordée à l’industrie automobile nationale. Comme l’a martelé la ministre des Transports, Heidi Alexander : « Nous sommes absolument conscients du fait que ce gouvernement doit faire tout ce qu’il peut pour protéger les entreprises britanniques ».

Ne faisant pas partie de l’Union européenne, les revirements stratégiques du Royaume-Uni peuvent s’opérer avec davantage de célérité. Le gouvernement britannique a ainsi décidé de réviser son Zero Emission Vehicle Mandate (ZEV) — l’équivalent britannique du calendrier des normes CO2 imposé par l’Union européenne à son industrie automobile. Concrètement, cela signifie que les amendes initialement prévues pour les constructeurs automobiles en cas de non-respect des objectifs d'émission de CO2  fixées à 15 000 livres sterling par véhicule non conforme — seront revues à la baisse, tandis que la commercialisation des véhicules hybrides restera autorisée jusqu’en 2035.

Un mandat ZEV plus flexible

Officiellement, la date de 2030 reste maintenue pour l’interdiction des nouveaux véhicules essence et diesel. Mais dans les faits, les constructeurs automobile britanniques bénéficieront d’une période de transition élargie, notamment avec la prolongation des ventes de véhicules hybrides rechargeables (PHEV – Plug-in Hybrid Electric Vehicle) et hybrides complets (HEV – Hybrid Electric Vehicle).

Comme le rapporte le média spécialisé Car2020, « les voitures pleines hybrides, telles que la Honda Civic et la MG3, seront tolérées par les règles révisées du gouvernement […] tout comme les hybrides rechargeables comme le Kia Sportage PHEV et la BMW 330E ». Les constructeurs de petite série sont également protégés : les fabricants de moins de 2 500 unités par an (comme Aston Martin, Bentley, McLaren) seront totalement exemptés du ZEV Mandate jusqu’en 2035.

Le gouvernement annonce aussi un plan de soutien public de 2,3 milliards de livres sterling (environ 2,7 milliards d’euros) destiné à la production et à l’adoption de véhicules électriques, complété par plus de 6 milliards de livres d’investissements privés dans les infrastructures de recharge, précise ESG News.

Axelle Ker

Diplômée en sciences politiques et relations internationales, journaliste chez Économie Matin & Politique Matin.

No comment on «Automobile : les objectifs de réduction de CO2 sacrifiés à cause des taxes de Trump ?»

Leave a comment

* Required fields