On les emprunte parfois sans le savoir, ces axes invisibles du grand réseau routier français. Gratuits, discrets, souvent régionaux, certaines portions d’autoroutes dessinent une France parallèle, sans barrières ni péages. Mais jusqu’à quand ?
Autoroutes gratuites : comment rouler sans payer en France
Voici une vérité que beaucoup d’automobilistes ignorent : toutes les autoroutes ne sont pas payantes en France. Dans notre esprit, autoroutes égal péages, pourtant, certaines portions échappent à cette logique tarifaire, au nom de l’intérêt général. Dans un pays où les péages font régulièrement polémique, ces axes gratuits incarnent une exception.
Autoroutes gratuites : une exception gérée par l'État
En France, environ 25 % du réseau autoroutier, soit près de 3 000 kilomètres sur un total de 12 000, sont gratuits. Ces axes, appelés « autoroutes non concédées », sont financés par l'État via les impôts, contrairement aux autoroutes concédées gérées par des groupes privés comme Vinci, Sanef ou APRR. Ces dernières, au nombre de vingt, détiennent 24 contrats de concession, couvrant près de 9 200 kilomètres selon le ministère de la Transition écologique.
Pourquoi certains tronçons sont-ils gratuits ? La réponse est simple : ces axes visent à désenclaver des territoires ruraux, faciliter l’accessibilité régionale, ou répondre à un besoin stratégique local, notamment en zones montagneuses ou industrielles.
Selon Roole.fr : « Ces axes servent souvent de liaison entre des zones urbaines, industrielles ou rurales importantes ».
C’est le cas de l’A75, surnommée « La Méridienne », qui traverse le Massif Central du nord au sud. Gratuite de bout en bout, sauf au niveau du viaduc de Millau, elle illustre parfaitement cette volonté de service public.
Où peut-on rouler gratuitement ? Une cartographie inégalitaire
La gratuité n’est pas un droit universel sur le réseau français. Elle varie fortement d’une région à l’autre. Si la Bretagne bénéficie d’un réseau de voies rapides gratuites (RN et non autoroutes) depuis 1969, sur décision du général de Gaulle, d'autres territoires doivent jongler avec des péages à chaque échangeur.
Voici quelques-uns des axes gratuits recensés :
- A20 (L’Occitane) : gratuite entre Vierzon et Brive-la-Gaillarde, quelques péages au sud.
- A84 : gratuite de Caen à Rennes.
- A31 : section gratuite au nord, jusqu’à la frontière luxembourgeoise.
- A35 : gratuite entre Strasbourg et Mulhouse.
- A25 : gratuite de Dunkerque à Lille.
- A63 : gratuite à l’extrême sud, entre Biarritz et la frontière espagnole.
- Périphériques : la plupart des rocades urbaines (Bordeaux, Rennes, Marseille, Toulouse) sont gratuites.
- Autres tronçons : A47 (Lyon-St-Étienne), A7 (Rognac-Marseille), A507 (rocade L2 à Marseille), A55 (Marseille-Martigues), A570 (Toulon-Hyères), etc.
La situation peut être trompeuse : certains tronçons paraissent gratuits car ils sont en "flux libre", comme l’A79 entre Montmarault et Digoin ou l’A13-A14 entre Paris et la Normandie. Il n’y a pas de barrières, mais cela ne signifie pas gratuité : des capteurs lisent les plaques et les frais sont prélevés automatiquement ou via internet. Une fausse liberté, donc.
Pourquoi paye-t-on davantage ailleurs ? Un modèle hérité du passé
Le système autoroutier français est le fruit d’une privatisation progressive, initiée dès 1955, intensifiée en 2006. L’État a cédé ses parts dans les sociétés d’économie mixte (SEMCA), transférant ainsi l’exploitation à des groupes privés via des contrats de concession. Ces concessions, généralement de 20 à 30 ans, justifient les péages par le financement de l’entretien et des travaux, mais aussi par une logique de rente dénoncée par la Cour des comptes et l’Autorité de la concurrence dès 2014.
D’après le ministère de l’Écologie : « L’État reste propriétaire des ouvrages, qui lui reviendront à la fin des contrats de concession ».
À terme, certaines autoroutes pourraient redevenir gratuites, notamment après 2031-2036, dates d’expiration de plusieurs concessions majeures. Encore faut-il que les gouvernements suivants choisissent de ne pas renouveler les délégations privées. Rien n’est garanti.
Vacances d’été : comment éviter les péages sans sacrifier le confort ?
Pour les vacanciers et usagers longue distance, éviter les péages peut vite devenir un casse-tête. Pourtant, quelques alternatives existent, à condition d’accepter des temps de trajet plus longs :
- La N12 (Paris-Brest) en Bretagne : une vraie autoroute bis gratuite.
- La D924 (Chartres-Le Mans), ancienne nationale bien aménagée.
- L’usage partiel d’autoroutes gratuites : par exemple, emprunter l’A75 jusqu’au viaduc de Millau, puis bifurquer.
D’autres solutions incluent l’achat de badges de télépéage à prix réduit pour trajets fréquents, ou l’anticipation des jours rouges via Bison Futé pour éviter les bouchons payants.