La générosité des Français montre quelques signes d’essoufflement. En 2024, la progression des dons a atteint un plancher historique. Dans un contexte d’incertitudes économiques et politiques, les associations doivent réinventer leur stratégie pour ne pas perdre la manne financière qui les fait vivre.
Dons en baisse : les associations face à la baisse de la générosité des Français

Les associations sous pression
Les signaux d’alerte se multiplient pour les acteurs de la solidarité. En 2024, d'après un baromètre Novos pour le syndicat des associations et des fondations, la hausse des dons n’a atteint que 1,9%, un chiffre historiquement bas. Ce taux est inférieur à l’inflation annuelle, ce qui signifie que, en termes réels, les dons ont en fait reculé. Le ralentissement s’est accentué en fin d’année, une période pourtant cruciale pour les collectes, avec des baisses marquées dès novembre.
Les dons ponctuels, historiquement portés par les générations les plus âgées, s’essoufflent. Le nombre total de donateurs diminue, et l’âge médian des personnes qui donnent atteint désormais 62 ans. Les jeunes générations, quant à elles, sont moins enclines à soutenir régulièrement les causes associatives, malgré leur sensibilité aux urgences humanitaires.
Entre fragilité économique et changement de modèle
Les raisons de cette baisse sont multiples. D’un côté, le contexte politique instable, avec trois Premiers ministres en un an, a pesé sur la confiance des ménages. De l’autre, l’inflation et les craintes de récession contraignent les Français à faire des choix budgétaires plus stricts, reléguant souvent les dons au second plan.
Face à cette conjoncture, les associations revoient leurs priorités. Les canaux traditionnels, comme le courrier ou le téléphone, montrent leurs limites. Le digital, lui, progresse nettement et s’impose comme un levier de mobilisation, en particulier pour les jeunes. Les campagnes en ligne ont représenté près d’un tiers des dons ponctuels en 2024, et ont prouvé leur efficacité en cas d’urgence, comme lors du cyclone à Mayotte.
Dons : un tournant stratégique pour le secteur
L’enjeu désormais est clair : fidéliser une nouvelle génération de donateurs. Pour cela, les structures misent sur des formats plus adaptés aux modes de vie contemporains, tels que les prélèvements automatiques, les microdons ou encore les dons via les entreprises. Les campagnes de rue et les événements de proximité sont aussi réactivés pour capter l’attention du grand public.
Mais cette transformation ne va pas sans difficultés. L'excès de sollicitations, parfois mal ciblées, peut lasser ou décourager. Certaines associations redoutent une "fatigue informationnelle" qui nuirait à l'efficacité de leurs actions. L’avenir du financement associatif passera donc par un dosage subtil entre innovation, sobriété et relation de confiance avec les donateurs.