« La mort du bureau ? » Souvenez-vous de ces articles en mars 2020 qui questionnaient l’avenir du bureau. C’était il y a un peu plus de cinq ans. Nous avons tous en tête cette allocution présidentielle : « Nous sommes en guerre ».
COVID : 5 ans après, que reste-t-il du « bureau » ?

Depuis : le retour de -la vraie- guerre en Ukraine, l’inflation (un mot presque inconnu pour les plus jeunes), la perturbation économique qui en a découlé, la fin de l’argent facile et la brutale hausse des taux directeurs, la nouvelle guerre commerciale entre la Chine et les États-Unis, sans oublier une classe économique française en perte de repères… Autant de bouleversements qui ont affecté les entreprises françaises, bousculant leurs modèles et leurs
certitudes.
5 ans après le premier confinement, qu’est devenu le bureau ? 5 ans après l’apprentissage forcé du travail à distance, quelles sont les aspirations des Français concernant leur lieu de travail ? Le bureau n’est certainement pas mort, mais bel et bien transformé.
Le télétravail en baisse de 35%
Le télétravail, adopté dans l’urgence de la pandémie, a connu des annonces aussi extrêmes que contradictoires. En 2020, le directeur immobilier de Peugeot annonçait une réduction drastique des espaces de bureaux, pariant sur un télétravail massif. Quatre ans plus tard, plusieurs grandes entreprises, comme Amazon ou Ubisoft, proclamaient la fin du travail à distance et le retour en masse des salariés au bureau, illustrant les extrêmes de ce débat.
Le télétravail est entré avec fracas dans les mœurs et n’en sortira pas. Les dirigeants, directeurs et chargés de ressources humaines au sein d’entreprises de 10 salariés et plus ont une bonne image du télétravail, 96% lui reconnaissent des avantages.
Toutefois, les dernières études, comme celle de l’IFOP, montrent que le télétravail ne cesse de diminuer depuis quatre ans, passant de 2,3 jours par semaine en 2021 à 1,5 jours en 2024, soit une baisse de 35% !
Aujourd’hui, la question n’est plus d’être pour ou contre le télétravail, mais quelle quantité – combien de jours par semaine/par mois ? - et quelle organisation – quels jours, imposé ou choisit librement, dans la semaine ? -. Chaque entreprise, en fonction de sa taille, son activité, son secteur géographique, cherche la bonne réponse.
De nouvelles habitudes et de nouveaux mots
Si le bureau physique a survécu, certaines pratiques ont été radicalement transformés.
La bise entre collègues, symbole des interactions informelles en entreprise, a été balayée par les gestes barrières et ne s’est jamais réellement imposée de nouveau. De nouveaux termes se sont imposés dans le lexique du monde du bureau d’aujourd’hui : « TT » pour télétravail – avec une référente implicite, et peu fortuite au RTT, « présentiel », « distanciel », ou encore « hybride ».
La cantine d’entreprise s’est profondément modifiée. Le régulier plateau au self de la cantine, 5 jours par semaine, a été enrichie par un panaché de livraison au bureau, restaurant, déjeuner à la maison en télétravail, Il ne reste que 2 à 3 jours de cantine par semaine…avec en sous-jacent, l’explosion du ticket restaurant, permettant cette flexibilité.
Le vendredi, est devenu un jour à part, où l’affluence dépasse rarement 50% du capacitaire. D’ailleurs, il est de plus en plus rare d’organiser des grandes réunions le vendredi. Le quartier d’affaires de La Défense a d’ailleurs récemment déployé une campagne d’affichage visant, afin de soutenir commerçants et restaurateurs, à encourager les salariés à revenir au bureau le cinquième jour.
Immobilier d’entreprise, le spectre des bureaux fantômes
Avec la hausse du télétravail en 2020, la demande placée (la somme des surfaces prises à bail) a encore reculé de 11% l’année dernière, après une précédente chute de 17% en 2023. En février, l’ORIE révélait qu’en Île-de-France, 5,6 millions de mètres carrés de bureaux étaient vides.
La capitale, avec un taux de vacance de 2% pour ses bureaux, est proche de la saturation. Le quartier d’affaires de la Défense peut tirer son épingle du jeu et représente aujourd’hui une alternative simple et efficace du fait de la stabilisation de ses prix et de sa capacité à se réinventer.
En revanche, l'immobilier tertiaire subit une correction, dans la foulée de la hausse des taux directeurs. Lors du dernier salon SIMI, la baisse des allocations en immobilier de bureau était manifeste. Mais s’agit-il vraiment d’une crise ou plutôt d’un retour à la normale après les années fastes de l’argent facile ?
En moyenne, la valeur des immeubles de bureaux a chuté de 30 % à 50 %. L'exemple de PREAMIA, dirigé par Marc Bertrand, illustre cette tendance avec une transparence rare : leurs actifs ont perdu 42 % de leur valeur selon Business Immo.
La transformation de la vie de bureau, portée par le développement de nouveaux services d’hospitality management, est et restera essentielle pour l’avenir du marché de l’immobilier d’entreprise. Désormais, au-delà de l’aménagement des espaces, c’est la capacité des entreprises à créer un environnement de travail attractif et propice au collectif qui fera la différence entre des bureaux vides et des bureaux vivants. Transformé par la pandémie et ses conséquences, le bureau continue d’évoluer sous l'effet de nouveaux modes de travail et de nouvelles attentes. Les entreprises, les salariés et les investisseurs s'ajustent à ces nouvelles réalités, redéfinissant ce que signifie « aller au bureau ». La suite s’annonce passionnante…