Une simple formule de politesse, un « bonjour » bienveillant ou un « merci » auprès d’une intelligence artificielle générative telle que ChatGPT cache en réalité un coût astronomique, tant du point de vue économique qu’énergétique.
ChatGPT : OpenAI perd chaque seconde des millions à cause de ses utilisateurs

« Par pitié, arrêtez d’être poli ! » C’est du moins le message sous-entendu qu’a fait passer Sam Altman, directeur général d’OpenAI, lorsqu’un internaute l’a interrogé, le 15 avril 2025, sur le réseau social X (ex-Twitter), concernant l’impact financier que représentent tous nos petits mots ou formules de politesse adressés à ChatGPT.
ChatGPT : la politesse coûte très cher à OpenAI
Sam Altman a répondu laconiquement au message de l'internaute : « Des dizaines de millions de dollars bien dépensés – on ne sait jamais ». Un simple « s’il te plaît » ou un « merci » n’est pas sans effet, loin s’en faut. Cette habitude, que nombre d’utilisateurs de l’intelligence générative développée par OpenAI – et plus largement de toutes les IA – coûte cher, très cher, d'un point de vue économique, environnemental, mais aussi à tout ce qui touche de près ou de loin les IA (réseaux électriques). En alourdissant inutilement les prompts envoyés à ChatGPT, les utilisateurs augmentent significativement la charge de travail des modèles linguistiques. L'IA générative ne fait pas la différence entre une requête fonctionnelle et une marque de civilité : chaque mot est analysé, segmenté, traité comme un élément d’information à part entière.
tens of millions of dollars well spent--you never know
— Sam Altman (@sama) April 16, 2025
La cause ? Le processus de tokenisation. Chaque message est décomposé en unités appelées « jetons », et la moindre formule de politesse en ajoute inutilement. Multipliez cela par les 365 milliards de messages annuels estimés par OpenAI, et l’accumulation devient explosive (Numerama). Dans un exemple cité par nos confrères, la question « Quelle est la superficie de la France, en incluant la France d’outre-mer ? » génère 19 tokens. Mais si l’on ajoute « Bonjour ChatGPT » au début et « merci » à la fin, le total grimpe à 31 tokens. Soit une hausse de plus de 60 % du coût de traitement pour une requête identique en contenu.
« Une habitude anodine qui détruit la planète »
Les multiples requêtes contenant des formules de politesse n’alourdissent pas seulement la charge des serveurs d’OpenAI : elles font littéralement exploser la consommation énergétique de son intelligence artificielle, ChatGPT. Cette inflation est renforcée par l’ampleur de l’usage. Avec 300 millions d’utilisateurs hebdomadaires estimés à la fin de l’année 2024, la moindre syllabe superflue devient un fardeau pour ChatGPT. Et ce coût, OpenAI doit bien le compenser : en matériel, en électricité, en refroidissement de ses installations. Une surconsommation inutile donc, d’autant qu’elle est très facilement évitable.
L’ironie, est que ChatGPT valorise lui-même la politesse. Interrogée sur le sujet, l’IA affirme que la civilité rend les échanges plus agréables et que la courtoisie est toujours bienvenue. D’un côté, donc, ChatGPT incite à allonger les requêtes — alimentant ainsi un mode de fonctionnement qu’OpenAI cherche pourtant à rationaliser. Un utilisateur peut-il faire la différence ? Sur ce point, la réponse est nuancée. Supprimer un « bonjour » dans une requête ne changera rien à l’échelle individuelle. Mais à l’échelle collective, l’effet est tout sauf anodin. Nos confrères de Les Numériques vont encore plus loin, dénonçant « une habitude anodine qui détruit la planète».
Chaque mot supplémentaire mobilise davantage de traitement algorithmique, ce qui entraîne une consommation accrue de bande passante, d’énergie et de puissance de calcul. En somme, plus les prompts s’allongent, plus ils pèsent sur l’infrastructure d’OpenAI. Et c’est là tout le paradoxe : la civilité envers les intelligences artificielles génératives finit par compromettre l’efficacité même du dialogue. Autrement dit, il ne sert à rien d’être poli avec ChatGPT — ni avec aucune autre IA du même type. Mieux vaut aller droit au but, c’est-à-dire éviter tout détour inutile dans vos requêtes.