L’industrie de l’armement en Allemagne vit une époque de prospérité sans précédent. Portée par une conjoncture géopolitique tendue et une demande croissante pour des équipements militaires, l’Allemagne s’impose aujourd’hui comme un acteur majeur sur la scène mondiale.
L’industrie de l’armement allemande, nouvel incontournable mondial
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Published on 3 juillet 2025 14h00
En 2024, les exportations de l'industrie de l'armement allemande ont plus que doublé par rapport à 2020, atteignant un total de 13,2 milliards d’euros. Cette croissance fulgurante place l’Allemagne parmi les leaders mondiaux de l’industrie de la défense, soutenue par des entreprises telles que Rheinmetall et Hensoldt, dont les actions ont explosé en bourse.
Une croissance fulgurante des exportations
En 2024, l’Allemagne a enregistré un total d’exportations militaires d’une valeur de 13,2 milliards d’euros, plus du double par rapport à 2020 où ce montant s’élevait à 5,82 milliards. Cette dynamique s’est poursuivie en 2025, avec un premier trimestre affichant des exportations pour 1,5 milliard d’euros. Parmi les principaux bénéficiaires, l’Ukraine se distingue, recevant des équipements d’une valeur de 573 millions d’euros, notamment des chars Leopard, des systèmes de défense Patriot et des équipements d’artillerie. Ces exportations font de l’Allemagne l’un des principaux fournisseurs d’armement de l'Ukraine depuis l'invasion russe en 2022.
Les exportations vers l’Ukraine représentent désormais 65 % des ventes d’armement allemandes, une tendance qui reflète la forte dépendance de l’Ukraine aux armes occidentales pour sa défense. Parallèlement, l’Allemagne se positionne comme le cinquième plus grand exportateur mondial d’armement, derrière des pays comme les États-Unis et la Russie, avec une part de marché de 19 % pour l’Ukraine, 19 % pour l’Égypte et 11 % pour Israël entre 2020 et 2024.
Les géants de l'armement allemand sur un nuage boursier
L’essor de l’industrie de la défense allemande profite largement aux entreprises du secteur. Rheinmetall, le plus grand fabricant d’armement du pays, connaît une envolée spectaculaire de ses actions. Depuis le début de la guerre en Ukraine, l’action de Rheinmetall a été multipliée par plus de 12, enregistrant une hausse de plus de 1 100 %. En 2024, le groupe a généré un chiffre d’affaires de 9,7 milliards d’euros, dont plus d’un tiers réalisé sur le marché européen. Cette performance remarquable est soutenue par une demande toujours croissante pour des véhicules blindés et des munitions.
MTU Aero Engines, autre acteur majeur, a vu ses revenus militaires augmenter de 13 % en 2024, grâce aux moteurs de l'Eurofighter, un avion de chasse utilisé par plusieurs armées européennes ainsi que par celles de pays du Moyen-Orient. Hensoldt, spécialisée dans la technologie de défense électronique, connaît également un succès croissant, avec 87,8 % de ses revenus générés par des clients européens. Ces résultats exceptionnels témoignent de la forte demande en équipements militaires, soutenue par les politiques de réarmement des pays européens, notamment sous l’impulsion de la guerre en Ukraine.
Un soutien étatique renforcé
L’État allemand a joué un rôle clé dans l’essor de cette industrie. Le gouvernement a adopté une politique active de soutien à l’exportation d’armement, notamment en direction des pays partenaires de l’Union européenne, de l’OTAN et de l’Ukraine. Cette politique a permis des ventes records, notamment vers des pays comme Israël et l’Ukraine, mais elle a aussi suscité des controverses, notamment en raison des accusations de violations des droits de l’homme liées aux conflits au Moyen-Orient et en Ukraine.
En mars 2025, l’Allemagne a renforcé ses engagements en matière de défense, avec un plan historique de réarmement prévoyant des investissements massifs dans les infrastructures militaires. Ce soutien à l'industrie s'accompagne également de réformes visant à accélérer le processus d'exportation, en simplifiant les procédures administratives pour permettre une livraison plus rapide des équipements.
Une politique de défense qui divise
L’essor de l’industrie allemande de l’armement, bien qu’impressionnant, soulève des questions éthiques et politiques. Les exportations d’armement vers Israël, malgré les accusations de violations des droits de l’homme, ont provoqué des débats internes. Certains partis politiques, notamment à l’extrême gauche et à l’extrême droite, appellent à la cessation des ventes d’armement à Israël et à l’Ukraine, estimant que ces actions alimentent les conflits.
Le gouvernement, bien qu’ayant historiquement soutenu Israël, se trouve dans une position délicate face à ces critiques. En mai 2025, le ministre des Affaires étrangères, Johann Wadephul, a laissé entendre que l’Allemagne pourrait revoir sa politique d’exportation, tout en réaffirmant que les livraisons d’armement à Israël se poursuivront.
Des perspectives prometteuses, mais controversées
L’industrie de l’armement allemande semble bien partie pour maintenir sa trajectoire ascendante, soutenue par une demande en constante augmentation et un secteur industriel en pleine expansion. Toutefois, cette croissance ne se fait pas sans répercussions. Le débat sur l’éthique des exportations et la responsabilité de l’Allemagne dans les conflits internationaux continuera de diviser la classe politique et l’opinion publique.
L'Allemagne, forte de ses entreprises de défense de renommée mondiale et de ses exportations record, se positionne comme un acteur incontournable sur le marché international de l’armement. Cependant, ce rôle de leader mondial n’est pas exempt de défis internes, notamment en ce qui concerne les implications géopolitiques et morales de ses ventes d’armement. Ces tensions entre croissance industrielle et responsabilité éthique continueront de façonner l’avenir de l’industrie allemande de la défense dans les années à venir.