La filière aéronautique française s’est offert un millésime 2024 à contre-courant des incertitudes mondiales. Au-delà des chiffres, les lignes de force de cette industrie stratégique disent tout d’un secteur qui refuse de voler en rase-mottes.
Aéronautique : carton plein pour la filière française en 2024 !

Ce mercredi 7 mai 2025, le Groupement des Industries Françaises Aéronautiques et Spatiales (GIFAS) a présenté le bilan 2024 de la filière. À quelques semaines de l’ouverture du Salon du Bourget, prévu du 16 au 22 juin 2025, l’organisation livre un panorama globalement positif de l’aéronautique française, qu’il s’agisse du Civil, du Spatial ou de la Défense.
78 milliards d'euros de chiffre d'affaires en 2024
Sur le plan économique, l’industrie aéronautique française affiche une performance remarquable pour l'année 2024, selon les données publiées par le GIFAS, mardi 6 mai 2025 : son chiffre d’affaires a atteint 78 milliards d’euros, ce qui équivaut à une hausse de 10 % par rapport à l’année précédente. Ce rebond est largement porté par le dynamisme des marchés internationaux, qui représentent 82 % des ventes totales du secteur, précise le Groupement des Industries Françaises Aéronautiques et Spatiales (GIFAS).
La dépendance au commerce extérieur, structurelle depuis plusieurs décennies, s’est accentuée au point de devenir un levier de croissance aussi indispensable qu’elle constitue le talon d’Achille pour la filière aéronautique française. Comme ne manque en effet pas de le souligner le GIFAS, cette ouverture constitue à la fois une force et un risque, en raison notamment des « incertitudes géopolitiques et des tensions commerciales : droits de douane, transfert de technologies ».
Le rapport du GIFAS indique par ailleurs qu’en 2024, 29 000 recrutements ont été enregistrés dans la filière aéronautique, portant le total des effectifs à 222 000 salariés. Des embauches massives, qui traduisent une reprise d’activité solide et une volonté claire de reconstituer les compétences mises à mal pendant la crise sanitaire.
L’aéronautique civile en tête, les commandes militaires françaises en retrait
Avec une part de 74 % dans le chiffre d’affaires global, l’aviation civile confirme son statut de pilier de cette industrie. Les constructeurs bénéficient d’un carnet de commandes garni, stimulé par la demande mondiale et les impératifs de renouvellement des flottes. Le groupe Airbus, en particulier, a réalisé un bénéfice net de 4,2 milliards d’euros, soit une progression de 12 % sur l’année 2024 par rapport à 2023.
Le segment de la Défense de l'aviation, en revanche, révèle un paradoxe. D’un côté, le chiffre d’affaires a progressé de 13 %, mais de l’autre, les commandes publiques françaises ont chuté de 33 % en 2024, comparé à 2023. Cette désaffection de l’État est d’autant plus frappante qu’elle contraste avec les annonces gouvernementales répétées en faveur d’une montée en puissance de l’appareil industriel dans le cadre d’une économie de guerre.
Spatial : progrès discret et tensions persistantes dans la chaîne logistique
Enfin, le Spatial, souvent perçu comme le parent pauvre de l’aéronautique, a lui aussi enregistré un léger rebond. En 2024, le secteur a connu une croissance de 2,6 %, malgré les pressions exercées par les concurrents américains et les difficultés opérationnelles de plusieurs acteurs européens. Cette progression reste modeste, mais elle témoigne d’une certaine résilience, notamment dans les segments liés aux satellites institutionnels et à la sécurité.
Parallèlement, la chaîne d’approvisionnement, encore marquée par les séquelles de la crise sanitaire, fait face à des tensions persistantes. Le manque de matières premières critiques comme le titane ou certains aciers spéciaux, ainsi que les perturbations sur les composants électroniques, freinent la montée en cadence souhaitée. Quoi qu’il en soit, ces chiffres sont des plus encourageants : ils confirment que la filière aéronautique est non seulement revenue à son niveau d’avant la crise sanitaire, mais l’a même dépassé.