Détroit d’Ormuz : l’Iran menace de le fermer, les marchés s’affolent

Depuis le début de l’escalade militaire entre Israël et l’Iran, les marchés surveillent comme le lait sur le feu les décisions prises concernant le détroit d’Ormuz. Le régime iranien menace de le fermer. Or, il s’agit d’une route vitale pour le commerce du pétrole.

Cedric.bonnefoy
By Cédric Bonnefoy Published on 16 juin 2025 10h30
detroit-ormuz-israel-iran-fermeture
Détroit d’Ormuz : l’Iran menace de le fermer, les marchés s’affolent - © Economie Matin
75 dollarsEn pleine guerre avec Israël, l’Iran pourrait fermer le détroit d’Ormuz, les prix du baril de pétrole grimpent à 75 dollars.

Le détroit d’Ormuz bientôt fermé ?

Depuis l’attaque d’Israël contre l’Iran, la planète a vu resurgir une vieille terreur géostratégique. En riposte à des frappes israéliennes sur ses infrastructures militaires, l’Iran brandit une arme non conventionnelle mais d’une redoutable efficacité : la fermeture possible du détroit d’Ormuz. Cette bande de mer large de seulement 40 kilomètres, au sud du golfe Persique, est vitale pour plusieurs pans de l’économie mondiale.

« Sa fermeture est à l’étude », a confirmé Sardar Esmail Kowsari, député et officier supérieur iranien, dans une interview relayée par plusieurs médias. Et comme si cela ne suffisait pas, le même Kowsari a lâché : « Nos mains sont grandes ouvertes lorsqu’il s'agit de punir l'ennemi. La réponse militaire n'est qu'une partie de notre réponse globale. » Chaque jour, environ 100 navires commerciaux y circulent. À travers ce goulet transitent plus de 20 % du pétrole mondial et 25 % du gaz naturel liquéfié (GNL). Une simple menace de blocage a suffi à faire bondir le baril de Brent de 65 à 75 dollars, et celui du WTI à 72 dollars.

C’est peu dire que le marché pétrolier a frôlé l’apoplexie. Plus alarmiste encore, l’économiste Elias Haddad, de la banque Brown Brothers Harriman, avertit via Reuters : « Si le détroit d'Ormuz est fermé, cela pourrait avoir des effets assez désastreux sur les marchés mondiaux. » Et ne comptez pas sur les réserves dormantes de l’Organisation des pays exportateurs de pétrole (OPEP) pour amortir le choc. La majorité des barils disponibles immédiatement se trouve justement dans le golfe Persique.

Le cauchemar européen : pénurie, inflation, guerre ?

La menace ne concerne pas seulement les marchés financiers ou le commerce maritime global. Elle frappe en plein cœur le Vieux Continent. L’Europe importe du pétrole et du GNL depuis l’Arabie saoudite, le Qatar et les Émirats arabes unis. Or, tout cela passe par Ormuz. Une fermeture pourrait signifier une explosion des coûts énergétiques.
Des secteurs entiers pourraient être pris dans la tourmente : transport, agroalimentaire, sidérurgie. Le risque inflationniste, déjà exacerbé par les secousses géopolitiques de la dernière décennie, est réel. Même si ce scénario semble encore peu probable.

Alors que les marchés cherchent à digérer la menace, les diplomates s’activent pour désamorcer l’impasse. Mais le mal semble déjà fait : les prix ont bondi, les assureurs maritimes ont réévalué leurs primes, et les compagnies pétrolières étudient déjà des routes de contournement certes plus longues, donc plus chères.

Cedric.bonnefoy

Cédric Bonnefoy est journaliste en local à la radio. À côté, il collabore depuis 2022 avec Économie Matin.

No comment on «Détroit d’Ormuz : l’Iran menace de le fermer, les marchés s’affolent»

Leave a comment

* Required fields