Scandale de la vie privée, procès évité, milliards versés. Un accord discret met fin à l’un des procès les plus explosifs de l’histoire numérique contemporaine : celui de Facebook dans le scandale Cambridge Analytica.
Données personnelles : Facebook solde le scandale Cambridge Analytica

Le 17 juillet 2025, Facebook, aujourd’hui connu sous le nom de Meta Platforms Inc., a mis un terme à un procès d’actionnaires de plusieurs années lié au scandale Cambridge Analytica, en acceptant un règlement massif de huit milliards de dollars. Cet accord met fin à un litige majeur qui menaçait directement son fondateur, Mark Zuckerberg, et sa numéro deux historique, Sheryl Sandberg, d’une comparution publique sous serment.
Facebook : Retour sur le scandale Cambridge Analytica
En mars 2018, le nom Cambridge Analytica explose dans la presse mondiale. Cette société britannique spécialisée dans le profilage électoral est accusée d’avoir exploité illégalement les données personnelles de plus de 87 millions d’utilisateurs de Facebook, sans leur consentement, à des fins de ciblage politique.
Cette fuite massive de données est rendue possible par un défaut de supervision de Facebook sur ses API, qui permettaient aux développeurs tiers de collecter des informations via des quiz ou applications, puis de les vendre ou transférer à des entités tierces. Le Guardian et The New York Times révèlent simultanément l’ampleur de la manipulation, mettant en cause la responsabilité directe du réseau social dans cette violation systémique de la vie privée.
En 2019, la Federal Trade Commission (FTC) impose une amende record de 5 milliards de dollars à Facebook pour non-respect de ses engagements de confidentialité pris en 2012. Mais pour de nombreux actionnaires, cette sanction financière ne reflète ni la gravité des faits ni la responsabilité personnelle de ses dirigeants.
Cambridge Analytica : un procès évité de justesse pour Mark Zuckerberg
Le procès intenté par les actionnaires devait débuter le 22 juillet 2025, devant un tribunal californien. L’enjeu était considérable : il s’agissait de déterminer si Mark Zuckerberg, fondateur et patron de Meta, et d'autres hauts dirigeants avaient failli à leur devoir fiduciaire en fermant les yeux sur les pratiques de collecte abusive des données personnelles.
Selon les documents judiciaires cités par CNN, les plaignants accusaient Zuckerberg d’avoir transformé Facebook en une « machine d’exploitation illégale de données à des fins de profit ». Le procès devait également examiner le rôle du conseil d’administration, et notamment de l’investisseur Marc Andreessen, cité comme témoin clé.
Mais trois jours avant l’ouverture des audiences, un accord confidentiel a été conclu. Meta accepte de verser 8 milliards de dollars (soit environ 7,4 milliards d’euros) pour éteindre l’action en justice. En échange, les dirigeants concernés, dont Zuckerberg et Sandberg, sont dispensés de comparaître sous serment.
Une transaction record et des critiques persistantes
L’accord signé est le plus important règlement amiable d’actionnaires de l’histoire de la tech, selon France 24. Il dépasse de loin les précédents compromis négociés pour éviter des procès en responsabilité de dirigeants dans la Silicon Valley.
Mais cette issue transactionnelle ne fait pas taire les critiques. Pour certains activistes et juristes, Facebook a une nouvelle fois évité une mise en cause frontale de ses pratiques structurelles. « Cet accord permet à Meta de refermer discrètement un dossier explosif sans jamais remettre en cause son modèle économique basé sur la captation des données », relève le New York Post, qui cite plusieurs experts en régulation.
Du côté de Meta, l’entreprise affirme avoir depuis engagé des milliards de dollars dans la refonte de ses infrastructures de protection de la vie privée et dans la surveillance des développeurs tiers. Mais aucune sanction personnelle n’a été prise à l’encontre des dirigeants. Aucun témoignage public sous serment n’aura lieu. Alors que le scandale Cambridge Analytica avait créé un précédent historique sur la question des données personnelles, l’épilogue judiciaire du dossier Facebook ne donnera aucune réponse.