Où va le dollar?

Le premier semestre 2025 a été marqué par une faiblesse du dollar américain. Avec des défis budgétaires qui restent importants aux États-Unis et une croissance destinée à ralentir, la faiblesse généralisée du dollar américain devrait se poursuivre au second semestre.

Panseri
By Claudia Panseri Published on 18 juillet 2025 5h00
Trump, tarifs douaniers et chaos économique : le dollar au bord du gouffre
Où va le dollar? - © Economie Matin
1,20 DOLLARLa valeur d'un euro a frôlé les 1,20 dollar.

Le ralentissement macroéconomique devrait continuer de peser sur le dollar, mais dans une moindre mesure qu’au premier semestre. Nous prévoyons que la croissance américaine baissera légèrement en dessous de 1 % en glissement annuel au quatrième trimestre. Nous prévoyons également que le taux de chômage américain atteindra 4,8 % l’année prochaine. À mesure que cette hausse deviendra plus visible, elle devrait exercer une pression supplémentaire à la baisse sur le dollar, les investisseurs s’interrogeant sur la rapidité avec laquelle la politique monétaire américaine devra revenir à une position neutre, ouvrant ainsi la voie à des taux directeurs sous 3,0 %. Cependant, les attentes de croissance étant déjà faibles, il est peu probable que les prochaines publications de données obligent les économistes à revoir encore leurs prévisions à la baisse, contrairement à ce qui s’est produit plus tôt cette année.

La hausse des droits de douane devrait exercer une pression haussière sur l’inflation, mais cet effet devrait rester temporaire.

Sur le front de l’inflation, les économistes anticipent déjà une accélération de l’inflation américaine vers 3,3 % d’ici la fin de l’année. Nous estimons pour notre part que l’inflation pourrait même atteindre 3,5 % en glissement annuel au quatrième trimestre 2025. Il convient toutefois de rappeler que la transmission des droits de douane à l’inflation reste complexe et loin d’être automatique. Par ailleurs, un éventuel ralentissement de l’économie américaine pourrait exercer des forces compensatrices, limitant ainsi la progression des prix.

La banque centrale américaine devrait baisser ses taux en septembre.

Compte tenu du ralentissement économique, nous prévoyons une réduction des taux directeurs de la Fed de 75 points de base d’ici la fin de l’année, et un assouplissement monétaire cumulé de 100 points de base sur les douze prochains mois, conformément aux anticipations du marché. Ce point est déterminant pour le marché des changes : pour qu’une nouvelle dépréciation significative du dollar se matérialise, il faudrait probablement un ajustement encore plus prononcé des anticipations de politique monétaire de la Fed.

Plusieurs autres éléments continuent d’exercer une pression baissière sur le dollar. Les politiques de Trump – notamment la possible nomination d’un nouveau président de la Fed, la dynamique des droits de douane et le plan budgétaire américain – joueront également un rôle déterminant dans l’évolution de la devise américaine.

La prochaine phase de repli du dollar devrait être moins marquée.

Dans l’ensemble, nous pensons que les facteurs mentionnés ci-dessus entraîneront une dépréciation du dollar de l’ordre de quelques pourcents sur notre horizon de prévision (juin 2026), avec des risques orientés vers une baisse encore plus prononcée. Cela justifie le maintien de la couverture des expositions au dollar au second semestre. Cependant, étant donné que les anticipations de croissance américaine ont déjà été revues à la baisse et que le dollar intègre déjà une forte diminution des rendements américains par rapport au reste du monde, la prochaine phase de repli du dollar pourrait être moins prononcée. Ce sont les données économiques réelles américaines qui devraient déterminer l’ampleur des mouvements de la devise américaine, car elles guideront la politique monétaire de la Fed.

L’euro : regain d’attractivité sur les marchés ? Nous pensons que l’euro est la devise de référence pour de nombreux investisseurs qui prennent des positions vendeuses sur le dollar. Nous continuons de prévoir une évolution de l’EUR/USD dans une fourchette de 1,15 à 1,20 au second semestre de l’année et privilégions l’allègement de l’exposition au dollar ou l’augmentation des ratios de couverture lors de tout rebond du dollar vers la borne basse de cette fourchette (1,15).

Au cours des dernières semaines, l’euro s’est renforcé, non seulement face au dollar américain (USD), mais aussi face à la couronne suédoise (SEK) et à la couronne norvégienne (NOK).

La probable fin du cycle d’assouplissement de la BCE, combinée à un plan budgétaire allemand plus ambitieux dès le départ et à un sommet de l’OTAN réussi, ont encore soutenu la monnaie. Après une telle progression, nous nous attendons à ce que l’euro cède un peu de terrain face à ses homologues européens. Sur les paires croisées, nous identifions les meilleures opportunités sur les deux devises scandinaves — la NOK et la SEK — ainsi que sur le dollar australien (AUD). La NOK et l’AUD offrent également un portage attractif face à l’euro, ce qui n’est pas le cas pour la couronne suédoise (SEK). Les autres paires du G10, telles que EUR/CHF, EUR/GBP et EUR/JPY, sont restées dans leurs fourchettes habituelles ces dernières semaines, et nous n’anticipons pas de mouvements majeurs dans un sens ou dans l’autre, sauf en cas de regain d’incertitude sur les marchés.

Panseri

Chief Investment Officer chez UBS WM France

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