Un chiffre colossal annoncé, des choix budgétaires tranchés, des arbitrages déjà contestés. Derrière les milliards, une stratégie économique assumée. Mais à quel prix ?
Budget 2026 : augmentation des dépenses publiques de 29 milliards d’euros

Le 16 juillet 2025, le gouvernement a dévoilé le cadre budgétaire prévisionnel de la loi de finances 2026, affichant une augmentation des dépenses publiques de 29 milliards d’euros. Ce montant porte le total à 1 722 milliards d’euros, soit une hausse maîtrisée selon l’exécutif, en comparaison aux 60 milliards d’augmentation « spontanée » anticipés sans régulation. Derrière cette présentation se cache une série de réallocations brutales, d’ajustements sectoriels et d’un plan d’économies massif.
Un budget 2026 sous le signe de la modération budgétaire
Le budget 2026 est présenté comme un exercice de maîtrise des dépenses publiques, malgré une hausse nette de 29 milliards d’euros. Le document intitulé « Plafonds de dépenses du projet de loi de finances pour 2026 » établit une projection budgétaire qui aurait atteint 1 752 milliards d’euros sans régulation, en intégrant notamment les engagements nouveaux en matière de défense budget.
D’après l’exécutif, ce différentiel de 30 milliards d’euros constitue « un effort de modération », rendu nécessaire par la dynamique structurelle des dépenses de santé et la montée de la charge de la dette publique.
Défense revalorisée, social en recul : une bascule assumée
Certains ministères sont renforcés, d’autres réduits drastiquement. La mission défense obtient 6,7 milliards d’euros supplémentaires, une des rares progressions notables. La sécurité (+400 millions) et la justice (+200 millions) suivent timidement.
À l’inverse, les dépenses sociales subissent une contraction brutale :
- Solidarité, insertion et égalité des chances : –1,7 milliard.
- Travail, emploi et administration des ministères sociaux : –1,3 milliard.
- Cohésion des territoires : –900 millions.
- Aide publique au développement : –700 millions.
- Agriculture et affaires rurales : –200 millions.
Même la mission écologie n’échappe pas à la réévaluation de périmètre, bien qu’elle bénéficie de 600 millions d’euros de revalorisation.
François Bayrou en première ligne : rigueur et symboles
Le 15 juillet 2025, François Bayrou a présenté, au nom du gouvernement, un plan d’économies de 43,8 milliards d’euros. Il s’agit d’un montant global incluant à la fois des baisses de dépenses mais aussi des hausses de recettes fiscales prévues, sans création de nouvel impôt.
Deux leviers principaux :
- Gel du barème de l’impôt sur le revenu ;
- Contribution temporaire des plus fortunés, à hauteur encore non précisée.
Ce programme vise à donner une colonne vertébrale à la réduction des dépenses et à rassurer les marchés. Il s’inscrit dans une logique de réduction du déficit structurel, sans rupture brutale.
Montchalin assume la ligne de fracture sociale
Interrogée sur France 2, Amélie de Montchalin, ministre des Comptes publics, a déclaré : « Ce budget (...) est, au fond, un budget de ralentissement de nos dépenses. Les dépenses publiques (...) auraient dû augmenter de 60 milliards ; ce qu’on propose aux Français, c’est qu’elles n’augmentent que de 30 milliards. »
Ce choix de prioriser certains secteurs comme la défense, tout en réduisant fortement les dépenses de solidarité et d’insertion, a été immédiatement critiqué. Certains observateurs dénoncent une régression sociale masquée sous l’objectif de maîtrise budgétaire.
Collectivités, les grandes contributrices silencieuses
Le plan impose aux collectivités locales de contribuer à l’effort de redressement des comptes publics à hauteur de 5,3 milliards d’euros. Une orientation qui pourrait affecter les services de proximité, selon plusieurs élus locaux, notamment en matière de mobilité, logement social ou soutien à l’emploi local.
Derrière les chiffres et l’apparente stabilité du budget 2026, c’est une politique économique assumée qui se dessine : recentrage stratégique, sacrifice social, et pression sur les équilibres locaux. Le pari du gouvernement ? Afficher une rigueur sans brutalité, mais les choix opérés, eux, ne manqueront pas de relancer le débat politique sur la nature des arbitrages et la place de la justice sociale dans la maîtrise des comptes.